# Critique "Echo". Portrait par touches de l'Islande, mordant et sombre, entre documentaire et fiction
Synopsis
En Islande, alors que tout le monde se prépare pour les fêtes de Noël, une ambiance particulière s’empare du pays. Entre exaltation et inquiétude, Echo dresse un portrait mordant et tendre de notre société moderne.
Note 3,5/5. Par une succession de plans fixes subtilement mis en scène Rúnar Rúnarsson dresse, avec distanciation, un portrait assez sombre de l’Islande à la période des fêtes de fin d’année.
Critique
Le film de Rúnar Rúnarsson est une succession de saynètes dont le thème général est la période de Noël. Elles sont le plus souvent sombres, liées à la mort : un enfant dans un cercueil ouvert, un autre qui appelle le 112 pour dire que ses parents sont entrain de se battre, une grand-mère qui fait visiter un cimetière à sa petite fille en lui disant que toutes les deux seront enterrées là un jour... Elles peuvent être cruelles : les retrouvailles de deux anciennes collégiennes à un arrêt de bus, une fille qui renonce à faire une surprise à son père musicien...Elles peuvent être aussi cocasses : une séance de gymnastique aquatique, une multitude de « hometrainer à tapis roulant »…
La mise en scène est subtile laissant aux scènes un aspect documentaire. Ce portrait de l’Islande pendant la période des fêtes a bien sûr, comme le dit le réalisateur, «une portée universelle.»

Interview du réalisateur Rúnar Rúnarsson
D’OÙ VOUS EST VENUE L’IDÉE DE CE FILM, ECHO ?
C’était une très vieille idée qui m’était revenue en tête après le tournage de SPARROWS. Je n’avais pas vraiment d’inspiration à l’époque. Et en même temps, je m’étais un peu lassé de ces narrations classiques inspirées de la tragédie grecque. J’avais l’impression de tricher avec les autres scénarios que je tentais d’écrire : ils contenaient tous le bon nombre de rebondissements aux bons moments, mais ils n’étaient en rien le reflet de ma personnalité.
Quand j’ai commencé à écrire ECHO, je me suis enfin senti vivant en tant qu’auteur.
ÉTAIT-CE UN SUJET D’INQUIÉTUDE POUR VOUS DE PRÉPARER UN FILM QUI SOIT SI DIFFÉRENT DE VOS DEUX PREMIERS LONGS MÉTRAGES ?
Oui, ce n’est qu’après avoir tourné les dernières scènes du film que j’ai réussi à me dire que tout cela allait créer un ensemble. Pourtant, le projet m’était d’abord apparu comme une évidence. Être un auteur vivant, c’est aussi se lancer des défis. Évidemment, certains m’ont averti qu’en termes de carrière, il n’était pas forcément judicieux de réaliser un film comme celui-ci. Mais j’ai toujours tenté de capturer une part de réalité, de faire part de mes observations sur la vie. Chaque film que je réalise est un voyage introspectif pour moi. ECHO, à cet égard, n’est pas différent. Et puis, sur le papier, le film paraît plus expérimental qu’il ne l’est vraiment. Normalement, mes autres films comportent toujours un personnage principal dans chaque scène. Ce film n’est pas différent en cela, mais cette fois, le personnage, c’est la société.

COMMENT CES SCÈNES ONT-ELLES ÉVOLUÉES ENTRE LES PARTIES LIÉES À UNE OBSERVATION DE TYPE DOCUMENTAIRE ET LES PARTIES PLUS SCÉNARISÉES ?
Au stade du financement, nous parlions d’ECHO comme d’un film « où la réalité serait retranscrite et mise en scène. » La manière dont le public s’empare des films m’a toujours fasciné. Les spectateurs ont tendance à prendre les documentaires comme argent comptant, comme si tout ce qu’on y montrait était forcément avéré. Mais il y a forcément un auteur derrière le film et cet auteur a un point de vue.
Il n’est pas important de savoir quelles scènes relèvent du documentaire et quelles autres relèvent de la fiction. On avait établi des règles strictes pour le tournage du film qui devaient elles-mêmes constituer un plan statique avec la caméra sur un trépied. Il y a une linéarité du temps dans chaque scène et on avance dans le temps uniquement lors du passage d’une scène à l’autre.
POURQUOI AVEZ-VOUS DÉCIDÉ QUE LE FILM SE PASSERAIT PENDANT LA PÉRIODE DE NOËL ?
Il y a un trait commun entre les jours qui précèdent Noël et la période entre Noël et la Saint Sylvestre, puis c’est une nouvelle année qui commence.
La période de Noël amplifie nos émotions. Qu’on apprécie ou non ces fêtes de fin d’année, il existe toute une panoplie de sentiments qui y sont liés. C’est aussi une période de réflexion.
C’est la fin de l’année et qu’on soit croyant ou non, c’est une date où la société impose aux gens de donner le meilleur d’eux-mêmes. Ce qui signifie également que la face sombre de l’humanité peut resurgir.

