Eugénie Derouand, impressionnante dans Le calendrier |
Film interdit aux moins de 12 ans
Synopsis
Eva est paraplégique depuis trois ans. Pour son anniversaire, elle reçoit en cadeau un étrange calendrier de l’Avent. Mais ce ne sont pas les traditionnelles friandises qu’elle découvre chaque jour, mais des surprises plus inquiétantes, parfois agréables, souvent terrifiantes, et de plus en plus sanglantes. Cette année, Noël va être mortel !
Eva est paraplégique depuis trois ans. Pour son anniversaire, elle reçoit en cadeau un étrange calendrier de l’Avent. Mais ce ne sont pas les traditionnelles friandises qu’elle découvre chaque jour, mais des surprises plus inquiétantes, parfois agréables, souvent terrifiantes, et de plus en plus sanglantes. Cette année, Noël va être mortel !
Note 4/5. Eva aime bien les friandises, en particulier les chocolats. Celles du calendrier de l’avent qu’elle a reçu devraient la rassurer : des images pieuses ornent le papier d’emballage. Et puis l’«avent» est traditionnellement une période propice à la fête.
Mais ils lui faut respecter des règles ; il faut prendre au pied de la lettre ce qui est écrit : «lève toi et marche». Elle marche, mais le miracle n’en n’est pas vraiment un ; elle vient sans le savoir de signer un pacte faustien avec le diable. Contrairement à la tradition, cette année, Noël va être mortel !
Patrick Ridremont réalise un film d’horreur qui, sans être gore (il y a quand même une bonne dose d’hémoglobine), fait sursauter sur son fauteuil. Les scènes d’hallucinations sont très réussies et les flashbacks inspirés. La scène sous-marine est très impressionnante.
Et il y a cette pointe d’humour qui permet de se souvenir que « ce n’est que du (bon) cinéma ».
On retrouvera aussi la comédienne dans
la nouvelle série de Canal + « Paris Police 1900 », réalisée par
Julien Despaux. Elle y interprète l’un des rôles principaux,
Jeanne Chauvin, féministe militante et première femme avocate
à avoir plaidé pour les droits des femmes.
COMMENT AVEZ-VOUS EU L’IDÉE DE L’INTRIGUE ? L’histoire me vient de ma belle-sœur : elle est folle de calendriers de l’Avent. Et avec elle, dès le 1er décembre, les 24 fenêtres sont ouvertes et les 24 bonbons sont engloutis ! Je me suis dit qu’il y avait matière à exploiter ce dispositif. De manière naturelle, j’ai mélangé cette histoire de comédie au départ – ma belle-sœur qui engloutit les 24 bonbons d’un coup – avec ce désir de faire naître l’inquiétude.
LE FILM INVERSE LES CONVENTIONS PUISQUE LE MOIS DE DÉCEMBRE ET L’IMMINENCE DE NOËL SONT TRADITIONNELLEMENT PROPICES AU RÊVE ET À LA FÊTE…
Absolument. Il y a des périodes plus propices à la fête comme Noël, même si on voit souvent des couples qui se déchirent à la Saint-Valentin ! J’aime me dire que ce qui est une fête dans la réalité peut se transformer en cauchemar dans la fiction. Les films d’horreur démarrent souvent dans la joie et la bonne humeur avant que les personnages ne soient attirés par l’abîme : le cinéma de genre est un ascenseur émotionnel ! LE CALENDRIER pourrait s’orienter vers une jolie comédie romantique mais ce n’est pas le destin qui attend ma protagoniste.
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Eugénie Derouand dans Le calendrier |
Mention spéciale à la musique de Thomas Couzinier et Frédéric Kooshmanian qui souligne le propos sans jamais l'alourdir ! Gros travail sur la lumière, et les clair obscurs.
Entretien avec le réalisateur Patrick Ridremont
COMMENT EST NÉE L’ENVIE DE VOUS FROTTER AU CINÉMA DE GENRE ?
Je développais une comédie avec des acteurs célèbres dont les agendas étaient incompatibles et j’avais le sentiment de ne plus faire mon métier en m’occupant uniquement de coordination de plannings ! (rires) Et j’ai eu envie de raconter une histoire qui me plaisait vraiment pour de jeunes comédiens, loin du star-system et prêts à aller au feu. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée de faire un film de genre : aujourd’hui, à chaque fois que je revois LE CALENDRIER, j’ai l’impression que mes interprètes se sont inventés en personnages de fiction. J’adore le cinéma de genre parce qu’on est totalement et clairement du côté de la fiction : j’aime la dimension «Il était une fois».
