"Kidnapping" avec Charlotte Rampling, un polar intimiste aux enjeux européens, par l'auteur de The Killing
Jeudi 01 octobre sur ARTE
en intégralité sur ARTE.TV du 24 septembre au 6 novembre
Dans la série Kidnapping, outre de nombreux enfants enlevés par des trafiquants internationaux, ce sont bien les croyances en une Europe bienveillante et solidaire qui disparaissent, ou pour le moins sont pris en otage. En tentant de démanteler ce terrible réseau qui manque de le broyer, l’opiniâtre policier Rolf Larsen (Anders W. Berthelsen) se confronte à un monde où chacun pense avoir ses raisons et où, au nom du désir d’enfant, des lignes sont parfois franchies. La redoutable machinerie qui met en place au fil des huit épisodes déploie ses tentacules dans toutes les couches de la société, de la police à l’aide sociale, en passant par les tenants de la foi chrétienne, les bonnes (ou mauvaises ?) soeurs de la Miséricorde, ambivalentes et sans scrupules.
Pourquoi écrire sur ce sujet ? Ce n’était pas mon intention initiale. Je souhaitais que le personnage principal soit un policier impliqué personnellement dans une enquête. Voilà mon point de départ. À partir de là, j’ai élaboré un scénario autour d’un père ayant perdu sa fille. Ma première idée était de partir sur une histoire d’abus sexuel mais finalement, une intrigue autour d’un trafic d’enfants lié à l’adoption, à la GPA, à l’Église, me semblait plus intéressante. Vous êtes toujours sur une ligne de crête, avec des individus qui pensent agir pour le bien des enfants.
Le combat d’un policier danois pour démanteler un vaste réseau de trafiquants d’enfants et retrouver sa fille. Créé par Torleif Hoppe, co-créateur de The Killing*, et coproduit par ARTE France, un polar intimiste aux enjeux européens, avec Charlotte Rampling en inspectrice de choc.
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l’étoile montante polonaise Zofia Wichłacz va t-elle se faire voler son bébé sans rien dire ? |
Dans la série Kidnapping, outre de nombreux enfants enlevés par des trafiquants internationaux, ce sont bien les croyances en une Europe bienveillante et solidaire qui disparaissent, ou pour le moins sont pris en otage. En tentant de démanteler ce terrible réseau qui manque de le broyer, l’opiniâtre policier Rolf Larsen (Anders W. Berthelsen) se confronte à un monde où chacun pense avoir ses raisons et où, au nom du désir d’enfant, des lignes sont parfois franchies. La redoutable machinerie qui met en place au fil des huit épisodes déploie ses tentacules dans toutes les couches de la société, de la police à l’aide sociale, en passant par les tenants de la foi chrétienne, les bonnes (ou mauvaises ?) soeurs de la Miséricorde, ambivalentes et sans scrupules.
À une époque où la question du droit à
l’enfant peuvent pousser aux pires marchandages, l’Europe y apparaît divisée, voire
déchirée, par le manque d’unité de ses lois.
Une série politique, sociale, intense, où dominent
l’interprétation tout en force intérieure d’Anders W. Berthelsen (The Killing), l’ironie
mordante de Charlotte Rampling et l’émotion de l’étoile montante polonaise Zofia
Wichłacz (World on Fire, 1983).
Les premiers épisodes
Épisode 1
Policier du Département des enquêtes criminelles à Copenhague, Rolf Larsen investigue sur une nouvelle affaire : dans une crèche, Minna, une fillette avec une tache de naissance en forme de cœur, a été kidnappée. Les soupçons se portent sur Zaid, son père, un réfugié iranien : séparé de la mère de Minna, il n’a pas obtenu la garde de sa fille et le supporte mal. Suite à une alerte-enlèvement diffusée dans les médias, un témoin affirme avoir vu Minna en Pologne. Rolf décide de s’y rendre en ferry avec son collègue, le technicien médico-légal Jarl Skaubo (Nicolas Bro). Mais Rolf est contraint d’amener avec lui Andrea, le bébé qu’il vient d’avoir avec sa femme Maria (Johanne Louise Schmidt). Pendant la traversée, l’impensable se produit : le policier laisse le landau quelques secondes sans surveillance et à son retour, Andrea a disparu...
