# Critique. La Viaccia. Claudia Cardinale et Jean-Paul Belmondo superbes dans une tragédie de la passion

Synopsis
Le jeune Amerigo quitte sa campagne natale pour la ville, où il travaille chez son oncle. Tombé follement amoureux de la prostituée Bianca, il fait tout pour subvenir à ses besoins, allant même jusqu'à voler son oncle. Renvoyé par celui-ci, il devient videur dans la maison close dont Bianca est l'une des pensionnaires.

Note 3,5/5.
Un mélodrame dans l’atmosphère de Florence dans les années 1880, entre maison close milieu paysan. Une mise en scène raffinée. Claudia Cardinale Jean-Paul Belmondo sont remarquables
Film de Mauro Bolognini (rétrospective à la Cinémathèque du 31 octobre au 25 novembre)
Titre français : Le mauvais chemin. 


                                 
 Claudia Cardinale Jean-Paul Belmondo
L’analyse des mœurs dissolues du monde citadin
La Viaccia est l’adaptation d'un roman éponyme de Mario Profesi (1842-1921). Écrivain rattaché au courant vériste, il est surtout connu pour ses bozzeti (petits tableaux de mœurs populistes) et ses récits toscans. L'inspiration du romancier se retrouve pleinement dans la description de l'environnement rural du jeune Amerigo mais aussi dans l'analyse des mœurs dissolues du monde citadin. Bolognini, comme à son habitude, respecte le matériau littéraire qu'il a choisi d’adapter, celui-ci étant déjà en parfaite symbiose avec sa propre sensibilité artistique.

Un couple dont la jeunesse offre un visage tragique
Pour incarner le paysan et la prostituée, il a choisi deux comédiens en pleine gloire : le français Jean-Paul Belmondo (c'est l'époque où la France et l'ltalie s'échangent de nombreux talents) et l'italienne Claudia Cardinale, Le premier, lancé par À bout de souffle en 1960, vient tout juste de tourner Classe tous risques de Claude Sautet et Moderafo Cantabile de Peter Brook. La seconde, quant à elle, est depuis Le Pigeon de Monicelii en 1955 une star et une actrice accomplie qui, avec La Fille à la valise et Rocco et ses frères, a fait la preuve de son talent dramatique. Dans le film de Bolognini ils forment l’un et l'autre un couple inoubliable, dont la jeunesse, souillée par la maladie. le vice et les désillusions, offre un visage tragique.


La qualité de la direction artistique
Présenté en avant-première mondiale au Festival de Cannes le l5 mai 1961, La Vaccia marque les esprits par la qualité de sa direction artistique. Les costumes et les décors du grand Piero Tosi (récemment décédé, le i0 août dernier) et la lumière de Leonida Barboni servent au mieux le style raffiné,pictural, de Mauro Bolognini, qui reprend 81 son compte les recherches plastiques du courant calligraphiste mais pour les réinsérer dans un cadre réaliste, parfois trivial, et les relier à des questions plus modernes comme la sexualité, qu'il est l’un des premiers à aborder aussi frontalement en Italie.
Le formalisme du cinéaste, comme sa sensibilité littéraire, procèdent moins d'un esthétisme complaisant que d'un souci de fidélité à une réalité sociale ou historique, à un contexte qu'il s'agit de restituer de la façon la plus crédible et la plus précise possible. Le perfectionnisme formel n'est donc pas chez lui un habillage, une simple parure, mais une nécessité du drame : son expression.

Distribution
Jean-Paul Belmondo :     Amerigo Casamonti
Claudia Cardinale :         Bianca
Pietro Germi :                 Stefano, le père d'Amerigo
Emma Baron :                Giovanna, la mère d'Amerigo
Paul Frankeur :              Ferdinando
Romolo Valli :               Dante



Sortie le 6 novembre en version restaurée


LA VIACCIA bande-annonce from Théâtre du Temple on Vimeo.

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