Libres : (Tu enfanteras dans la douleur) une adaptation réussie en websérie de la BD Libres ! de Ovidie avec les dessins de l'illustratrice Diglee sur ARTE.tv
Dix épisodes drôles, crus et percutants, coécrits avec la journaliste Sophie-Marie Larrouy, pour inviter les femmes à s'affranchir des diktats sexuels. Cette série entièrement en animation vise à déconstruire les présupposés dictés par la société en matière de sexualité et invite à s'en affranchir.
"Émancipez-vous !" : tel est le message de Libres !, réjouissante websérie d'animation que la réalisatrice Ovidie adapte de sa BD éponyme (Éd. Tapas, 2017) cosignée avec l'illustratrice Diglee, dont s'inspire le dessin de ces dix épisodes de trois minutes. Des supposées vertus dermatologiques du sperme à la chirurgie esthétique en passant par la sodomie, ils dressent avec un humour dévastateur l'inventaire des injonctions faites aux femmes, en matière tant amoureuse et sexuelle que physique. Sur une animation alerte, la réalisatrice de Là où les putains n'existent pas (remis en ligne en même temps que Libres !, le 27 janvier) étaie son manifeste féministe, coécrit avec la journaliste et comédienne Sophie-Marie Larrouy, d'exemples sociologiques éloquents. Ainsi, "les cabinets de recrutement considèrent qu'une femme faisant du 36 a plus de chances de décrocher un emploi qu'une femme faisant du 42", "75% des 18-25 ans optent pour l'intégral ou le semi-intégral" quand il est question de maillot, et la bisexualité féminine, selon le magazine Elle, serait "tendance"...
Fraîcheur et drôlerie
Riche d'information, le propos s'appuie sur des mises en situation qui lui apportent une bonne dose de fraîcheur et de drôlerie. "J'ai fait appel à Sophie-Marie Larrouy pour injecter de l'énergie, avec une dimension comique qui n'était pas aussi présente dans le livre", explique Ovidie. Outre la journaliste, des personnalités issues du milieu du stand-up et de la radio, comme Émilie Mazoyer, Panayotis Pascot, Shirley Souagnon, Xavier de La Porte, Lison Daniel ou encore Océan, interprètent ces saynètes en voix off. Pour leur donner vie, le coréalisateur Josselin Ronse a transcrit le plus fidèlement possible le trait de Diglee. "J'aime sa façon de dessiner la diversité des corps, que ce soit dans les proportions ou les textures de peau", dit Ovidie de celle-ci.Imaginée pour les players ARTE et Youtube, et pour Instagram, Libres !, coproduit avec Magneto Presse et 2 Minutes, cherche en particulier à toucher les 18-25 ans. "Je trouvais cela intéressant de replacer mon travail militant au cœur de la culture du numérique, qui est à la fois le problème et la solution. Dans les médias, on parle de plus en plus de sexe, ce qui permet de briser certains tabous mais s'avère aussi générateur de nouvelles normes", poursuit la réalisatrice. Pub, séries, clips, pornographie… : pour échapper à l'omniprésence de ces diktats anciens et nouveaux, Ovidie invite les femmes à se recentrer sur leurs propres plaisirs et désirs. "Comme le dirait Virginie Despentes, on n'est pas obligée de s'intégrer au 'marché de la bonne meuf'!"
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