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L'Héritage |
Auteur de plus de quarante films, Mauro Bolognini a occupé une place centrale dans le cinéma italien des années 1950 aux années 1980. Souvent envisagé de façon réductrice comme un sous-Visconti maniériste seulement soucieux de transcrire en images léchées des textes littéraires, Bolognini était d’une autre trempe, même si sa sensibilité à la lumière toscane, ses études d’architecture et son goût pour la peinture, le prédisposaient à une grande exigence formelle.
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La Vénitienne |
AU-DELÀ DU STYLE
Après quelques années d’assistanat auprès de Luigi Zampa et en France de Jean Delannoy et d’Yves Allégret, il passe à la réalisation avec des films de commande – c’est ainsi que l’on devenait cinéaste dans les années 1950 – dans lesquels il n’exprime guère ses qualités naturelles.
Après quelques années d’assistanat auprès de Luigi Zampa et en France de Jean Delannoy et d’Yves Allégret, il passe à la réalisation avec des films de commande – c’est ainsi que l’on devenait cinéaste dans les années 1950 – dans lesquels il n’exprime guère ses qualités naturelles.
En 1955, il tourne une comédie prometteuse présentée au festival de Cannes, Les Amoureux, genre dans lequel il donnera en 1959 un des meilleurs films de Totò, Débrouillez-vous. Toutefois, ce sont les films écrits avec Pier Paolo Pasolini qui lui permettent de s’affirmer. Marisa la coquette et Les Jeunes maris sont encore des œuvres mineures mais Les Garçons et Ça s’est passé à Rome plongent dans l’univers littéraire des Ragazzi di vita et constituent des anticipations des futurs films de l’écrivain. L’observation désenchantée d’une jeunesse à la dérive établit une rupture décisive dans le conformisme d’une société en pleine transformation.
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La Villa del Venerdi |
L’ART DE LA NUANCE
L’évolution vers des œuvres qui expriment davantage sa nature de cinéaste particulièrement soucieux de précision stylistique se fait par étapes. Première grande adaptation d’un texte littéraire, Le Bel Antonio (1960), d’après Vitaliano Brancati, révèle ses talents de metteur en scène au service de romans célèbres. Transposant le récit de l’époque fasciste à la période contemporaine, il y décrit la société sicilienne dominée par la figure virile d’un mâle soudain mis en crise par la découverte de son impuissance.
L’évolution vers des œuvres qui expriment davantage sa nature de cinéaste particulièrement soucieux de précision stylistique se fait par étapes. Première grande adaptation d’un texte littéraire, Le Bel Antonio (1960), d’après Vitaliano Brancati, révèle ses talents de metteur en scène au service de romans célèbres. Transposant le récit de l’époque fasciste à la période contemporaine, il y décrit la société sicilienne dominée par la figure virile d’un mâle soudain mis en crise par la découverte de son impuissance.
Il signe ensuite deux œuvres qui révèlent son sens aigu de l’image, son aisance à recréer des atmosphères du passé, sa prédilection pour des histoires passionnelles proches du mélodrame :
- Le Mauvais chemin (1961), d’après Mario Pratesi,
- Quand la chair succombe (1962), d’après Italo Svevo.
Avec ces films, Bolognini confirme qu’il est un exceptionnel directeur d’acteurs, donnant à Claudia Cardinale en pensionnaire d’une maison close ou en « garçonne » émancipée des rôles à la mesure d’une personnalité plus complexe qu’il n’y paraît. Jean-Paul Belmondo, paysan séduit par les artifices de la ville, et Antony Franciosa, intellectuel incapable d’affronter la réalité, y sont également remarquables. Avec l’aide de Leonida Barboni pour le premier et d’Armando Nannuzzi pour le second, il utilise le noir et blanc avec une science consommée des nuances. Il recrée l’atmosphère de Florence à la fin du XIXe siècle ou de Trieste pendant les années 1920 avec un génie figuratif qui semble sorti du chevalet d’un peintre ou d’un atelier de graveur d’eaux fortes.
PORTRAITS DE L’ITALIE
Après avoir réalisé de nombreux sketches – c’était la mode en Italie et tous les cinéastes y ont sacrifié – dont le poétique La balena bianca (1966) d’après un sujet de Goffredo Parise où il met en scène dans le cadre d’un cirque les amours pathétiques de deux nains, il entame une série de portraits de l’Italie qui change, celle de l’État unitaire de la fin du XIXe siècle et celle de l’époque fasciste, et revisite des lieux auxquels il donne une patine unique. La Florence de Metello, la Milan de Bubù de Montparnasse, la Bologne de La Grande bourgeoisie, la Lucques de Vertiges, la Padoue de Liberté, mon amour ou la Rome de L’Héritage comptent sans doute parmi les images les plus sensuelles que le cinéma ait pu produire de ces lieux souvent portés à l’écran.