COMMENT EST NÉE L’ENVIE DE VOUS FROTTER AU CINÉMA DE GENRE ?
Je développais une comédie avec des acteurs célèbres dont les agendas étaient incompatibles et j’avais le sentiment de ne plus faire mon métier en m’occupant uniquement de coordination de plannings ! (rires) Et j’ai eu envie de raconter une histoire qui me plaisait vraiment pour de jeunes comédiens, loin du star-system et prêts à aller au feu. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée de faire un film de genre : aujourd’hui, à chaque fois que je revois LE CALENDRIER, j’ai l’impression que mes interprètes se sont inventés en personnages de fiction. J’adore le cinéma de genre parce qu’on est totalement et clairement du côté de la fiction : j’aime la dimension «Il était une fois».
COMMENT AVEZ-VOUS EU L’IDÉE DE L’INTRIGUE ? L’histoire me vient de ma belle-sœur : elle est folle de calendriers de l’Avent. Et avec elle, dès le 1er décembre, les 24 fenêtres sont ouvertes et les 24 bonbons sont engloutis ! Je me suis dit qu’il y avait matière à exploiter ce dispositif. De manière naturelle, j’ai mélangé cette histoire de comédie au départ – ma belle-sœur qui engloutit les 24 bonbons d’un coup – avec ce désir de faire naître l’inquiétude.
LE FILM INVERSE LES CONVENTIONS PUISQUE LE MOIS DE DÉCEMBRE ET L’IMMINENCE DE NOËL SONT TRADITIONNELLEMENT PROPICES AU RÊVE ET À LA FÊTE…
Absolument. Il y a des périodes plus propices à la fête comme Noël, même si on voit souvent des couples qui se déchirent à la Saint-Valentin ! J’aime me dire que ce qui est une fête dans la réalité peut se transformer en cauchemar dans la fiction. Les films d’horreur démarrent souvent dans la joie et la bonne humeur avant que les personnages ne soient attirés par l’abîme : le cinéma de genre est un ascenseur émotionnel ! LE CALENDRIER pourrait s’orienter vers une jolie comédie romantique mais ce n’est pas le destin qui attend ma protagoniste.
EVA EST UNE JEUNE FEMME SOLITAIRE ET MYSTÉRIEUSE. COMMENT AVEZ-VOUS ÉLABORÉ VOTRE PROTAGONISTE ? C’est une jeune ex-danseuse, fragile, paraplégique, confrontée à des états surnaturels qui la dépassent. Pour autant, elle finit par entrer dans le jeu macabre du calendrier, puis elle va jusqu’à devenir le bras armé de la créature qui habite le calendrier. Elle s’y prête d’ailleurs sans trop se poser de questions. J’espère profiter de tous les jalons que les autres films du genre ont posés avant celui-ci : à mes yeux, cela aurait été une perte de temps de parler explicitement du mythe de Faust ou que ma protagoniste s’interroge sur les origines de la créature. Eva ne se plaint pas, et ce qui est formidable, c’est que ce personnage a une vérité qui me dépasse.
VOUS JOUEZ AVEC LES ARCHÉTYPES POUR CERTAINS PERSONNAGES QUI GRAVITENT AUTOUR D’EVA : LE TRADER INSUPPORTABLE, LE PATRON VÉNAL, LE BEAU GARÇON ROMANTIQUE, LE SPORTIF COOL…
C’est ainsi que je les ai écrits, mis en scènes et castés. On me mettait parfois en garde sur leur dimension quasi caricaturale. Mais j’ai voulu leur donner des traits de caractère saillants. J’aime les clichés et la fiction, même s’il faut ensuite affiner ces stéréotypes. Pour autant, dans mon imaginaire, les agents de police portent des képis et les curés portent des soutanes ! Au cinéma, je suis partisan du costume qui est presque du déguisement, j’aime grimer les acteurs, j’aime les personnages des frères Coen qui sont marqués. Et j’aime les archétypes. Du coup, tous les personnages ont cette particularité-là : le mec qui aime la chasse va au resto habillé en vert et la belle-mère fait penser à une sorcière à la Disney. Je vais toujours vers la limite et vers l’outrance, car j’aime que les personnages aient des textures et des teintes bien spécifiques. Je suis un enfant d’Hergé et je suis adepte de la «ligne claire» : je veux qu’on comprenne immédiatement qui sont mes personnages.
