# Critique. "Relic". Drame et film d'horreur. Etonnante vision de la déchéance due au vieillissement
Synopsis
Lorsqu'Edna, la matriarche et veuve de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans leur maison familiale isolée pour la retrouver. Peu après le retour d'Edna, et alors que son comportement devient de plus en plus instable et troublant, les deux femmes commencent à sentir une présence insidieuse dans la maison. Edna refuse de dire où elle était, mais le sait-elle vraiment ?
Note 3,5/5. Le film joue sur deux registres qui s’interpénètrent : celui, classique, d’un film d’horreur avec ses codes (momie , bruits sourds, musique angoissante, labyrinthe, réduction de l’espace, post-its mystérieux) et celui très sombre et réaliste, de la déchéance intellectuelle (démence sénile) et physique d’une femme âgée (perte de mémoire, taches sur le corps, énurésie, désorientation).
Ces deux registres, mélange de drame humain et d’horreur, sont à priori incompatibles. Pourtant la réalisatrice Natalie Erika James parvient à les rendre compatibles en poussant au paroxysme la peur de vieillir, transformant en monstre une femme dont la santé mentale et physique se dégrade. Cela donne un film étonnant.
Très bien fait et très bien joué. Belle réalisation des effets spéciaux (cascades, prothèses...).
Note 3,5/5. Le film joue sur deux registres qui s’interpénètrent : celui, classique, d’un film d’horreur avec ses codes (momie , bruits sourds, musique angoissante, labyrinthe, réduction de l’espace, post-its mystérieux) et celui très sombre et réaliste, de la déchéance intellectuelle (démence sénile) et physique d’une femme âgée (perte de mémoire, taches sur le corps, énurésie, désorientation).
Ces deux registres, mélange de drame humain et d’horreur, sont à priori incompatibles. Pourtant la réalisatrice Natalie Erika James parvient à les rendre compatibles en poussant au paroxysme la peur de vieillir, transformant en monstre une femme dont la santé mentale et physique se dégrade. Cela donne un film étonnant.
Très bien fait et très bien joué. Belle réalisation des effets spéciaux (cascades, prothèses...).
Note de la réalisatrice Natalie Erika James
Il y a quelques années, j’ai fait un voyage au Japon pour rendre visite à ma grand-mère qui souffrait de la maladie d’Alzheimer. Je n’avais cessé de remettre ce voyage à plus tard, pour une raison ou pour une autre, et quand je me suis enfin résolue à aller la voir, c’était trop tard– elle ne m’a pas reconnue. J’ai eu beaucoup de mal à gérer ma culpabilité. En un sens, c’était presque pire que la mort – voir une personne que l’on aime disparaître progressivement pour devenir une étrangère.
J’ai passé de nombreux étés dans la petite ville où vivait ma grand-mère et j’y suis même allée à l’école primaire avec mes cousins. Pendant mon voyage, j’ai pu observer combien la ville s’est détériorée – les jeunes générations ont choisi de partir vivre dans de grandes villes et ont laissé les personnes âgées là. On racontait des histoires épouvantables de vieilles personnes retrouvées mortes chez elles bien après leur décès – négligées et oubliées, leurs enfants loin,
leur corps en décomposition. J’ai trouvé ça déchirant.
Il y a quelques années, j’ai fait un voyage au Japon pour rendre visite à ma grand-mère qui souffrait de la maladie d’Alzheimer. Je n’avais cessé de remettre ce voyage à plus tard, pour une raison ou pour une autre, et quand je me suis enfin résolue à aller la voir, c’était trop tard– elle ne m’a pas reconnue. J’ai eu beaucoup de mal à gérer ma culpabilité. En un sens, c’était presque pire que la mort – voir une personne que l’on aime disparaître progressivement pour devenir une étrangère.
J’ai passé de nombreux étés dans la petite ville où vivait ma grand-mère et j’y suis même allée à l’école primaire avec mes cousins. Pendant mon voyage, j’ai pu observer combien la ville s’est détériorée – les jeunes générations ont choisi de partir vivre dans de grandes villes et ont laissé les personnes âgées là. On racontait des histoires épouvantables de vieilles personnes retrouvées mortes chez elles bien après leur décès – négligées et oubliées, leurs enfants loin,
leur corps en décomposition. J’ai trouvé ça déchirant.
C’est un mélange de tout cela qui est à l’origine de Relic. Une histoire multigénérationnelle pour créer un film d’horreur centré sur les personnages et émotionnellement fort – je voulais explorer la douleur et les horreurs de la démence due au grand âge, l’importance des rapports humains et le changement des rôles et de la dynamique au sein d’une famille. Relic démarre comme un drame et évolue lentement vers l’horreur en faisant écho à la dégradation mentale
et physique d’Edna.
La déchéance d’Edna jusqu’à ce qu’elle devienne l’Autre montre qu’il y a des choses bien plus effrayantes que la mort. Il est bien pire de pleurer la perte d’une personne qui est toujours en vie ; c’est la détérioration d’esprits brillants, d’êtres gentils et la perte d’une vie entière de souvenirs chéris ; le sentiment de devenir étrangère à la personne qui vous a mise au monde : voilà la vraie terreur.
