Critique "Le Traducteur". Drame. Thriller politique dans le cadre du printemps syrien de 2011

Le traducteur 


Synopsis
En 2000, Sami était le traducteur de l'équipe olympique syrienne à Sydney. Un lapsus lors de la traduction le contraint à rester en Australie, où il obtient le statut de réfugié politique. En 2011, la révolution syrienne éclate et le frère de Sami est arrêté pendant une manifestation pacifique. Malgré les dangers il décide de tout risquer et de retourner en Syrie pour aller le libérer..

Note 2, 5/5. Premier long métrage de Rana Kazkaz et Anas Khalaf réalisateurs syriens. Leur film est en partie autobiographique car ils dû fuir leur pays. Ils réalisent ce film avec la volonté  d’honorer des gens qui ont pris des risques. 
Le film aborde de nombreux thèmes dont : le printemps arabe, la situation actuelle des pays du moyen-Orient, l'exil, le conflit syrien, les manifestations pacifiques et la répression violente des gouvernements. Il entre aussi en résonance avec le récent retrait des troupes américaines Afghanistan 



Entretien avec les réalisateurs Rana Kazkaz et Anas Khalaf 

QUELLES SONT LES ORIGINES DU FILM LE TRADUCTEUR ?
Nous n'avons pas participé aux manifestations pacifiques qui ont eu lieu au début de la révolution syrienne. Bien que nous ayons soutenu les manifestants, nous n'avons pas prêté notre voix. Nous avions peur de le faire. Nous avions peur d'être arrêtés, torturés ou tués. Bien que nous soyons syriens et que nous vivions à Damas à l'époque, nous avons grandi en France et aux États-Unis. Nous avions des passeports qui nous donnaient le privilège de quitter le pays quand nous le voulions. Pour nous, se rendre compte de ceci était affreux. C'est réel, mais humiliant. Et bien que nous reconnaissons pleinement que faire un film sur la révolution est bien peu de chose en comparaison de ceux qui ont risqué leur vie pour y participer, ce film représente néanmoins le besoin de témoigner. Notre personnage principal, Sami, n'est pas différent de nous.

LE TRADUCTEUR SE DÉROULE IL Y A 10 ANS, DANS LA FOULÉE DU PRINTEMPS ARABE, PENDANT LES PREMIERS MOIS DE LA RÉVOLUTION SYRIENNE, À UNE ÉPOQUE
OÙ DAESH OU LES ATTENTATS EN EUROPE
N'EXISTAIENT PAS ENCORE ?
Il était important pour nous de situer l'histoire en mars 2011, au début de la révolution. Cela nous a permis d'explorer l'espoir initial de réforme de la plupart des Syriens.
Une époque où des manifestants pacifiques ont défilé pour leur liberté et leur dignité et ont été tragiquement confrontés à la violence du gouvernement en retour.
Malheureusement, dix ans plus tard, cet espoir initial est perdu dans la conscience collective de la communauté internationale. L'attention  s'est déplacée vers les question de migration et la lutte contre Daesh. La brutalité du régime Assad est rarement abordée aujourd'hui. C'était, bien sûr, leur plan dès le début. Ils savaient qu'ils pouvaient facilement distraire l'Europe et la communauté internationale dans son ensemble.

Le Traducteur 

SAMI VIT EN EXIL EN TANT QUE RÉFUGIÉ POLITIQUE EN AUSTRALIE. POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI CE PAYS ?
L'Australie est venue à nous comme une sorte de cadeau. En juin 2011, nous avons été invités au Festival international du film de Melbourne pour présenter un autre de nos projets. Mais, à juste titre, personne n’avait d’intérêt pour cette histoire, car tout ce qui intéressait, c’était le Printemps arabe. Heureusement, nous avions déjà commencé à formuler l'histoire du TRADUCTEUR dans notre
esprit et nous avons pu présenter ce film à la place. De plus, à cette époque, j'avais déjà quitté la Syrie avec nos jeunes enfants, alors qu'Anas avait choisi de rester. En tant que couple, nous ne nous en sortions pas bien. La décision de l'un de nous de rester et de l'autre de partir a eu un impact considérable. Nous nous sommes dit au
revoir en Syrie et nous nous sommes retrouvés plus tard en Australie. Le pays était si différent de la Syrie, si loin.
En apparence, les Australiens nous semblaient heureux et leur société fonctionnelle. Les gens nous ont accueillis chaleureusement. Bien sûr, la société australienne est plus complexe que cela. Mais, c'était un endroit où nous pouvions commencer à guérir notre relation et à canaliser notre tristesse dans un film. Et c'est pour cela que c'est
devenu un lieu dans le film. Mais nous devions trouver un moyen de relier l'Australie à l'histoire. Nous avons donc pensé à la signification de l'an 2000 - les Jeux Olympiques de Sydney où notre personnage principal Sami fait son fameux lapsus ET ce qui se passait en Syrie au même moment, à savoir le transfert du pouvoir présidentiel de
Hafez al Assad à son fils Bachar.

Le Traducteur 

Y A-T-IL UN MESSAGE QUE VOUS ESPÉREZ TRANSMETTRE AU PUBLIC AVEC CE FILM ?
Le film traite de la recherche de sa voix et du choix de l'utiliser pacifiquement, même face à la mort. En effet, ce thème est actuellement tout à fait pertinent et universel alors que des protestations pacifiques éclatent dans le monde entier. Hong Kong, le Venezuela, le Chili, la France, les États-Unis, le Belarus, etc. Malheureusement, ce qui est également universel, c'est que les manifestants sont confrontés à la violence des gouvernements. Ils sont arrêtés, torturés, tués et disparaissent. C'est pourquoi nous
avons fait appel à une organisation unique en son genre, Global R2P (Right to Protect), qui travaille d'arrache-pied pour que les gouvernements rendent compte de leur actions violentes contre leurs civils.

Les réalisateurs Rana Kazkaz et Anas Khalaf 
Le Traducteur 


LISTE ARTISTIQUE
SAMI............................................ZIAD BAKRI
KARMA............................YUMNA MARWAN
CHASE....................................... DAVID FIELD
LOULOU.........................SAWSAN ARSHEED
JULIE.............................MIRANDA TAPSELL

Sortie le 13 octobre

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