C’est ainsi que je les ai écrits, mis en scènes et castés. On me mettait parfois en garde sur leur dimension quasi caricaturale. Mais j’ai voulu leur donner des traits de caractère saillants. J’aime les clichés et la fiction, même s’il faut ensuite affiner ces stéréotypes. Pour autant, dans mon imaginaire, les agents de police portent des képis et les curés portent des soutanes ! Au cinéma, je suis partisan du costume qui est presque du déguisement, j’aime grimer les acteurs, j’aime les personnages des frères Coen qui sont marqués. Et j’aime les archétypes. Du coup, tous les personnages ont cette particularité-là : le mec qui aime la chasse va au resto habillé en vert et la belle-mère fait penser à une sorcière à la Disney. Je vais toujours vers la limite et vers l’outrance, car j’aime que les personnages aient des textures et des teintes bien spécifiques. Je suis un enfant d’Hergé et je suis adepte de la «ligne claire» : je veux qu’on comprenne immédiatement qui sont mes personnages.
LE FILM EMPRUNTE AU MYTHE FAUSTIEN. EST-CE POUR CETTE RAISON QUE VOUS ANCREZ LE FANTASTIQUE ET L’HORRIFIQUE DANS LE FOLKLORE ALLEMAND ?
C’est avant tout parce que le calendrier de l’Avent est une invention allemande. Je me suis documenté et j’ai découvert qu’il avait été créé par un curé à Munich au début du XXe siècle. J’ai donc considéré que le calendrier du film était le «calendrier zéro», le tout premier calendrier de l’Avent, le calendrier matriciel. Et j’ai de la chance puisque le mythe faustien vient du même pays. Le cinéma permet ensuite d’imaginer des histoires corollaires avec une source historique. D’ailleurs, quand on voit la créature, elle porte une soutane et une croix et il semblerait qu’elle ait un côté ecclésiastique : je me suis raconté qu’il s’agissait d’un aumônier allemand de la Première Guerre mondiale qui a vendu son âme au diable…
C’est avant tout parce que le calendrier de l’Avent est une invention allemande. Je me suis documenté et j’ai découvert qu’il avait été créé par un curé à Munich au début du XXe siècle. J’ai donc considéré que le calendrier du film était le «calendrier zéro», le tout premier calendrier de l’Avent, le calendrier matriciel. Et j’ai de la chance puisque le mythe faustien vient du même pays. Le cinéma permet ensuite d’imaginer des histoires corollaires avec une source historique. D’ailleurs, quand on voit la créature, elle porte une soutane et une croix et il semblerait qu’elle ait un côté ecclésiastique : je me suis raconté qu’il s’agissait d’un aumônier allemand de la Première Guerre mondiale qui a vendu son âme au diable…
L A SCÈNE SOUS-MARINE EST TRÈS IMPRESSIONNANTE. On l’a tournée dans une piscine de 3,50m de profondeur, en périphérie de Bruxelles. Je tiens ici à rendre hommage à notre étalonneur. En effet, on avait disposé une bâche noire au fond de la piscine, et on voulait la masquer au numérique. Mais c’était trop cher. Heureusement l’étalonneur a su la faire disparaître à l’image en injectant du magenta. Et la production a validé son choix en considérant que cela avait du sens. Danny Elsen, notre chef opérateur, était aussi un incroyable magicien qui se déplaçait avec des pré-étalonnages et des sources très restreintes, en faisant du pré-étalonnage sur le plateau. Grâce à eux, on a réussi à tourner à une vitesse exceptionnelle – en 22 jours – et c’est aussi parce que Danny avait l’étalonnage en tête
QUELLES SONT VOS RÉFÉRENCES PICTURALES ET CINÉMATOGRAPHIQUES ?
