# Critique "Jeune Juliette". Comédie dynamique sur les rêves d'une adolescente enveloppée

Alexane Jamieson : Juliette

Synopsis

Juliette est effrontée, malicieuse, un peu grosse et menteuse. Elle n’est pas vraiment populaire au collège, mais c’est pas grave : c’est tous des cons ! Juliette a 14 ans et elle croit en ses rêves. Pourtant, les dernières semaines de cours se montreront très agitées et vont bousculer ses certitudes sur l’amour, l’amitié et la famille…

Note 3/5. Comédie sympathique, dynamique, portée avec talent par la jeune Alexane Jamieson. Pour adolescents

Critique
Juliette a commencé à grossir après le départ de sa mère, partie à New-york en laissant ses enfants avec leur père, au Canada. Elle s’ennuie dans un milieu qu’elle trouve trop inférieur à son niveau.
Elle veut se faire aimer par un garçon, beau même s'il n'a pas de " cervelle". Mais Juliette est grosse, un peu trop. Nous voilà plongés dans les états d’âme d’un adolescente à la sexualité naissante. Le film est traité avec entrain, de manière légère. Il s’adresse aux adolescents qui se reconnaîtront.
On a remarqué une scène d’humour au cours de laquelle Juliette reproche à son père de croire que quand on parle de Céline il s’agit de Céline Dion, alors qu’il s’agit de l’écrivain français ; il est possible que cela soit un hommage involontaire à robert Guédiguian qui a déjà utilisé ce genre d’humour dans « Marius et Janette ».



Verbatim de la réalisatrice Anne Emond
Un film très intime, très personnel

"Je dois reconnaître qu'il y a beaucoup de moi dans le film. Je suis née en 1982. J'ai donc bien connu la fin des années 1980 et les années 1990. J'étais une adolescente très rondelette, je pesais près de 40 kilos de plus que maintenant. Comme Juliette, j'étais très solitaire, je n'avais qu'une, peut-être deux amies.
L’imagination survolté de Juliette, qui se raconte beaucoup d'histoires et s'écrit des lettres à elle même, est également très proche de moi, tout comme l'intimidation à laquelle elle doit faire face à l'école. Je l'ai vécue… En revanche, je n'avais pas du tout sa répartie. Quand on se moquait de moi, je devenais toute rouge, je rasais les murs. Je pense que la femme de 36 ans que je suis maintenant a eu envie et besoin de répondre à ces gamins qui m'ont mené la vie dure. C’est une vengeance un peu ludique."


Un film cathartique
"Voir quelqu'un se défendre, prendre la parole, ça fait chaud au cœur. Le film aurait très bien pu être un drame, mais je me suis dit très tôt que personne n'est à son meilleur lorsqu'il a 14 ans et qu'il y avait de la place pour la comédie dans cette histoire. Et quand on y pense, la plupart des histoires se terminent quand même bien. ll m'importait de réaliser un film léger et lumineux, pour montrer aux gens, particulièrement aux jeunes, que ce qu'on vit à l'adolescence s'arrange globalement par la suite !"



Des marqueurs temporels assez flous
"Les films qui essaient trop de croquer leur époque, aussi réussis soient-ils, risquent de mal vieillir... Je pense entre autres à Eight Grade, un film américain sur une jeune fille de 13 ans qui possède une chaîne Youtube. Il est extrêmement bien fait, mais comment sera-t-il perçu dans quinze ans ? ll m'importait vraiment de faire un film sur la jeunesse au sens large. ll ne s'appelle pas Jeune Juliette pour rien ! Que l'on soit jeune dans les années 1980 ou dans les années 2020, les grandes émotions restent les mêmes. Même si l'époque et la manière de communiquer ont changé.
En parlant avec mes jeunes actrices je me suis rendu compte que beaucoup de relations amoureuses débutent ou se terminent désormais par SMS. Les gens se draguent par texto même s'ils sont dans la même classe, c'est incroyable ! Mais en même temps, le premier rejet, la première histoire d'amour, la première dispute avec les meilleures amies : ils se ressentent de la même manière. Peu importe la technologie utilisée. C’est pour ça qu'on a fait des choix plus intemporels."


Un film sur le regard
"Je me souviens de mes 14 ans : ma vie était nulle, je recevais très peu d'attention à l'école, j'avais peu d'amis, alors je m'en inventais. On s'est placé dans le regard de Juliette, du coup certains éléments paraissent presque caricaturaux, comme le professeur d'éducation physique, qu'elle voit comme un tortionnaire. Le côté formel du film suit cette logique. On a utilisé des couleurs pop ou du split-screen, dans un style presque BD par moments, parce que Juliette a ce regard décalé. Dans le fond et la forme, je voulais rester à son niveau. Je ne voulais surtout pas l'observer de haut."

Liste artistique
Alexane Jamieson Juliette
Léanne Désilets Léane
Robin Aubert Bernard

Sortie le 11 décembre

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