Ses films les plus célèbres appartiennent à cette période. Dans chacun d’eux, le cinéaste parvient à mettre le raffinement formel dont il est coutumier au service d’un engagement idéologique et artistique sans concessions. A propos de Metello, il note : « C’est un des films qui me tient le plus à cœur. […] J’ai été vivement critiqué parce que le film était sentimental, non suffisamment politique. Moi, je le voulais sentimental : je n’ai pas honte d’utiliser les sentiments et si le film peut émouvoir, tant mieux. L’histoire que je racontais m’intéressait d’abord comme condition humaine et seulement après comme considération politique. Je ne peux pas faire du cinéma en tant qu’homme politique, je le fais en tant que cinéaste. »
LA VIE PAR-DESSUS TOUT
Après L’Héritage, sans doute son chef-d’œuvre (prix d’interprétation féminine au festival de Cannes pour Dominique Sanda), Bolognini explore de nouvelles voies et signe deux œuvres quasi expérimentales :
PORTRAITS DE L’ITALIE
Après avoir réalisé de nombreux sketches – c’était la mode en Italie et tous les cinéastes y ont sacrifié – dont le poétique La balena bianca (1966) d’après un sujet de Goffredo Parise où il met en scène dans le cadre d’un cirque les amours pathétiques de deux nains, il entame une série de portraits de l’Italie qui change, celle de l’État unitaire de la fin du XIXe siècle et celle de l’époque fasciste, et revisite des lieux auxquels il donne une patine unique. La Florence de Metello, la Milan de Bubù de Montparnasse, la Bologne de La Grande bourgeoisie, la Lucques de Vertiges, la Padoue de Liberté, mon amour ou la Rome de L’Héritage comptent sans doute parmi les images les plus sensuelles que le cinéma ait pu produire de ces lieux souvent portés à l’écran.
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Le Bel Antonio |
LA VIE PAR-DESSUS TOUT
Après L’Héritage, sans doute son chef-d’œuvre (prix d’interprétation féminine au festival de Cannes pour Dominique Sanda), Bolognini explore de nouvelles voies et signe deux œuvres quasi expérimentales :
- L’Absolu naturel d’après Goffredo Parise, un étonnant portrait de femme libérée interprétée par Sylva Koscina;
- Black Journal à partir d’un scénario s’inspirant d’un fait divers authentique. Pour donner la réplique à Shelley Winters en furie vengeresse, les rôles des victimes sont tenus par des hommes travestis (Max Von Sydow, Renato Pozzetto, Alberto Lionello) dans une inspiration baroque assez surprenante.
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Le mauvais chemin |
Bolognini s’est toujours défendu d’éprouver la moindre complaisance à l’égard de la forme : « La recherche que je fais de la forme ne constitue jamais un but. Quand je tourne à Florence ou à Rome, je cherche toujours, dans ces rues, dans ces costumes, la vie. La forme vient après, je ne cherche pas d’abord la forme pour trouver la vie. Voilà une chose dont je suis accusé très souvent. Je tourne le film en très peu de temps ; je n’ai pas le loisir de m’arrêter pour rechercher un beau plan. Je tourne en jetant les gens dans une rue et ensuite, avec la caméra à la main, je vais de l’avant. »
D'après Jean A. Gili
D'après Jean A. Gili
LES FILMS
- Adieu Moscou Mauro Bolognini / Italie / 1986 Ve 22 nov 14h30
- Agostino Mauro Bolognini / Italie / 1962 Je 7 nov 21h30Je 21 nov 21h00
- Amoureux (Les) Mauro Bolognini / Italie, France / 1955 Me 6 nov 17h00Je 14 nov 17h00