J’adore Turner parce qu’il ne s’impose aucune limite dans son travail sur la lumière. Pour le film, j’ai demandé à mon directeur photo – et à tous mes chefs de poste – de ne pas avoir peur d’aller trop loin et je l’ai encouragé à rêver et créer. Par exemple, il a laissé les couleurs virer au magenta et on est ensuite allés très loin dans l’étalonnage. Côté cinéma de genre, je suis un grand fan de la saga EVIL DEAD et du premier SAW dont la fin m’a bluffé. Tous les films d’horreur que j’aime développent une dramaturgie très forte : L’EXORCISTE, EVIL DEAD, SILENT HILL et, plus récemment, IT FOLLOWS ou ÇA. Mais j’adore aussi les films Disney et Pixar qui, dans mon imaginaire, sont très proches du cinéma d’horreur.
J’adore Turner parce qu’il ne s’impose aucune limite dans son travail sur la lumière. Pour le film, j’ai demandé à mon directeur photo – et à tous mes chefs de poste – de ne pas avoir peur d’aller trop loin et je l’ai encouragé à rêver et créer. Par exemple, il a laissé les couleurs virer au magenta et on est ensuite allés très loin dans l’étalonnage. Côté cinéma de genre, je suis un grand fan de la saga EVIL DEAD et du premier SAW dont la fin m’a bluffé. Tous les films d’horreur que j’aime développent une dramaturgie très forte : L’EXORCISTE, EVIL DEAD, SILENT HILL et, plus récemment, IT FOLLOWS ou ÇA. Mais j’adore aussi les films Disney et Pixar qui, dans mon imaginaire, sont très proches du cinéma d’horreur.
QUE SOUHAITIEZ-VOUS POUR LA MUSIQUE ?
Je n’avais pas encore fini d’écrire le scénario quand on m’en a parlé. Je voulais éviter le piège d’une musique années 80 qui me paraît trop simple. Puis est arrivé le moment où le film était monté et presque étalonné, mais où je n’avais pas encore trouvé les musiciens. Il me fallait des artistes qui comprennent l’esprit du film et qui soient capables d’écrire une heure de musique en trois semaines, en comprenant ce que je leur disais ! Je voulais un Mozart doublé du talent de Hans Zimmer et de l’efficacité d’un entrepreneur chinois ! (rires) Nous nous sommes parfaitement compris avec nos compositeurs, Thomas Couzinier et Frédérik Kooshmanian, parce que nous parlions la même langue. On était en plein confinement, ils étaient à deux endroits différents – l’un en Ardèche, l’autre à Paris – et ils étaient parfaitement coordonnés avec notre studio à Bruxelles. On avait besoin de pouvoir collaborer avec des personnes qui acceptent de travailler avec humilité. Au total, leur bande originale est une musique qui appartient à ce film-là, et à aucun autre, qui n’est pas archétypale, et qui est davantage impressionniste qu’expressionniste. Ils travaillaient plutôt les émotions à l’intérieur que les réactions à l’extérieur. C’était un bon contrepoint avec ma propre approche.
Je n’avais pas encore fini d’écrire le scénario quand on m’en a parlé. Je voulais éviter le piège d’une musique années 80 qui me paraît trop simple. Puis est arrivé le moment où le film était monté et presque étalonné, mais où je n’avais pas encore trouvé les musiciens. Il me fallait des artistes qui comprennent l’esprit du film et qui soient capables d’écrire une heure de musique en trois semaines, en comprenant ce que je leur disais ! Je voulais un Mozart doublé du talent de Hans Zimmer et de l’efficacité d’un entrepreneur chinois ! (rires) Nous nous sommes parfaitement compris avec nos compositeurs, Thomas Couzinier et Frédérik Kooshmanian, parce que nous parlions la même langue. On était en plein confinement, ils étaient à deux endroits différents – l’un en Ardèche, l’autre à Paris – et ils étaient parfaitement coordonnés avec notre studio à Bruxelles. On avait besoin de pouvoir collaborer avec des personnes qui acceptent de travailler avec humilité. Au total, leur bande originale est une musique qui appartient à ce film-là, et à aucun autre, qui n’est pas archétypale, et qui est davantage impressionniste qu’expressionniste. Ils travaillaient plutôt les émotions à l’intérieur que les réactions à l’extérieur. C’était un bon contrepoint avec ma propre approche.
Acteurs
Eugénie Derouand
Honorine Magnier
Janis Abrikh
Clément Olivieri
Sortie le 1er décembre
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