
Sélection Cinéma du Réel 2019, Compétition française. Mention spéciale Prix de l’Institut Français Louis Marcorelles
Synopsis
Green Boys pourrait être un “Petit Prince” du millénaire de l’exil. Alhassane, 17 ans, a quitté la Guinée et arrive seul en France après un éprouvant périple. Accueilli dans un village en Normandie, il rencontre Louka, 13 ans. Entre les deux garçons une amitié naît et s’invente jour après jour. Ce qui les sépare les lie tout autant que ce qui les unit. Durant l’été, ils construisent une cabane sur la falaise qui surplombe la mer. Comme une zone de liberté, elle sera un lieu secret de l’enfance et le refuge des blessures
Avis. Ariane Doublet traite avec sensibilité la complicité entre Louka et Alhassane. Son film construit avec simplicité le contraste entre les scènes d’une vie paisible dans la campagne et le bord de mer normands (feu de bois, construction d’une cabane traditionnelle, promenade dans les champs parmi les lapins, pêche de crabes à marée basse...) et le récit, par bribes, d’un périple dramatique de deux ans depuis la Guinée natale, de la prison en Libye, de la traversée de la Méditerranée.

Entretien avec la réalisatrice Ariane Doublet
Quelle est la genèse du film ?
Des jeunes qui arrivaient de l’étranger dormaient dans la gare du Havre. Des gens ont commencé à les accueillir chez eux et nous nous sommes rendus compte que nous étions plusieurs à le faire. Nous avons alors créé l’association Des lits solidaires. C’est par ce biais que j’ai rencontré Alhassane que nous avons accueilli chez nous. Il venait d’arriver en France et était très fatigué. Cela faisait deux ans qu’il avait quitté la Guinée. Il avait fait de la prison en Lybie, puis était resté dans un camp fermé en Sardaigne. Il nous disait qu’il avait envie de jouer au foot et nous sentions que cela pouvait lui faire du bien. J’ai demandé si des enfants dans le village voulaient venir jouer avec lui et c’est à ce moment-là que j’ai fait la connaissance de Louka. Tous les matins, il venait voir Alhassane et je sentais que sa présence lui apportait beaucoup. Tous les matins, ils partaient tous les deux jouer au foot, se promenaient ou allaient faire du vélo ensemble.
J’étais très touchée par leur relation et je leur ai proposé de faire le film. Cette amitié permettait de ne pas cantonner Alhassane à sa situation de jeune migrant. Louka ne connaissait pas encore l’histoire d’Alhassane. Il ne lui avait pas posé de questions et Alhassane n’avait pas voulu le heurter avec son récit. Le film était l’occasion de raconter un vécu que Louka n’avait jamais entendu. Autant Alhassane a été tout de suite partant pour faire le film, autant Louka avait plus de réserves : ils avaient construit un jardin secret, et cela supposait d’exposer au grand jour l’intimité de leur relation. Mais à partir du moment où ils m’ont ouvert la porte, on a formé un petit trio. Nous avons réfléchi au film que nous pourrions faire ensemble, de ce qu’ils voulaient y mettre ou pas.

Peut-on voir dans la fabrication de la cabane une métaphore de l’amitié qui se construit et grandit entre les deux garçons ?
On peut y voir beaucoup de choses. Pendant deux ans, Alhassane n’a pu se poser nulle part. Il est arrivé au Havre qui était comme le bout du monde pour lui. Cette cabane accompagne le moment où il peut enfin se reposer. Elle marque le désir de construire quelque chose et de s’ancrer quelque part. J’avais relu dans le même temps le texte de Michel Foucault Les Hétérotopies, et cette cabane est vraiment un contre-espace. Un lieu qui s’oppose à tous les autres et qui est destiné en quelque sorte à les effacer, à les neutraliser ou à les purifier. Une contestation de l’espace où nous vivons. Quand j’ai compris qu’ils construisaient une case traditionnelle, j’ai trouvé cette idée très belle. Alhassane transpose des éléments de son enfance dans la campagne normande. Et c’est sans doute l’amitié qu’il partage avec Louka, qui lui permet de renouer avec cette part d’enfance.
Pouvez-vous commenter ce titre ? Est-ce que le vert fédérateur de la nature abolit la différence de couleur de peau ?
Il y a beaucoup de tiroirs à ce titre. Notamment, une référence à la chanson Nature Boy de Eden Ahbez qu’on entend dans le film. C’était aussi une blague entre nous. Quand Alhassane et Louka jouaient au foot, ils s’habillaient en vert. Il y a une équipe de foot en Turquie qui s’appelle Green Boys et c’est pour cette raison que j’ai commencé à leur donner ce surnom. Après, c’est resté. Green Boys m’évoque aussi les garçons encore verts, dans la fleur de l’âge.

Peut-on voir dans la fabrication de la cabane une métaphore de l’amitié qui se construit et grandit entre les deux garçons ?
On peut y voir beaucoup de choses. Pendant deux ans, Alhassane n’a pu se poser nulle part. Il est arrivé au Havre qui était comme le bout du monde pour lui. Cette cabane accompagne le moment où il peut enfin se reposer. Elle marque le désir de construire quelque chose et de s’ancrer quelque part. J’avais relu dans le même temps le texte de Michel Foucault Les Hétérotopies, et cette cabane est vraiment un contre-espace. Un lieu qui s’oppose à tous les autres et qui est destiné en quelque sorte à les effacer, à les neutraliser ou à les purifier. Une contestation de l’espace où nous vivons. Quand j’ai compris qu’ils construisaient une case traditionnelle, j’ai trouvé cette idée très belle. Alhassane transpose des éléments de son enfance dans la campagne normande. Et c’est sans doute l’amitié qu’il partage avec Louka, qui lui permet de renouer avec cette part d’enfance.
Pouvez-vous commenter ce titre ? Est-ce que le vert fédérateur de la nature abolit la différence de couleur de peau ?
Il y a beaucoup de tiroirs à ce titre. Notamment, une référence à la chanson Nature Boy de Eden Ahbez qu’on entend dans le film. C’était aussi une blague entre nous. Quand Alhassane et Louka jouaient au foot, ils s’habillaient en vert. Il y a une équipe de foot en Turquie qui s’appelle Green Boys et c’est pour cette raison que j’ai commencé à leur donner ce surnom. Après, c’est resté. Green Boys m’évoque aussi les garçons encore verts, dans la fleur de l’âge.
SORTIE E-CINEMA LE 6 MAI
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