- Arabella Mauro Bolognini / Italie / 1967 Ve 15 nov 14h30
- Bel Antonio (Le) Mauro Bolognini / Italie-France / 1959 Sa 2 nov 21h00Sa 16 nov 14h30
- Black Journal Mauro Bolognini / Italie / 1977 Lu 11 nov 19h15Me 13 nov 21h30
- Bubù de Montparnasse Mauro Bolognini / Italie / 1970 Di 10 nov 17h15Di 24 nov 21h15
- Ça s'est passé à Rome Mauro Bolognini / Italie-France / 1960 Di 17 nov 21h00Je 21 nov 19h00
- Ce merveilleux automne Mauro Bolognini / Italie-France / 1968 Sa 9 nov 19h00Di 17 nov 19h00
- Chevalier de Maupin (Le) Mauro Bolognini / Italie, France / 1965 Sa 9 nov 17h00Di 17 nov 17h00
- Chronique d'un homicide Mauro Bolognini / Italie / 1972 Lu 11 nov 17h00
- Corruption (La) Mauro Bolognini / Italie-France / 1963 Ve 1 nov 17h00Di 3 nov 21h00Sa 16 nov 21h15
- D'Artagnan, chevalier de la reine Joseph Lerner, Mauro Bolognini / Italie / 1954 Di 17 nov 14h00
- Dame aux camélias (La) Mauro Bolognini / France, Italie / 1980 Me 13 nov 19h00Di 24 nov 16h30
- Débrouillez-vous ! Mauro Bolognini / Italie / 1959 Je 14 nov 14h30
- Garçons (Les) Mauro Bolognini / Italie-France / 1959 Sa 2 nov 19h00Sa 16 nov 19h00
- Grande bourgeoise (La) Mauro Bolognini / Italie, France / 1974 Di 10 nov 19h30Sa 23 nov 19h00
- Guardia, guardia scelta, brigadiere e maresciallo Mauro Bolognini / Italie / 1956 Je 7 nov 15h30
- Héritage (L') Mauro Bolognini / Italie / 1975 Sa 23 nov 21h30
- Jeunes maris (Les) Mauro Bolognini / Italie-France / 1958 Sa 2 nov 17h00Sa 16 nov 17h00
- Liberté mon amour Mauro Bolognini / Italie / 1973 Me 6 nov 19h30Ve 15 nov 17h00
- Marisa la coquette Mauro Bolognini / Italie / 1957 Me 6 nov 21h45
- Mauvais chemin (Le) Mauro Bolognini / Italie-France / 1960 Je 31 oct 19h30Je 21 nov 14h30
- Metello Mauro Bolognini / Italie / 1969 Sa 9 nov 21h30Di 24 nov 19h00
- Quand la chair succombe Mauro Bolognini / Italie-France / 1961 Di 3 nov 18h30Je 14 nov 21h30
- Une fille formidable Mauro Bolognini / Italie / 1953 Me 13 nov 17h15
- Veine d'or (La) Mauro Bolognini / Italie / 1955 Ve 8 nov 16h00Lu 11 nov 21h45
- Vénitienne (La) Mauro Bolognini / Italie / 1985 Lu 18 nov 17h00
- Vertiges Mauro Bolognini / Italie-France / 1975 Di 10 nov 22h00Di 24 nov 14h15
- Villa del Venerdi (La) Mauro Bolognini / Italie / 1991 Lu 11 nov 14h30
FILMS À SKETCHES
- Caprice à l'italienne Steno, Mauro Bolognini, Pier Paolo Pasolini, [etc.] / Italie / 1967 Sa 9 nov 15h00
- Mia signora (La) Tinto Brass, Luigi Comencini, Mauro Bolognini / Italie / 1964 Je 21 nov 16h45
- Ogresses (Les) Luciano Salce, Mario Monicelli, Mauro Bolognini, Antonio Pietrangeli / Italie, France / 1966 Sa 23 nov 16h30
- Où es-tu allé en vacances ? Mauro Bolognini / Italie / 1978 Ve 22 nov 16h45
- Plus vieux métier du monde (Le) Franco Indovina, Mauro Bolognini, Philippe de Broca, Claude Autant-Lara, Jean-Luc Godard, Michael Pfleghar / France-Italie-République fédérale d'Allemagne / 1966 Me 20 nov 17h15
- Poupées (Les) Dino Risi, Luigi Comencini, Mauro Bolognini, Franco Rossi / Italie, France / 1964 Me 6 nov 14h30
- Sorcières (Les) Luchino Visconti, Mauro Bolognini, Pier Paolo Pasolini, Vittorio De Sica, Franco Rossi / Italie-France / 1966 Lu 25 nov 14h30
- Trois visages (Les) Michelangelo Antonioni, Mauro Bolognini, Franco Indovina / Italie / 1964 Sa 23 nov 14h00
SÉRIE TV
- Chartreuse de Parme (La) Mauro Bolognini / Italie-France-République fédérale d'Allemagne / 1982 Je 7 nov 18h00Ve 8 nov 18h00
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