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Emily Mortimer dans
|
Le chef décorateur Steven Jones-Evans a travaillé avec Anna McLeish et Sarah Shaw sur Partisan. Steven a lu le scénario de Relic qui selon lui « allie magnifiquement l’horreur et le drame intime ».
Le décor principal (la maison d’Edna) est un mélange de deux maisons et d’une partie en studio. La création de la maison d’Edna devait évoquer ce qui lui arrive : sa perte de mémoire et d’identité, sa désorientation dans son lieu de vie. À cet effet, la maison, tout comme sa propriétaire, arbore un glamour désuet. Elle a été élégante, mais depuis la mort de son mari et le début de la démence, Edna a négligé certaines parties de la maison. Fort heureusement,
l’extérieur, le jardin et la cuisine avaient effectivement été abandonnés et n’avaient pas besoin qu’on les transforme beaucoup.
Steven a choisi de ne pas utiliser une palette de couleurs trop sombres – les pièces par le passé chaleureuses et accueillantes ne sont aujourd’hui plus utilisées, le courrier et les journaux
s’accumulent devant la porte, tout comme la poussière sur la coiffeuse, et les fleurs fanées sont toujours dans leur vase. Steven a surtout créé des espaces où les choses sont cachées, où l’obscurité est au bord du cadre et ne révèle pas tout aux spectateurs.
Natalie Erika James : « L’une des idées que nous voulions faire passer à travers le décor et la photo est qu’il y a quelque chose de caché. Tout au long du film, il y a des choses que l’on ne
voit pas : souvent le cadre est obscurci et l’on ne dit pas tout aux spectateurs… ».
Le véritable défi a été la création du « labyrinthe » qui est la métaphore de l’esprit d’Edna et de ce que ressent une personne atteinte de démence, perdue dans sa maison.
Steven a choisi de ne pas utiliser une palette de couleurs trop sombres – les pièces par le passé chaleureuses et accueillantes ne sont aujourd’hui plus utilisées, le courrier et les journaux
s’accumulent devant la porte, tout comme la poussière sur la coiffeuse, et les fleurs fanées sont toujours dans leur vase. Steven a surtout créé des espaces où les choses sont cachées, où l’obscurité est au bord du cadre et ne révèle pas tout aux spectateurs.
Natalie Erika James : « L’une des idées que nous voulions faire passer à travers le décor et la photo est qu’il y a quelque chose de caché. Tout au long du film, il y a des choses que l’on ne
voit pas : souvent le cadre est obscurci et l’on ne dit pas tout aux spectateurs… ».
Le véritable défi a été la création du « labyrinthe » qui est la métaphore de l’esprit d’Edna et de ce que ressent une personne atteinte de démence, perdue dans sa maison.
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Robyn Nevin dans Relic |
Cascades et prothèses
La transformation d’Edna en l’Autre passe par plusieurs étapes et a nécessité une collaboration étroite entre les départements chargés du maquillage, des prothèses, de l’animatronique, des cascades et des effets visuels.
L’équipe chargée des prothèses était dirigée par Larry Van Duynhoven. Natalie se souvient du moment où on lui a présenté l’Autre : « Ils avaient réussi à capturer dans une créature
tellement d’humanité et de fragilité. Et le travail d’animatronique était si subtil et émouvant… J’ai versé quelques larmes ».
Les cascadeuses ont également travaillé de très près avec les actrices. Emily Mortimer : « Il y a plusieurs moments sur le plateau où nous nous battions, nous trois, Natalie et trois cascadeuses. Nous nous donnions des coups de poings…. Et l’une d’entre nous avait plus de
70 ans ! Trois cascadeuses, trois actrices et une réalisatrice réglant une scène de bagarre – ce n’est pas rien ! »
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Musique et le design sonore
La musique et le design sonore de Relic sont entremêlés et ont nécessité un processus collaboratif très étroit entre le compositeur Brian Reitzell (Lost in Translation, Hannibal) basé à Los Angeles et le designer sonore oscarisé Robert Mackenzie (Le Roi, Tu ne tueras point) vivant en Australie.
Natalie a utilisé des sons diégétiques, en particulier pour provoquer le peur : « J’ai utilisé des vrais sons mais aussi le silence, et je n’ai mis de la musique que sur certaines scènes, sans imposer d’émotion aux spectateurs. »
Liste artistique
Emily Mortimer
Robyn Nevin
Bella Heathcote
Natalie a utilisé des sons diégétiques, en particulier pour provoquer le peur : « J’ai utilisé des vrais sons mais aussi le silence, et je n’ai mis de la musique que sur certaines scènes, sans imposer d’émotion aux spectateurs. »
Liste artistique
Emily Mortimer
Robyn Nevin
Bella Heathcote
Sortie initialement prévue le 16 décembre
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