SELON VOUS, LA SOCIÉTÉ EST LE PERSONNAGE PRINCIPAL DU FILM. EST-CE QUE VOUS CHERCHEZ À DIRE QUELQUE CHOSE EN PARTICULIER DE LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE ?
Il s’agit d’un portrait, et quand quelqu’un propose un portrait, il faut savoir lire entre les lignes pour connaître le point de vue de l’auteur.
Pour chaque film que je fais, on me demande “Qu’est-ce que vous avez voulu nous raconter ?” On dirait que chaque film doit ressembler à une parabole biblique avec une morale. La vie est plus complexe que cela. Dans mes autres films, j’ai toujours tenté de
montrer que dans la vie, ce n’était ni noir ni blanc mais gris. Même dans une situation particulièrement terrible, il y aura toujours un élément de beauté à l’horizon et vice-versa.
Un film ne peut pas se terminer sans espoir, sur une note noire, ni sur un monde fantasmé où tout va bien. La vie ne ressemble pas à cela, et moi, je veux montrer la vraie vie. Je ne cherche pas à faire la morale.
Sortie le 1 janvier 2020
Oui, ce n’est qu’après avoir tourné les dernières scènes du film que j’ai réussi à me dire que tout cela allait créer un ensemble. Pourtant, le projet m’était d’abord apparu comme une évidence. Être un auteur vivant, c’est aussi se lancer des défis. Évidemment, certains m’ont averti qu’en termes de carrière, il n’était pas forcément judicieux de réaliser un film comme celui-ci. Mais j’ai toujours tenté de capturer une part de réalité, de faire part de mes observations sur la vie. Chaque film que je réalise est un voyage introspectif pour moi. ECHO, à cet égard, n’est pas différent. Et puis, sur le papier, le film paraît plus expérimental qu’il ne l’est vraiment. Normalement, mes autres films comportent toujours un personnage principal dans chaque scène. Ce film n’est pas différent en cela, mais cette fois, le personnage, c’est la société.

COMMENT CES SCÈNES ONT-ELLES ÉVOLUÉES ENTRE LES PARTIES LIÉES À UNE OBSERVATION DE TYPE DOCUMENTAIRE ET LES PARTIES PLUS SCÉNARISÉES ?
Au stade du financement, nous parlions d’ECHO comme d’un film « où la réalité serait retranscrite et mise en scène. » La manière dont le public s’empare des films m’a toujours fasciné. Les spectateurs ont tendance à prendre les documentaires comme argent comptant, comme si tout ce qu’on y montrait était forcément avéré. Mais il y a forcément un auteur derrière le film et cet auteur a un point de vue.
Il n’est pas important de savoir quelles scènes relèvent du documentaire et quelles autres relèvent de la fiction. On avait établi des règles strictes pour le tournage du film qui devaient elles-mêmes constituer un plan statique avec la caméra sur un trépied. Il y a une linéarité du temps dans chaque scène et on avance dans le temps uniquement lors du passage d’une scène à l’autre.
POURQUOI AVEZ-VOUS DÉCIDÉ QUE LE FILM SE PASSERAIT PENDANT LA PÉRIODE DE NOËL ?
Il y a un trait commun entre les jours qui précèdent Noël et la période entre Noël et la Saint Sylvestre, puis c’est une nouvelle année qui commence.
La période de Noël amplifie nos émotions. Qu’on apprécie ou non ces fêtes de fin d’année, il existe toute une panoplie de sentiments qui y sont liés. C’est aussi une période de réflexion.
C’est la fin de l’année et qu’on soit croyant ou non, c’est une date où la société impose aux gens de donner le meilleur d’eux-mêmes. Ce qui signifie également que la face sombre de l’humanité peut resurgir.

SELON VOUS, LA SOCIÉTÉ EST LE PERSONNAGE PRINCIPAL DU FILM. EST-CE QUE VOUS CHERCHEZ À DIRE QUELQUE CHOSE EN PARTICULIER DE LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE ?
Il s’agit d’un portrait, et quand quelqu’un propose un portrait, il faut savoir lire entre les lignes pour connaître le point de vue de l’auteur.
Pour chaque film que je fais, on me demande “Qu’est-ce que vous avez voulu nous raconter ?” On dirait que chaque film doit ressembler à une parabole biblique avec une morale. La vie est plus complexe que cela. Dans mes autres films, j’ai toujours tenté de
montrer que dans la vie, ce n’était ni noir ni blanc mais gris. Même dans une situation particulièrement terrible, il y aura toujours un élément de beauté à l’horizon et vice-versa.
Un film ne peut pas se terminer sans espoir, sur une note noire, ni sur un monde fantasmé où tout va bien. La vie ne ressemble pas à cela, et moi, je veux montrer la vraie vie. Je ne cherche pas à faire la morale.
Sortie le 1 janvier 2020
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