#Cinéma « Fraté » Comédie de Karole Rocher et Barbara Biancardini . Un film de famille sur une famille, pour les familles
Synopsis
À la suite de l’enterrement de son père, dans son village en plein milieu du maquis corse, Dumè découvre l’existence d’un frère, Lucien, avec qui il devra partager l’héritage laissé par le patriarche. À condition d’arriver à cohabiter un mois dans la maison familiale… Sous fond de légitimité culturelle et d’héritage immobilier un rapport de force va s’installer entre Lucien, le fils de sang, et Dumè, le fils adoptif…
Note 3/5. Scénario original : deux frères qui se découvrent à la mort de leur père, l’un, Dumé, bien installé dans son village, l’autre, Lucien, jusque là inconnu. Bien sûr Lucien est vécu comme un intrus. On devine les chausses-trappes, auxquelles il devra faire face. Mais, nous sommes dans une comédie, tout cela est bon enfant et à la fin c’est la Corse qui gagne...De bons acteurs, un village typiquement corse, une touche de patriarcat,loin des lieux communs qui circulent sur la Corse. Barbara Biancar dini qui tourne chez elle, avec tous les habitants du village, offre un spectacle familial.
FRATÈ suit le parcours de deux hommes qui se découvrent frères à la mort de leur père- l’un,Dumè, qui a toujours vécudans le village Corse familial (Thomas Ngijol), et l’autre, Lucien(Samir Guesmi), qui débarque et découvre ses racines corses. L’opposition entre ces deux frères corses qui se découvrent est-elle renforcée par leurs origines différentes ?
Karole Rocher : Absolument pas, je pense qu’en 2022 ce serait archaïque de devoir justifier les origines ou la couleur de peau d’un français…
L’opposition de ces deux frères repose sur le caractère outrancier et nerveux de Dumè et celui à contrario très apaisé, bobo-parisien de Lucien. Dumè est le fils adopté et Lucien le fils de sang, ils ont tous les deux un complexe d’illégitimité à régler.
Comme des enfants en quête de sécurité…
K.R. : L’enfance est une part qui ne meurt jamais en nous, et d’autant moins lorsque, arrivé à quarante ans, on n’a pas su ou pu régler nos problèmes affectifs. Lucien et Dumè se battent comme le font les petits. Ils ont besoin de ce processus pour devenir frères. C’est très beau cette dualité qui fait qu’un jour ils s’aiment, et que l’autre, ils ne peuvent plus se voir. Il leur faut ces trente jours de cohabitation forcée, imposée par leur père dans son testament, pour assumer leurs liens.
Diriez-vous que FRATÈ est une lettre d’amour à la Corse ?
K.R. : Oui, sans hésiter. Vezzani, en Haute Corse, est le village de mes grands-parents. J’y ai passé presque tous les étés depuis que je suis née, mes filles aussi, mon frère Patrick (Rocher) et, depuis notre rencontre, Thomas (Ngijol), mon compagnon. C’est l’endroit que nous aimons le plus au monde. Nous y retrouvons nos origines; des valeurs et des principes forts auxquels nous sommes profondément attachés et que, très naturellement, Thomas a aussitôt partagés. Son lien avec l’identité corse et son amour pour Vezzani est tel qu’il a éprouvé l’envie d’en faire un scénario….
Dont votre fille, Barbara, et vous cosignez la réalisation.
K.R. : Il y a deux ans, lorsque le projet a commencé à se monter, j’ai d’abord envisagé de le réaliser seule. Il s’agissait quand même de mon village ! La crise sanitaire est arrivée et le tournage a dû être reporté. Il n’était absolument pas question de laisser le film dans les tiroirs mais je ne m’imaginais pas repartir en solo.
Barbara, avec qui Thomas et moi avions déjà souvent travaillé, avait fait du chemin et était devenue première assistante. Je connaissais son talent, sa proximité avec les comédiens, son rapport à la réalisation et son attachement à Vezzani. Elle avait partagé avec nous toutes les étapes de la préparation : c’était l’occasion pour nous de former un duo et pour elle de démarrer comme coréalisatrice.
FRATÈ est un film de famille sur une famille, pour les familles avec tout ce que cela suppose de bonheur mais aussi de déchirements, de deuils, d’abandon, de recompositions familiales. C’est aussi une carte postale un peu inattendue de la Corse.
K.R. : Cinématographiquement, j’ai le sentiment qu’on a fait du vrai cinéma tout en étant réaliste et le plus humain possible.
Fraté de Karole Rocher et Barbara Biancardini |
B.B. : C’était au contraire un luxe d’autant que les prises n’étaient pas non plus éparpillées. C’étaient plutôt des nuances de jeux, de dialogues. Le temps pressant et ne nous permettant pas d’intellectualiser, il nous a fallu y aller à l’instinct et c’était bien. K.R. : Et puis nous avions un très bon monteur, Christophe Pinel, un homme très fin, très sensible, très intelligent. Beaucoup de choix de plans sont devenus évidents.
Karole, Biancardini est le nom de famille de votre grand père; vous, Barbara, avez choisi ce patronyme pour votre carrière de réalisatrice. Certaines scènes du film, au cimetière, sont tournées devant le caveau de vos grands parents et arrière-grands-parents. Vous avez toutes les deux des liens très particuliers, très intimes avec ce film.
K.R. : Jusqu’à ce tournage, en dehors de Thomas, je n’avais jamais amené personne à Vezzani. Et je ne suis pas sûre que j’aurais assumé l’aventure il y a trois ans, quand le film aurait dû se faire. On était chez mes grands-parents, ils n’étaient plus là, j’étais comme un vrai chien de garde. Barbara m’a beaucoup aidée à surmonter leur disparition. Je ne sais pas quelle sera la carrière du film mais je sais qu’il est d’abord le film de Vezzani et de ses habitants et que, dans plusieurs générations, il comptera pour ceux qui nous y succèderont.
Distribution
Thomas Ngijol
Samir Guesmi
Marie-Ange Geronimi
Jean-Pierre Lanfranchi
Aurélien Gabrielli
Karole Rocher
Sortie le 15 juin
Commentaires
Enregistrer un commentaire