La meute
Saison 1
À partir du jeudi 24 juin sur ARTE
Une adolescente a disparu. Dans les faubourgs chics de Santiago, un trio d’enquêtrices prend l’affaire en main. Une série chilienne coup de poing qui dénonce les violences faites aux femmes, avec Daniela Vega (Une femme fantastique) en inspectrice tenace.
Dans un quartier aisé de Santiago, des lycéennes bloquent l’entrée de leur école privée catholique, exigeant qu’un professeur, qu’elles accusent d’abus sexuels, soit renvoyé et qu’une enquête de police soit ouverte. Lorsque Blanca Ibarra, la meneuse du groupe, disparaît, l’inspectrice Olivia Fernández s’empare de l’affaire. Une piste la conduit dans un entrepôt où Blanca aurait pu avoir été séquestrée. Parallèlement, l’inspectrice Elisa Murillo enquête sur l’homicide supposé d’une jeune femme dont le cadavre, impossible à identifier, a été retrouvé sous un pont. Les deux policières vont devoir collaborer car les deux affaires sont peut-être liées.
Crimes sexistes
Les créateurs de La meute, au premier rang desquels la scénariste, réalisatrice et romancière argentine Lucía Puenzo (XXY), s’attaquent avec audace à un sujet d’actualité : les violences faites aux femmes et notamment aux plus jeunes, qu’il s’agisse d’abus sexuels, de viols ou de féminicides, et le combat des victimes dans une société chilienne très conservatrice et patriarcale. La série, dont la disparition d’une adolescente, motif classique du polar, constitue le point de départ, réussit le tour de force de déployer à la fois une enquête policière addictive, notamment dans l’univers du dark Web et des hackers, et de jeter une lumière crue sur les crimes sexistes. Elisa Murillo, l’une des trois inspectrices spécialisées dans les crimes de genre, est interprétée avec brio par l’actrice transgenre chilienne Daniela Vega (Une femme fantastique de Sebastián Lelio, produit comme cette série par les frères Juan de Dios et Pablo Larraín et Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2018). Un thriller coup de poing porté par la chanson titre "No estamos solas" ("Nous ne sommes pas seules"), signée de la rappeuse franco-chilienne Ana Tijoux, qui dénonce avec courage les maux de la société chilienne et milite pour les droits des femmes.
(La Jauría) Série de Lucía Puenzo, Sergio Castro et Enrique Videla (Chili, 2019, 8x45mn, VF/VOSTF) - Scénario : Lucía Puenzo, Enrique Videla, Paula del Fierro,
Série haletante et résolument féministe, La meute passe au crible du thriller une société chilienne minée par le patriarcat. Portrait de trois de ses personnages et interprètes principales.
Antonia Zegers (Olivia Fernández)
Chef enquêtrice de la police d’investigation chilienne, spécialisée dans les crimes sexuels, Olivia Fernández est une femme de tête qui compose sans relâche entre exigence de justice et respect des procédures, tout en assumant sa condition de mère célibataire. Elle se saisit du cas de la disparition de Blanca Ibarra, meneuse d’une manifestation contre un professeur soupçonné d’abus sexuels dans un lycée huppé de Santiago. Mais l’inquiétude que lui inspire son fils, Gonzalo, victime de harcèlement, révélera bientôt ses propres failles. Actrice prolifique, Antonia Zegers, qui prête ses traits au personnage, a connu un succès précoce au Chili avec une succession de rôles au théâtre, au cinéma et à la télévision. Sa filmographie compte notamment le très beau No (2012), qui évoque le référendum convoqué par Pinochet en 1988. Un film réalisé par son ex-conjoint Pablo Larraín, producteur de la série.
Daniela Vega (Elisa Murillo)
Louve solitaire, spécialiste des crimes de genre, l’enquêtrice Elisa Murillo ne s’embarrasse pas des procédures quand la situation l’incite à imposer ses propres méthodes musclées. C’est à contrecœur qu’elle se soumet à l’autorité d’Olivia Fernández pour mener l’enquête. Dans sa traque des malfaiteurs, les fantômes de son passé révéleront son talon d’Achille. Daniela Vega, qui incarne Elisa, elle-même familière de la question de genre, a souffert de discriminations du fait de son identité transgenre. Actrice et chanteuse lyrique, elle acquiert une notoriété au milieu des années 2010. Elle a en particulier tenu le rôle principal d’Une femme fantastique de Sebastián Lelio, une œuvre aux accents autobiographiques récompensée en 2018 par l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, également produite par Pablo Larraín.
Paula Luchsinger (Celeste Ibarra)
Lycéenne tourmentée, Celeste Ibarra incarne cette jeune génération de femmes chiliennes en révolte contre une société toujours marquée par les dominations masculines. Elle est, avec sa sœur Blanca, l’une des initiatrices du blocus de leur lycée. D’abord destinée à dénoncer les abus d’un professeur et l’inaction de la direction de l’établissement, la mobilisation prend de l’ampleur lorsque Blanca disparaît. Impulsive, Celeste entreprend seule de partir à la recherche de sa sœur. Paula Luchsinger, jeune actrice chilienne de 26 ans, livre ici une composition subtile qui lui a valu une nomination aux Premios Produ, qui récompensent chaque année les meilleures productions télévisuelles latino-américaines. L’actrice y change de registre, bien loin des telenovelas qui l’ont rendue célèbre dans son pays.
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