Prix du cinéma contemporain au Festival de Cannes 1981
Synopsis
Anita, est barmaid à « La Vieilleuse », elle a un grand coeur. Willy lui, Anita il l’aime et c’est pas tous les jours facile. Jocko, luiest antillais, pour vivre son exil, son « truc » c’est l’église de la Sainte-Trinité dont il est le Pasteur. Tous les trois ils vivent sur les 800 mètres de boulevard entre Barbès et Pigalle. Bobby c’est le môme antillais du quartier, il fait profession de « dealer ». Anita l’a presque élevé ce môme. Anita et ses deux copains, ils vont apprendre le prix du gramme d’héroïne.
Note 3,5/5. Film marqueur de son époque (donc un peu «daté») ce qui fait son intèrêt.
La caméra est mobile ce qui donne une belle dynamique au film (la scène de poursuite dans un grand magasin) et les couleurs sont riches (Barbès de nuit).
Atmosphère pesante dès le début bien rendue, la mort rôde : quelques pauvres diables abîmés par la drogue, des policiers (un peu caricaturaux) qui ont la gachette facile.
Plaisir de voir des acteurs promis à une belle carrière (Stévenin, Chesnais, Balmer) et d’autres la finissant (apparitions furtives de Eddie Constantine, Raymond Bussières)
Belle réussite pour une première mise en scène.
Revue de la presse d’époque (1981)
L A C R O I X Jeanine Baron
(...) Pas une faille dans cette longue remontée, pas une hésitation. On joue avec la mort et l'impossible. Car c'est la règle à Barbès. C'est le prix du « gramme de neige ». Pas un instant de relâche dans la trame de l'image.
Plus qu'un suspense, une inquiétude diffuse soutient l'action et l'atmosphère dans un contexte quotidien bariolé et bon enfant où l'intrigue et la naiveté se donnent la main. Juliet Berto et Jean-Henri Roger ont su se garder de tous les pièges : la réalité tempère sans cesse et la féerie hisse la réalité au-dessus des turpitudes. Elle est le reflet du rêve secret de chacun.
Neige de Juliet Berto |
LE MONDE Jacques Siclier
Une surprise enfin, Neige, première réalisation de la comédienne Juliet Berto et de Jean-Henri Roger secoue l'apathie générale, le désenchantement des festivaliers. La commission de sélection du cinéma français a pris un pari audacieux en faisant concourir officiellement une oeuvre de débutants. Tant mieux. Voilà au moins un film qui n'est ni académique, ni conformiste. Entre Pigalle et Barbès une caméra capte la vie noctume d'un quartier de Paris où les touristes vont s'encanailler.
T É L É 7 J O U R S
Sur un tel sujet, on pouvait craindre toutes les facilités du mélo et du racolage. Au contraire, c'est un film émouvant et pur, qui a marqué un Festival de Cannes un peu monotone. Une tragédie sans un soupçon de grandiloquence, une mise en scène solide et incisive, un témoignage débordant de sincérité et de générosité.
NICE-MAT I N
On y croit, à ces saint-bernard du pavé, ces anges déchus de la planète Barbès. Au bout du compte, on est pris par l'atmosphère lourde du boulevard des insomniaques avec ses baraques foraines, ses marchands de frites, ses joueurs de bonneteau, ses camelots enroués, ses tapins fatigués, ses conciliabules équivoques dans les bistrots de néon et de formica.
Neige de Juliet Berto |
Les mots de Juliet Berto sur Neige (1979)
« Je n’y tiens plus. Je veux réaliser. Barbès me nargue. Le quartier où j’habite, il est vital que j’en parle. Nous avons voulu montrer un quartier de Paris où chaque jour il existe une vie « multiraciale ».
Je ne suis ni immigrée, ni pute, je ne suis pas représentative de ce quartier. Neige n’est pas un film ethnologique, c’est un certain regard sur le monde de la fiction policière. C’est une balade entre Barbès et la place Blanche. La drogue est là, comme le sexe, comme les bars. C’est un élément du décor, une des réalités de Pigalle. Neige, c’est un portrait de Pigalle. Le titre du film évoque peut-être l’héroïne, la blanche, le cheval, la neige comme on dit.
Mais en fait nous l’avons choisi parce que c’est un beau mot, très condensé, froid et scintillant. Comme les lumières des néons la nuit à Pigalle ; comme le clinquant des baraques de la fête foraine l’hiver sur le boulevard ; comme les flocons qui flottent dans les boîtes transparentes où on voit la Tour Eiffel ou le Sacré Coeur quand on les retourne.
Neige de Juliet Berto |
L’agressivité n’est jamais gratuite, elle exprime le besoin de s’arracher à quelque chose, une provocation qui mettrait la balle dans votre camp, un élan d’où jaillit ce qui fait vivre les visages. L’agressivité, pour moi, passe par le cinéma, et peut être qu’au bout il y a Neige. L’important pour moi ça a été d’acquérir le droit à la parole en montrant des images, d’aller au bout de ce que je suis. »
Liste artistique
Juliet Berto : Anita
Jean-François Stévenin : Willy
Robert Liensol : Jocko
Patrick Chesnais : le premier inspecteur
Jean-François Balmer : le second inspecteur
Ras Paul I Nephtali : Bobby
Nini Crepon : Betty
Eddie Constantine
Frédérique Jamet
Paul Le Person : Bruno Vallès
Émilie Benoît
Anna Prucnal
Raymond Bussières
Bernard Lavilliers : Franco
Musique de Bernard Lavilliers
Sortie le 5 janvier
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