Synopsis
Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une entreprise de mécanique de précision en Haute-Savoie. L'usine doit être de nouveau cédée à un fonds d’investissement. Epuisés d’avoir à dépendre de spéculateurs cyniques, Cédric et ses amis d'enfance tentent l'impossible : racheter l’usine en se faisant passer pour des financiers !
Note 4/5. Comédie sociale au rythme soutenu, on suit le film comme un thriller. Mais l’ambiance est assez joyeuse ; le film fait bien sentir l’esprit de combativité, de solidarité et d’optimisme des protagonistes. Le film a aussi un aspect militant : la dénonciation des fonds d’investissements dont l’activité ruine les entreprises.
Excellents acteurs
Magnifiques et impressionnantes images de montagne et d’escalade à mains nues
Entretien avec le réalisateur Gilles Perret
Après vingt ans de documentaires, vous passez à la fiction. Pourquoi ce changement de registre : est-ce par pur désir de cinéma, ou par impossibilité de raconter cette histoire autrement ?
Un peu des deux ! Passer à la fiction est devenu de plus en plus évident pour moi. Au fur et à mesure de mes documentaires, mon dispositif s’en rapprochait de plus en plus. Ce passage m’a donc paru assez naturel. Et puis oui, ce sujet aurait été difficile à traiter en documentaire, les personnes interviewées auraient pu se mettre en danger vis-àvis de leurs clients ou leurs patrons. Alors ce qu’elles auraient pu me confier, j’ai voulu le mettre dans la bouche des acteurs ! C’est un des avantages de la fiction : ça ouvre du possible et ça donne de la liberté. Dans ce cas précis, la fiction pouvait aussi porter un discours optimiste. Alors qu’un documentaire sur les impacts de la finance dans les entreprises, on s serait surtout rapproché du drame (rire)...
C’est vrai qu’on rit dans ce film. On pleure aussi. Est-ce important pour vous de jouer sur ces émotions ?
J’adore ça. C’est aussi le cas dans mes documentaires. Je crois que cette façon de faire permet de rendre digeste des mécanismes qui paraissent complexes ou rebutants au premier abord. Dans Reprise en main, cela permet de mettre de l’humain dans des stratégies financières où tout est fait pour perdre le commun des mortels, ceci afin qu’il ait l’impression de ne plus avoir prise sur quoi que ce soit quant à son devenir.
Le casting est impressionnant pour une première fiction, l’aviez-vous en tête dès l’écriture ?
Pas vraiment. Sauf pour Laetitia Dosch qui est arrivée très tôt sur le projet car je la connaissais personnellement. Pierre Deladonchamps nous a rejoints plus tardivement et on a vite étéen phase sur le projet global et le personnage, même s’il y a amené sa patte. Il a donné plus de rondeur au personnage tel qu’il était écrit, et au final on a plus d’empathie pour le Cédric qu’il interprète. C’est plus fort ainsi et c’est tant mieux ! Ça fait partie des belles surprises au tournage et aussi des belles découvertes au montage, parce que des fois sur le tournage on ne se rend pas compte de tout : comme on fait plusieurs prises, les comédiens font des propositions différentes, on les dirige aussi parfois sur plusieurs pistes de jeu pour avoir du choix.
Travailler avec Constance Demontoy à la direction de casting a été une grande chance, nous étions très connectés tous les trois, Marion Richoux (la co-scénariste et directrice artistique), elle et moi. Tous les comédiens ont eu envie de faire le film immédiatement après avoir lu le scénario, grâce à sa charge politique, son ton Pieds Nickelés, son aspect choral. Ils avaient envie de faire partie de cette bande-là et c’était très encourageant de voir cet enthousiasme dès le départ pour le projet de la part de tout le monde, techniciens, comédiens, producteurs, distributeurs… C’est tellement mieux de faire les choses dans la joie et la bienveillance, ça porte !
La combativité joyeuse que véhicule le film rappelle la veine des films de Ken Loach. Était-il essentiel pour vous que le sujet ne plombe pas le moral ?
Ken Loach est un cinéaste qui compte vraiment pour moi, l’exactitude des thèmes qu’il traite est admirable. Quant aux films sociaux où tout le monde se suicide à la fin, on en voit déjà beaucoup ! Pour moi, au contraire, il était important qu’une histoire sociale se termine bien, car de belles histoires peuvent exister lorsqu’on se rassemble. Et je voulais le montrer. Avec François Ruffin, on a toujours été d’accord là-dessus et c’est pour ça qu’on s’est bien trouvé aussi pour faire des films ensemble : c’est par les affects positifs qu’on peut donner envie aux gens de se relever. Il ne faut pas laisser croire que rien n’est possible. Ce sont les dominants qui véhiculent ce discours ! Si avec ce film, seulement 50 spectateurs se disent qu’ils peuvent eux aussi reprendre en main leur boîte, alors je serai heureux. Ce n’est pas par le désespoir qu’on donnera envie aux gens de se bouger.
LISTE ARTISTIQUE
Pierre DELADONCHAMPS
Laetitia DOSCH
Grégory MONTEL
Finnegan OLDFIELD
Vincent DENIARD
Marie DENARNAUD
Samuel CHURIN
Yannick CHOIRAT
Rufus
Jacques BONNAFFÉ
Sophie CATTANI
Mohamed BRIKAT
Sortie le 19 octobre
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