69 Année érotique. Exposition du 21 novembre au 7 décembre à la Galerie T&L


JACQUES MONORY
 Exercice de style n*3, 1967


« 69 année érotique », un refrain mythique que l'on fredonne spontanément. C'est aussi le titre d'une exposition montée par la Galerie T&L, qui s'invite dans l'espace du 24Beaubourg, du 21 novembre au 7 décembre 2019. Entrée libre.

Érotisme et sensualité délicieusement vintages
Pour célébrer les cinquante ans de cette année symbolisant la libération des mœurs, les deux galeristes, Tancrède Hertzog et Léopold Legros, ont rassemblé une cinquantaine d'œuvres d'artistes majeurs qui ont épousé les transformations et bouleversements des années 1960. Se composant d'œuvres provenant de nombreux prêteurs privés, l'exposition 69 année érotique offre l'occasion au public de découvrir des pièces jamais exposées ou en mains privées depuis longtemps. Sélectionnées avec soin pour leur caractère historique et leur rareté, la plupart sont proposées à la vente.

L'an passé, de nombreuses expositions ont contribué à faire revivre l'atmosphère fiévreusement politique de Mai 68. En contrepoint, la Galerie T&L a, quant à elle, pris le parti de montrer le versant hédoniste du Pop français, en présentant un important ensemble d'œuvres exaltant un érotisme et une sensualité au parfum délicieusement vintage.

Coup de projecteur sur le Pop francophone
Comme l'a montré, en 2015, l'exposition de la Tate Modern (Londres) The World Goes Pop, le Pop Art fut un courant mondial, qui, loin de s'arrêter aux frontières du monde anglo-saxon, déferlait partout en même temps que la musique et le cinéma, tandis que s'installait la société de consommation. En France, à Paris, ont éclos durant les 60's et 70's certaines des réussites les plus singulières de ce style Pop international. Ces œuvres sont encore bien trop méconnues et sous-estimées, à la fois par les institutions et le marché de l'art.


                             EVELYNE AXELL L’égocentrique, 1968

Alors que le Pop Art américain fait fureur, les artistes francophones leur font écho, en élaborant leur propre esthétique plus politique, qui fait aussi la part belle à l'hédonisme. Le Pop est un mouvement mais surtout une esthétique qui correspond à l'esprit d'un temps : ainsi, l'exposition comprend bien sûr des artistes de la Figuration narrative, qui sans être littéralement Pop, peuvent être considérés comme certains de ses avatars français. Les Nouveaux Réalistes, comme Alain Jacquet (1939-2008) ont aussi adapté de nombreuses recettes de cette esthétique nouvelle, de même que de nombreux artistes belges, notamment Pol Mara (1920 - 1998) ou Evelyne Axell (1935-1972). L'exposition les présente ensemble, dans une judicieuse complémentarité, sans distinction d'écoles ou de courants.

             GERARD SCHLOSSER Charlus, 1972 copyright Gérard Schlosser

La sélection de la Galerie T&L
La Galerie T&L réunit une quinzaine d’artistes dans un parcours d’oeuvresexécutées entre 1960 et 1980 ayant pour malin plaisir de faire honneur à l’érotisme et à l’esprit de ces décennies de conquêtes de la liberté. Œuvres témoins d’un art pop francophone parfois plus corrosif voire provocateur que celui des Etats-Unis !
Sans prétendre à l’exhaustivité, cette sélection révèle surtout le regard de deux galeristes. En plus des habituelles tête d’affiches comme Monory (1924-2018), Télémaque (né en 1937) ou Schlosser (né en 1931), dont plusieurs oeuvres majeures sont présentées, l’exposition donne à voir les créations de plusieurs artistes plus rares sur les cimaises, tels l’esthète Emanuel Proweller (1918-1981) ou le jouissif Christian Babou (1946-2005) ou encore l’élève psychédélique de Dali et brillant dilettante Frederic Pardo (1944-2005), exhumé par le galeriste Hervé Loevenbruck. Sont également montrées des oeuvre de la comète venue de Belgique Evelyne Axell (1935-1972), disparue tragiquement en 1972, dont l’oeuvre, encore rare en France, est en passe de devenir culte.

Quant au choix de ce thème, il n’est pas qu’un clin d’oeil à la chanson mythique du maître de la Pop Music française, Serge Gainsbourg. Il ne s’agit pas non plus d’aligner des représentations de Pin-Up à la plastique avantageuse dans des positions suggestives. Il semble en effet, aux deux commissaires d’exposition nés plus de 20 ans après la fin des sixties, que les engagements politiques de Mai 68 ont fait long feu. En 2019, plus personne n’oserait être Maoïste, et «Dany le Rouge» a rallié Emmanuel Macron. À l’inverse, les bouleversements sociétaux hérités de cette période continuent d’influer sur nos vies. En d’autres termes, 1969 symbolise cette période et incarne son héritage bien mieux que 1968. Ce dont témoigne cette scène artistique engagée socialement dans son époque sous l’angle subversif et transgressif de l’érotisme, de la mise en scène du désir, du corps féminin ou masculin, objet de toutes les passions.


EVELYNE AXELL L’égocentrique, 1968 Courtesy Galerie La Beraudière

Pour l’exposition 69 année érotique, le choix des deux galeristes s’est porté sur un lieu parisien de 280 m2, le 24 Beaubourg, situé face au Centre Pompidou.
Un catalogue accompagne cette exposition, avec notamment un essai de Stéphane Corréard, critique et expert en art contemporain.


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