#Série Dos au Mur, entretien avec le créateur de la série sur le blanchiment d'argent sale




Entretien avec Jeppe Gjervig Gram, créateur de la série Dos au Mur 

Où avez-vous puisé votre inspiration pour imaginer Dos au mur ? J’ai été sidéré par l’énorme scandale qui a touché HSBC, l’une des plus grandes banques au monde, accusée en 2012 d’avoir blanchi des milliards de dollars provenant des cartels de la drogue colombiens et mexicains. Plus récemment, j’ai commencé à me renseigner sur le rôle des banques au Danemark dans des affaires similaires. Au même moment, la police a mené des investigations dans les établissements bancaires du pays. Finalement, la plus grande banque danoise s’est trouvée mise en cause juste avant la première de Dos au mur au Danemark : c’était fou car la réalité rattrapait la fiction ! 

La série s’attache à la trajectoire de trois personnages. Quelles sont leurs particularités ? Il y a Nicky, un jeune trafiquant de drogue en rupture avec sa famille. Quand son fils de 5 ans resurgit dans sa vie, il bouleverse ses projets. Au centre de l’intrigue, un autre homme : Alf, un policier de la brigade des stupéfiants qui lutte contre ses insomnies et son stress en abusant de médicaments qui vont le rendre dépendant. Après un jeu du chat et de la souris, Nicky et Alf vont s’affronter, une rencontre au sommet entre deux adversaires de même calibre, qui, dans un autre contexte, pourraient sympathiser, à la manière d’Al Pacino et de Robert De Niro, dans Heat de Michael Mann, un film qui m’a beaucoup inspiré. 

J’ai pimenté ce schéma flic/voyou en créant une héroïne singulière : Anna, une banquière à laquelle une promotion échappe, ce qui la frustre énormément. Parallèlement, son mari se retrouve en difficulté financière. Pour l’aider, elle se met à blanchir de l’argent et se découvre douée dans ce domaine. Je voyais Anna comme le pendant féminin du personnage de Walter White, ce professeur de chimie devenu dealer, dans la série Breaking Bad. C’était aussi l’occasion de mettre en lumière une héroïne d’âge mûr, un type de personnage que l’on voit rarement à l’écran. 

Vous insufflez un réalisme cru à l’histoire ? C’est celui de la rue et plus particulièrement de Nørrebro, le quartier de Copenhague où je vis et où l’action se situe. Le trafic se déroule à deux pas de chez moi, à proximité des bureaux de change soupçonnés de blanchir l’argent. Dos au mur met en scène la vente de cannabis, une drogue illégale au Danemark. Sa légalisation représente un vrai dilemme de société à travers le monde, car son interdiction permet au crime organisé de continuer à s’enrichir. 

Propos recueillis par Laure Naimski (pour ARTE Magazine) 

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