Épisode 2
Cinq ans plus tard, Maria et Rolf ont divorcé. Maria supporte
mal que Rolf n’accepte pas la mort de leur fille, qui n’a
jamais été retrouvée. Celui-ci travaille dorénavant dans un
poste de police de la région isolée de Jutland. À la faveur
d’une affaire de vol de voiture, il revient à Copenhague
au Département des enquêtes criminelles pour apporter
les traces ADN d’un alcootest. Bien aidé par sa jeune
coéquipière Neel (Olivia Joof Lewerissa ), le policier
comprend que le fichage ADN danois comporte des failles.
Celles-ci ont pu impacter les affaires de Minna et d’Andrea,
qui pour lui sont liées. Pendant ce temps-là, en Pologne, la
jeune Julita (Zofia Wichłacz) découvre qu’elle est enceinte
de son petit ami, Aron, qui la demande en mariage. Mais les
parents d’Aron vont tout faire pour qu’elle avorte.
Malgré la mort tragique de son compagnon dans un
accident de moto, Julita décide de garder l’enfant et de
passer sa grossesse dans la communauté de sœurs de
Mandorla. Nouveau rebondissement pour Rolf : il existe un
lien ADN entre l’affaire Minna et en France le meurtre non
élucidé d’une jeune fille. Les autorités françaises dépêchent
le commandant de la police judiciaire Claire Bobain
(Charlotte Rampling) avec qui Rolf devra collaborer. L’équipe
part en Pologne sur les traces de Minna, tandis que Rolf
soupçonne son ancien coéquipier d’avoir inventé il y a cinq
ans des fausses preuves contre le père de la jeune fille.
En Pologne, Rolf et Claire se rendent chez un témoin
qui a filmé le passage de Minna et de son ravisseur
dans une station-service. La vidéo apporte un éclairage
radicalement nouveau sur l’enquête, mais cinq ans trop
tard... Au Danemark, Neel parvient à identifier la victime
du meurtre français. Claire soupçonne Rolf de cacher ses
raisons profondes de résoudre l’affaire Minna. En parallèle,
Julita découvre que les religieuses obligent les jeunes
femmes enceintes à signer un contrat stipulant qu’elles
abandonnent leur bébé à la naissance...
Entretien avec l'auteur Torleif Hoppe
Derrière Kidnapping, on retrouve l’écriture de
Torleif Hoppe, l’un des scénaristes de The killing,
succès critique et populaire.
Le Danois, connu aussi
pour Traque en série, révèle les ressorts de cette
enquête policière sombre, un genre qu’il affectionne
particulièrement.
Pouvez-vous nous résumer l’intrigue ?
Torleif Hoppe : Un inspecteur danois, Rolf Larsen [Anders
Berthelsen], enquête sur l’enlèvement d’une petite fille
lorsque sa propre fille disparaît. Tout laisse croire à un
accident mais il est persuadé que les deux disparitions sont
liées. Aucune affaire n’est résolue. Cinq ans après, Rolf
découvre une faille dans la base ADN de la police danoise.
L’enquête est relancée. On découvre un lien entre cette
vieille affaire et un meurtre en France que l’inspectrice
Claire Bobain [Charlotte Rampling] cherche à élucider. Les
deux policiers collaborent alors que secrètement, Rolf tente
de percer le mystère de la disparition de sa fille. Ils vont
découvrir l’existence d’un vaste réseau de trafic d’enfants, au
Danemark, en Pologne et en France.
Pourquoi écrire sur ce sujet ? Ce n’était pas mon intention initiale. Je souhaitais que le personnage principal soit un policier impliqué personnellement dans une enquête. Voilà mon point de départ. À partir de là, j’ai élaboré un scénario autour d’un père ayant perdu sa fille. Ma première idée était de partir sur une histoire d’abus sexuel mais finalement, une intrigue autour d’un trafic d’enfants lié à l’adoption, à la GPA, à l’Église, me semblait plus intéressante. Vous êtes toujours sur une ligne de crête, avec des individus qui pensent agir pour le bien des enfants.
