#MeToo les nouvelles icônes pop féministes d’Élise Baudouin et Ariel Wizman




Pop féminisme, 
Des militantes aux icônes pop


vendredi 6 novembre à 22.45 sur ARTE
Disponible sur arte.tv du 30/10/2020 au 04/01/2021
Documentaire très fashion d’Élise Baudouin et Ariel Wizman (France, 2020, 52mn)


Avec la déferlante #MeToo, le féminisme connaît un spectaculaire revival qui se reflète dans tous les champs de la culture pop. Effet de mode ou révolution ? Narrée par Aïssa Maïga, une plongée réjouissante dans ce foisonnant mouvement de masse.



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Who run the world? Girls!" Depuis l’onde de choc de l’affaire Weinstein, qui a libéré leur parole, des milliers de femmes ont déferlé dans les rues pour dénoncer les violences qui leur sont faites, en chantant à tue-tête que les filles gouvernent le monde. Comment le tube de Beyoncé a-t-il remplacé l’hymne du MLF ? Comment le féminisme du XXIe siècle s’incarne-t-il dans la pop culture, des charts aux défilés de mode, de la littérature aux blockbusters hollywoodiens ? Que disent ses icônes des combats et des débats qui l’animent ? Dans les années 1990, des pop stars telles que Madonna, Cyndi Lauper ou Neneh Cherry entonnent des refrains libérateurs, avant que les Spice Girls, dans le sillage du collectif punk Riot Grrrl, ne popularisent le Girl Power. La femme puissante, indépendante et bientôt féministe revendiquée, dont le mantra devient au fil des années l’empowerment, s’affiche dans les clips, les salles obscures (Mad Max: Fury RoadWonder Woman…) et arbore des tee-shirts aux messages évocateurs, à l’instar du "We should all be feminists" ("Nous devrions tous être féministes") de Dior, emprunté à l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. 
Après la vague #MeToo, le ton se fait plus direct et intime, de l’univers acidulé d’Angèle au flow de Chilla. Entre quête de l’orgasme sur les réseaux sociaux, hypersexualisation véhiculée par les rappeuses Cardi B ou Nicki Minaj et mouvance "body positive" (prônant l’acceptation de soi) emmenée par la top model Emily Ratajkowski, le corps est désormais au cœur de l’émancipation féminine.



Affirmation positive

Partant à la rencontre de ses modèles (la rappeuse Chilla, l’actrice et créatrice de mode Zahia Dehar, l’écrivaine américaine Roxane Gay…) et recueillant les analyses éclairantes d’historiennes et de journalistes (Florence Montreynaud, Leïla Slimani, Bibia Pavard…), Élise Baudouin et Ariel Wizman signent un énergisant tour d’horizon de ce féminisme des temps modernes, insoumis, hédoniste et sexy, sans éluder les controverses qui l’agitent.


 

Les icônes pop

Beyoncé
Depuis ses débuts avec les Destiny's Child à la fin des années 1990, "Queen Bey" déchaîne les foules avec ses performances hors norme et ses tubes à succès comme "Run the world", repris dans les cortèges des manifestations féministes. Le poing levé et en tenue sexy, la star américaine y proclame la puissance du féminin. Si ce Girl Power revendiqué représente pour certains un argument marketing destiné à faire vendre, pour d'autres, il porte haut et démocratise le combat pour les droits des femmes. Dans son titre "Flawless", issu d'un cinquième album sorti en 2013, la chanteuse laisse la place au message de l'écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, auteure du manifeste We Should All be Feminists ("Nous devrions tous être des féministes"). 


Zahia Dehar

Zahia 
Dehar
En 2010, alors qu'elle est encore mineure, ses relations tarifées avec des footballeurs font la une des médias. Dix ans plus tard, la scandaleuse Zahia est invitée dans les défilés de haute couture en tant que créatrice de mode et fait ses premiers pas très applaudis au cinéma dans Une fille facile de Rebecca Zlotowski, conte sensuel et subtil sorti en mai 2019. Acquise grâce à la prostitution, sa réussite divise dans les rangs des féministes. Où commence et où s'arrête la libre disposition de son propre corps ? Pour l'ex-escort girl, "échanger du sexe contre du luxe" serait une manière de prendre le pouvoir et de s'émanciper. La jeune femme prend en exemple les courtisanes du XIXe siècle, ces "demi-mondaines" qui, contrairement aux femmes de la bonne société, jouissent alors du droit de posséder un compte en banque et de gérer leurs biens sans tutelle masculine. 

Roxane Gay et son corps subversif 
Fameuse en son pays, les États-Unis, notamment grâce à son livre Bad Feminist paru en 2014, Roxane Gay est devenue en 2016 la première femme noire publiée par Marvel Comics, où elle a cosigné World of Wakanda. Obèse et bisexuelle, l'écrivaine passionnée de pop culture défend un féminisme "intersectionnel", c'est-à-dire inclusif, tourné vers les minorités et soucieux de justice sociale. "Dans l'histoire, le féminisme s'est concentré sur les femmes blanches hétérosexuelles de la classe moyenne dont le corps correspondait à la normeau détriment des autres", résume-t-elle. Affirmant son goût pour le hip-hop ("tout en sachant que les femmes y sont rabaissées") comme pour les comédies romantiques ("même si elles véhiculent une fausse idée de l'amour"), cette professeure d'université, "bordélique" parce qu'"humaine", a l’art de désarçonner les certitudes.







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