Le Prix de la paix, une série chorale historique, qui révèle le cynisme de la Suisse en 1945



"Le Prix de la paix",  au cœur de la Suisse de 1945

En intégralité sur arte.tv du 18 mars au 30 avril 2021
Sur ARTE les jeudis 25 mars et 1er avril 2021 à 20h55

Le Prix de la paix, série chorale historique, dévoile la stratégie déployée par la Suisse en 1945 pour réintégrer le concert des nations au sortir de la seconde guerre mondiale.

À travers la chronique d’une famille suisse en 1945, la série Le prix de la paix revient sur une période méconnue de la Suisse. S’appuyant sur de solides recherches, la scénariste Petra Volpe (réalisatrice de Les conquérantes, nommé aux Oscars en 2018) en dévoile toute la complexité, grâce à des personnages attachants, malgré un récit parfois conventionnel. 



L'histoire
Suisse, 1945. La paix en Europe revenue, Egon Leutenegger a intégré le bureau du procureur général chargé pour le ministère public suisse d’extrader, à la demande des Américains, les nazis en fuite. Johann, son frère cadet, s’apprête, lui, à épouser Klara, la fille d’Alfred Tobler, un industriel du textile dont il est devenu le bras droit. Désireuse de s’engager auprès des réfugiés, Klara a rejoint, malgré les objections de sa mère Lisbet Marie, l’équipe d’un foyer de la Croix-Rouge qui va accueillir de jeunes juifs polonais rapatriés du camp de Buchenwald.

Le Prix de la paix place d'emblée ses protagonistes, Klara (Annina Walt), l’héritière, et Johann (Max Hubacher), son époux mal né, au confluent des contradictions de la Confédération Suisse. La jeune femme accomplit son devoir charitable dans un foyer qui accueille, avec une pingrerie remarquable, des survivants de Buchenwald, pendant que le jeune marié tente de reconvertir l’usine textile de son beau-père, avec l’aide d’un chimiste allemand de douteuse provenance. 
 


Passé peu glorieux de la Suisse

Suivant en fil rouge les aspirations au renouveau et à la justice de la jeune génération helvète au sortir de la guerre, Le Prix de la paix porte un regard sans complaisance sur un pan, sinon occulté du moins méconnu, de l’Histoire de la Suisse, pendant le conflit mondial et dans l’immédiat après-guerre. Du rôle discret de ses banques à ses compromis idéologique et économique envers son voisin hitlérien, de l’indigence des moyens accordés à l’accueil des enfants juifs à l’organisation de filières pour «blanchir» les nazis en fuite et l’argent de leurs spoliations, le scénario documenté de Petra Volpe (Les Conquérantes) lève le voile sur un passé peu glorieux. Emmenée par un trio de jeunes interprètes – Annina Walt, Max Hubacher et Dimitri Stapfer – s’emparant de personnages en butte au conservatisme et aux compromissions de leurs aînés, une fresque chorale historique à la fois romanesque et courageuse.



Interview de la réalisatrice, Petra Volpe


Le prix de la paix lève le voile sur une période trouble. À quel point cette réalité est-elle connue en Suisse ?
Petra Volpe : L’attitude de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale a fait l’objet de beaucoup de recherches et de débats. En revanche, on ne parle quasiment pas de ce qui s’est passé après. Quand j’ai commencé à m’y intéresser, j’ai réalisé que je ne savais rien de cette "année zéro"… Or il s’agit d’un moment crucial, car l’Europe se retrouve face à la problématique de sa reconstruction. Comment les gens se sont-ils comportés au cours de cette période ? Cette question m’a passionnée, et j’ai été choquée de découvrir comment les rescapés des camps de concentration avaient pu être accueillis, et à quel point, pour le gouvernement et les industriels, la priorité n’avait pas changé : faire du profit.