Pourquoi associer des religieuses polonaises à un tel
trafic ?
Historiquement, il existe plusieurs exemples de nonnes en
Espagne, en Irlande, qui ont littéralement volé des enfants
à de jeunes femmes très pauvres, sans ressources, pour les
donner ou les vendre à de riches catholiques. Je voulais
revisiter ces histoires dans la Pologne d’aujourd’hui, où
l’accès à l’avortement est très, très compliqué. Kidnapping
décrit aussi un paradoxe : des religieuses hostiles à
l’avortement aident de jeunes mères à se débarrasser de
leur enfant.
Quels que soient leurs crimes, vos personnages restent
complexes.
Je ne crois pas aux «bad guys» ! Lorsque j’écris une
histoire, je ne cherche pas à créer des psychopathes, des
gentils et des méchants. Ça ne m’intéresse pas. Je suis
toujours guidé par cette idée : les gens ne sont pas cruels
par plaisir, ils sont persuadés d’être dans le vrai, quand
bien même ils se fourvoient complètement. Regardez ces
nonnes polonaises. De leur point de vue, elles agissent
dans l’intérêt des nouveaux-nés en leur offrant un avenir
doré, une éducation dans les meilleurs écoles. Elles
veulent les sauver de la misère. Évidemment je n’approuve
pas. Mais je veux que l’on comprenne que derrière ces
comportements se cache une logique. C’est ainsi que je
construis une série, afin qu’elle sonne juste.
Vous avez aussi créé un duo de policiers atypiques.
Rolf, dévasté par la disparition de sa fille, s’est presque retiré
du monde, dans un coin reculé du Danemark. J’aurais pu
en faire un alcoolique soulageant sa peine dans la boisson,
mais je trouvais ça convenu, presque cliché. Je l’ai imaginé
lisant des philosophes, réfléchissant au sens de la vie. À ses
côtés, vous avez Claire, cette inspectrice française cérébrale,
cultivée, charismatique, à cheval sur les règles, qui prend très
vite l’ascendant sur lui. Elle comprend vite que son coéquipier
mène sa propre enquête en parallèle. Elle sait qu’il n’est pas
professionnel, elle n’approuve pas ses méthodes, mais elle
finit par éprouver de la sympathie pour lui.
Vous pensiez à Charlotte Rampling en écrivant le
scénario ?
J’imaginais une femme britannique ayant une autorité
naturelle. Un peu comme ces personnes à qui, lorsqu’elles
vous parlent, vous répondez : «Oui Madame ! Tout
de suite !» Quand on a proposé le nom de Charlotte
Rampling, je me suis dit qu’il fallait absolument que ce
soit elle. J’ai été ravi que ce rôle l’intéresse.
Vous la faites arriver au troisième épisode. Pourquoi si
tard ?
Charlotte n’a pas le rôle principal mais je voulais qu’elle ait
un impact immédiat. Même si son personnage n’apparaît
pas tout le temps à l’écran, vous ne l’oubliez pas. Elle vous
marque et s’avère d’une importance capitale pour la série.
Elle apporte toute une palette d’émotions.
En mobilisant des auteurs comme Sartre, vous avez
voulu donner une dimension philosophique à cette
série ?
Déjà, les deux inspecteurs partagent un attrait pour la
réflexion spirituelle, ce qui les rapproche. Et oui, il y a cette
très jolie citation de Sartre, essentielle : «Nous sommes
nos choix.» Kidnapping pose aussi la question de la
responsabilité individuelle face à des choix cornéliens.
Liste artistique
Rolf Larsen.............................................................................. Anders W. Berthelsen
Jarl Skaubo..............................................................................Nicolas Bro
Claire Bobain.........................................................................Charlotte Rampling
Julita Sienko...........................................................................Zofia Wichłacz
Maria..............................................................................................Johanne Louise Schmidt
Astrid Oxlev............................................................................Trine Pallesen
Neel Skipsted........................................................................Olivia Joof Lewerissa
Eva Skaubo..............................................................................Louise Mieritz
Zaid.................................................................................................Arian Kashef
Jannik Vidt...............................................................................Anders Heinrichse
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