Cinéma. "Adults in the room". 50 ans après Z, Costa-Gavras reprend son combat politique pour son pays natal
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Adults in the Room : Photo Christos Loulis |
Synopsis
Après 7 années de crise le pays est au bord du gouffre. Des élections, un souffle nouveau et deux hommes qui vont incarner l’espoir de sauver leur pays de l’emprise qu’il subit. Nommé par Alexis, Yanis va mener un combat sans merci dans les coulisses occultes et entre les portes closes du pouvoir européen. Là où l’arbitraire de l’austérité imposée prime sur l’humanité et la compassion.
Ce film est inspiré, et doit son titre, au livre de Yanis Varoufakis, ministre des Finances dans le gouvernement grec d'Alexis Tsípras en 2015 : Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l'Europe
La note : 4/5 ! Costa-Gavras frappe du poing contre l'Europe des banquiers bureaucrates sans âme. Remarquable !
Entretien avec le réalisateur Costa-Gavras (extraits)Comment vous est venue l’idée du film ?
La note : 4/5 ! Costa-Gavras frappe du poing contre l'Europe des banquiers bureaucrates sans âme. Remarquable !
Entretien avec le réalisateur Costa-Gavras (extraits)Comment vous est venue l’idée du film ?
En épiloguant sur la crise économique grecque plus de dix ans après son déclenchement en 2008, on semble avoir oublié que les responsables de cette crise sont les gouvernements qui ont dirigé ce pays pendant près de 50 ans, la Nouvelle démocratie (droite) et le Pasak (socialiste). lls ont laissé se développer, par incompétence et/ou par esprit de clientélisme, une colossale dette de 320 milliards.
Une dette impossible de rembourser. Pendant ce temps, la France et l’Allemagne vendaient sans état d’âme leurs produits, automobiles ou autres, et plus particulièrement ceux de leur industrie de guerre, à un pays qu'ils savaient surendetté. Quant à la Commission Européenne, elle laissait faire.
En 2015, Michèle produisait un film à Saloníque en pleine crise de la fermeture des banques grecques. C'est alors qu’elle m’envoie le 14 juillet une interview de Yanis Varoufakis dans le New Statesman avec un commentaire lapidaire : « Il y a là un film ».
Dès le début du déclenchement de la crise, j’avais senti que le pays entrait dans un long drame, comme il en a tant connu depuis son existence comme Etat-Nation en 1821. L’idée d’un film est donc née dès que j’ai pris conscience du piège de l’appauvrissement et de l’impuissance dans lequel était prise la majorité du peuple grec.
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Christos LOULIS |
Oui. Mais sur quoi ? Sur les piégés ou sur le piège ?
Je commençais à réunir toutes les informations possibles sur la Grèce, en grec, en français, en anglais. Il y avait de bonnes analyses mais aussi des contradictions, des tergiversations, des attaques violentes et beaucoup de conjonctures obscures.
La Commission Européenne et son auxiliaire, l’eurogroupe, étaient de plus en plus impliqués dans ce qui devenait une confrontation ouverte avec la Grèce. Elle s’est transformée en guerre déclarée après l’arrivée au pouvoir du parti radical de gauche Syriza, de son premier ministre Alexis Tsipras et de son ministre des finances Yanis Varoufakis.
Il devenait clair pour moi que la priorité de la Commission et de son Eurogroupe était de sauver les banques allemandes et françaises. Et non pas d’aider le peuple grec mais de le punir parce qu’il avait porté au pouvoir des gauchistes. Toute préoccupation sur ce qu’ils lui infligeaient avait disparu.
Sa résistance inattendue, avec les propositions du gouvernement grec et de son ministre de l’économie, ont déclenché une tempête de critiques et une avalanche de haine, orale et écrite, accompagnées du refus de négocier et du diktat de se soumettre. Sinon c’était la sortie de la Grèce de l'Euro.
Je suivais ces péripéties passionnantes et redoutables où le conflit se développait au-delà de l'économie. La violence politique, la haine pour l’autre, les préjugés et la xénophobie, la corruption des idées se développaient sans limite.
Dans la considérable documentation que j’avais réuni, il y avait tout cela et bien plus. Les protagonistes, les victimes, les meneurs cachés de ces situations dramatiques...
Mais comment, de cette masse d'informations, sortir un scénario ?
Cela me faisait penser à cette histoire du petit garçon qui voit un gros bloc de marbre dans l’atelier du sculpteur. Quelques temps plus tard, quand il revient, il voit s’ébaucher dans le bloc le visage d’une jolie femme. «Comment savais-tu qu’elle était là-dedans?››, demande-t-il au sculpteur. Je savais qu'il y avait dans mes gros dossiers un scénario. Mais lequel ?
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Costa-Gavras |
Le message de Michèle et l'article m'ont conduit à Varoufakis sur lequel j'avais quelques préjugés à la suite des choses négatives que toute la presse écrivait a son propos
J’ai voulu le rencontrer...
À la fin de cette première rencontre, il m'a confié son projet d'écrire un livre sur son expérience d’outsider devenu un insider de la politique. Nous sommes restés en contact, et nous avons décidé qu'il m'enverrait au fur et à mesure les chapitres de son livre.
Depuis notre rencontre, je réfléchissais à la structure du scénario. je décidais d’explorer le piège, mais sans négliger les piégés. ]'avais une ligne directrice générale avec comme centre les réunions de l’Eurogroupe. Et pour les dialogues, les enregistrements qu’il m’avait fait écouter. je finissais ma biographie et je me suis mis à travailler sur le scénario.
Yanis Varoufakis a-t-il participé au scénario ?
Par principe, je ne travaille pas avec les auteurs des livres que j'adapte. En ce qui concerne ce projet, j’ai souvent demandé à Yanis Varoufakis des précisions techniques et économiques pour vérifier et compléter certaines scènes du scénario et pour comprendre certaines situations dans le labyrinthe qu’est l'économie.
Vous sentez-vous toujours Grec ?
On n’oublie jamais le pays où on est né. Et qui plus est, quand ce pays est la Grèce. Je l’ai fui parce qu’il n’offrait alors aux jeunes de ma classe sociale qu’une vie de soumission dans une théo-démocratie. Immigré, la France m’a permis d’aller au-delà de mes rêves.
Mon sentiment de grécité a ressurgi à la prise du pouvoir par les colonels. Ma résistance personnelle a alors été de tourner Z.
Depuis dix ans, la crise grecque, en replongeant le pays dans la même situation qui m’avait fait fuir, m’a amené tout naturellement à exprimer à nouveau ma révolte.
C’est cette tragédie, qui n’est pas terminée que je raconte dans mon film Adults in the room.
LISTE ARTISTIQUE
Christos LOULIS Yanis
Alexanclros BOURDÔUMIS Alexis
Ulrich TUKUR Wolfgang
Daan SCHUURMANS Jeroen
Christos STERGIOGLOU Salcis
Dimitris TARLOW Efklis
Alexanclros LOGOTHETIS Manos
Îosiane PINSON Christine
Cornelius OBONYA Wims
Aurélien RECÔING Pierre
Vincent NEMETH Michel
Sortie le 6 novembre
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