Comment avez-vous mené vos recherches avant de les transformer en fiction ?
J’ai notamment bénéficié de toute la documentation établie par le rapport Bergier, commandé en 1996 par le gouvernement suisse, lorsque des Juifs spoliés pendant la guerre ont demandé à récupérer leurs biens. Cela a constitué ma source principale. J’ai alors été frappée par un parallèle effrayant : le fait que la Suisse se soit présentée comme une terre d’asile pour les survivants des camps, tout en accueillant, dans le secret, des criminels de guerre en fuite. L’hôtel de Zurich dont il est question dans la série est inspiré d’un hôtel réel où étaient hébergés, au même moment, des Juifs et des nazis. Au début, je voulais écrire un film pour le cinéma, mais face à l’ampleur du sujet, j’ai choisi d’orienter l’histoire vers le format de la série, ce qui a été très libérateur. Une équipe d’historiens m’a aidée à garder le juste équilibre entre la véracité historique et la nécessaire dramatisation des faits.

À travers les trois personnages principaux, la série dresse aussi le portrait d’une jeune génération. Pourquoi cet angle ?
Klara, Johann et Egon appartiennent à une génération émergente qui voit la fin de la guerre comme un nouveau départ. Cependant, malgré leur volonté d’avancer, ils vont comprendre qu’ils ne peuvent pas se défaire du passé. C’est une histoire universelle : celle du conflit entre le profit et le respect de la vie humaine, et nous n’en sommes toujours pas sortis.Il suffit de regarder comment sont considérés actuellement les réfugiés de guerre. Les jeunes protagonistes du Prix de la paix ne sont donc pas très différents de ceux d’aujourd’hui, confrontés aux mêmes dilemmes et aux mêmes défis face à l’avenir. 


Les premiers épisodes 

Épisode 1 
Été 1945 : la paix en Europe mène trois jeunes suisses au-devant de grands défis. Klara, fille d’un industriel, s’occupe de jeunes réfugiés rescapés des camps de concentration au sein d’un foyer. Johann, son époux, cherche à éviter la faillite de l’entreprise familiale, tandis qu’Egon, le frère de Johann, s’efforce de débusquer les Nazis qui se cachent en Suisse. Dénoncé par le fermier qui l’employait, l’Allemand Kremser est interrogé par Egon. Il le met sur la piste d’une filière qui exfiltre d’Allemagne d’anciens membres du parti national-socialiste et de la SS. Le jour des noces de Johann et Klara, le père de cette dernière est victime d’un malaise. 

Épisode 2 
Malgré sa détermination, Johann ne parvient pas à convaincre son beau-père de moderniser l’entreprise en se lançant dans la production de fibres synthétiques. Pourtant, la société aurait besoin d’un nouvel élan, d’autant que des licenciements sont prévus à la suite de l’annulation par l’État d’une importante commande. De son côté, Klara, qui voudrait obtenir du matériel scolaire pour les jeunes dont elle s’occupe, espère un jour leur faire classe. Grâce aux révélations de l’ancien membre du parti nazi qu’il a démasqué, Egon s’intéresse de près à Wilhelm Scholz, un avocat originaire d’Allemagne installé en Suisse depuis avril 1945. 

Épisode 3 Après avoir essuyé le refus des banques de financer son projet de nouvelle usine, Johann a reçu le soutien de Carl Frei, le frère avocat de Lisbet-Marie. Ayant obtenu l’appui financier d’un consortium qui souhaite rester en retrait, ce dernier propose de faire venir de Dresde Rudolph Schneider, un chimiste allemand, pour le nouveau laboratoire. Au foyer de la Croix-Rouge, un vol de nourriture a été découvert. Klara soupçonne Herschel, un jeune dont elle s’est rapprochée, d’avoir quelque chose à cacher. Quant à Egon, épaulé par une journaliste américaine, il poursuit son enquête sur Scholz. Sans demander l’aval d’un juge, il décide aussi de mettre Frei sur écoute. Les résumés des épisodes suivants sur artemagazine.fr L

Commentaires