Comment l’Iran est-il devenu l’ennemi d’Israël et (donc) des États-Unis, qui furent les alliés du Shah ?...Retour sur une spirale funeste qui menace de semer le chaos au Moyen-Orient et au-delà, avec certains des acteurs de cette guerre larvée.
Abattre la monarchie et rejeter la modernité à l'occidentale.
C'est le troisième documentaire que vous consacrez à l'Iran. Pourquoi cette régularité ?
Vincent de Cointet : Je m’intéresse beaucoup au Moyen-Orient, et il n’est bien sûr pas possible d’occulter l’Iran. Mes films me permettent de travailler en profondeur : il est vital pour comprendre ce régime d’écouter son point de vue spécifique, avec ses problématiques historiques, ses traumas et ses revendications. Sinon, nous conserverons notre regard d’Occidentaux, qui va être biaisé, et nous prendrons de haut sa politique.
Quel était votre objectif en réalisant ce nouveau film ?
Je souhaitais montrer que l’histoire entre l’Iran, d’une part, Israël et les États-Unis, de l’autre, aurait pu se passer différemment. Je décris un changement progressif complexe et non une rupture radicale qu'aurait apportée la révolution islamique de 1979. Les positionnements idéologiques étaient alors moins marqués qu’aujourd’hui et Khomeiny aurait pu poursuivre ses relations avec les États-Unis. C’est sans doute ce qu’il avait en tête. Mais la prise des otages de l’ambassade américaine par des étudiants en novembre 1979 a changé la donne. L’invasion du Liban en 1982 a, elle, tout fait basculer avec Israël, car elle a engendré la création du Hezbollah. Les événements se sont imbriqués et la roue a tourné dans une certaine direction.
Comment avez-vous réussi à convaincre des acteurs de premier plan de s’exprimer sur cette thématique brûlante ?
Si vous expliquez à vos interlocuteurs que leur point de vue vous intéresse pour comprendre la réalité d’une région, vous obtenez des paroles précises, circonstanciées et intellectuellement sincères. En revanche, réunir toutes ces personnalités nécessite beaucoup de temps et l'aide de nombreux intermédiaires et partenaires. Il est aussi très difficile d’obtenir un visa pour l’Iran dès que vous travaillez sur des questions politiques.
Que vous ont inspiré ces rencontres ?
Je n’avais pas mesuré jusque-là la haine profonde qui anime chaque camp. Les fossés apparaissent tellement grands aujourd’hui qu’un avenir apaisé est difficilement imaginable. Si on dénie à l’autre le droit d’exister, on est dans une posture fondamentaliste de refus de l’altérité, presque au-delà de la politique et de l’idéologie. Je ne suis pas optimiste : ces ennemis ne se parleront pas avant très longtemps.
Votre film se concentre sur les années précédant la présidence Trump. Quel en est le bilan aujourd'hui, selon vous ?
Tout s’est déroulé comme annoncé par les spécialistes. Ce qui avait été construit petit à petit a été déconstruit rapidement. En se retirant de l’accord sur le nucléaire, Trump a favorisé le clan des durs et des ultras au sein du régime iranien. Les relations se sont envenimées et celui-ci a commencé à s’éloigner du cadre des accords. Les Iraniens se sentent menacés, d’où leur fuite en avant. On peut espérer que la situation s’améliore avec Biden.
Pour citer l'un de vos précédents documentaires, à quoi rêve l'Iran aujourd'hui ?
Je ne pense pas que ses dirigeants, fondamentalement, veuillent mener une guerre contre qui que ce soit. Le régime tient mais n’est pas très populaire parmi une population qui souffre et subit une chape de plomb politique, alors que rien ne marche dans le pays. Qui succédera à Ali Khamenei, le guide suprême vieillissant et ultraconservateur ? C’est la grande inconnue.
C'est le troisième documentaire que vous consacrez à l'Iran. Pourquoi cette régularité ?
Vincent de Cointet : Je m’intéresse beaucoup au Moyen-Orient, et il n’est bien sûr pas possible d’occulter l’Iran. Mes films me permettent de travailler en profondeur : il est vital pour comprendre ce régime d’écouter son point de vue spécifique, avec ses problématiques historiques, ses traumas et ses revendications. Sinon, nous conserverons notre regard d’Occidentaux, qui va être biaisé, et nous prendrons de haut sa politique.
Quel était votre objectif en réalisant ce nouveau film ?
Je souhaitais montrer que l’histoire entre l’Iran, d’une part, Israël et les États-Unis, de l’autre, aurait pu se passer différemment. Je décris un changement progressif complexe et non une rupture radicale qu'aurait apportée la révolution islamique de 1979. Les positionnements idéologiques étaient alors moins marqués qu’aujourd’hui et Khomeiny aurait pu poursuivre ses relations avec les États-Unis. C’est sans doute ce qu’il avait en tête. Mais la prise des otages de l’ambassade américaine par des étudiants en novembre 1979 a changé la donne. L’invasion du Liban en 1982 a, elle, tout fait basculer avec Israël, car elle a engendré la création du Hezbollah. Les événements se sont imbriqués et la roue a tourné dans une certaine direction.
Comment avez-vous réussi à convaincre des acteurs de premier plan de s’exprimer sur cette thématique brûlante ?
Si vous expliquez à vos interlocuteurs que leur point de vue vous intéresse pour comprendre la réalité d’une région, vous obtenez des paroles précises, circonstanciées et intellectuellement sincères. En revanche, réunir toutes ces personnalités nécessite beaucoup de temps et l'aide de nombreux intermédiaires et partenaires. Il est aussi très difficile d’obtenir un visa pour l’Iran dès que vous travaillez sur des questions politiques.
Que vous ont inspiré ces rencontres ?
Je n’avais pas mesuré jusque-là la haine profonde qui anime chaque camp. Les fossés apparaissent tellement grands aujourd’hui qu’un avenir apaisé est difficilement imaginable. Si on dénie à l’autre le droit d’exister, on est dans une posture fondamentaliste de refus de l’altérité, presque au-delà de la politique et de l’idéologie. Je ne suis pas optimiste : ces ennemis ne se parleront pas avant très longtemps.
Votre film se concentre sur les années précédant la présidence Trump. Quel en est le bilan aujourd'hui, selon vous ?
Tout s’est déroulé comme annoncé par les spécialistes. Ce qui avait été construit petit à petit a été déconstruit rapidement. En se retirant de l’accord sur le nucléaire, Trump a favorisé le clan des durs et des ultras au sein du régime iranien. Les relations se sont envenimées et celui-ci a commencé à s’éloigner du cadre des accords. Les Iraniens se sentent menacés, d’où leur fuite en avant. On peut espérer que la situation s’améliore avec Biden.
Pour citer l'un de vos précédents documentaires, à quoi rêve l'Iran aujourd'hui ?
Je ne pense pas que ses dirigeants, fondamentalement, veuillent mener une guerre contre qui que ce soit. Le régime tient mais n’est pas très populaire parmi une population qui souffre et subit une chape de plomb politique, alors que rien ne marche dans le pays. Qui succédera à Ali Khamenei, le guide suprême vieillissant et ultraconservateur ? C’est la grande inconnue.
Commentaires
Enregistrer un commentaire