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Henri Matisse, Le pare-brise. Sur la route de Villacoublay, 1917
Huile sur toile, 58 x 75 cm, Cleveland Museum of Art
© Succession H. Matisse / Photo : © Bridgeman Images
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CINÉMATISSE au Musée Matisse de Nice
Nice poursuit son parcours cinéma & arts avec la grande exposition CINÉMATISSE au Musée Matisse
Dans le cadre de la Biennale des Arts « Nice 2019. L’Odyssée du Cinéma », la Ville de Nice vous invite à découvrir l’exposition CINÉMATISSE au Musée Matisse du 19 septembre 2019 au 5 janvier 2020.
Pour la première fois, le musée Matisse se propose d’explorer les liens entre Henri Matisse et le cinéma. Spectateur assidu, véritable cinéphile de cinéclub et de salles populaires, le peintre se passionne pour ce qui compte en son temps de plus original et de plus lointain : de Jean Renoir à Flaherty, de René Clair à F.W. Murnau, des films scientifiques à Tarzan…
Si Matisse aborde le cinéma comme un divertissement, son œuvre en reçoit une influence décisive, iconographiquement et structuralement. Ses écrits en font foi : c’est son œuvre entière qu’il perçoit comme une cinématographie et l’observation de sa propre pratique de peintre emprunte fréquemment la loupe temporelle qu’est la caméra.
En retour, le cinéma moderne lui a manifesté une sorte de gratitude et particulièrement la Nouvelle Vague française (Jacques Rivette, Éric Rohmer, Jean-Luc Godard, Jacques Demy, Agnès Varda…).
François
Campaux, Henri Matisse, 1946
Photogramme
©
Michel Valio-Cavaglione / Distribution Argos Films
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Pour la première fois, le musée Matisse se propose d’explorer les liens entre Henri Matisse et le cinéma. Spectateur assidu, véritable cinéphile de cinéclub et de salles populaires, le peintre se passionne pour ce qui compte en son temps de plus original et de plus lointain : de Jean Renoir à Flaherty, de René Clair à F.W. Murnau, des films scientifiques à Tarzan…
Si Matisse aborde le cinéma comme un divertissement, son œuvre en reçoit une influence décisive, iconographiquement et structuralement. Ses écrits en font foi : c’est son œuvre entière qu’il perçoit comme une cinématographie et l’observation de sa propre pratique de peintre emprunte fréquemment la loupe temporelle qu’est la caméra.
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Amanda Langlet dans Pauline à la Plage (Eric Rohmer) |
En retour, le cinéma moderne lui a manifesté une sorte de gratitude et particulièrement la Nouvelle Vague française (Jacques Rivette, Éric Rohmer, Jean-Luc Godard, Jacques Demy, Agnès Varda…).
On se souvient du magnifique film de Rohmer "Pauline à la Plage" ce qui constitue une bonne introduction à l'art ciné-tique et aux liens particuliers que le maître entretenait avec le cinéma.
Cette génération novatrice a élu Henri Matisse comme un de ses « patrons » aux côtés de Roberto Rossellini et Jean Renoir. La Nouvelle Vague cite certaines de ses œuvres ou s’inspire de ce que l’on supposa relever de son art de l’improvisation.
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Henri Matisse, Les Abeilles, 1948
Papiers gouachés découpés, 101 x 240 cm, musée Matisse, Nice - Don des héritiers de l’artiste, 1963 © Succession H. Matisse / Photo : François Fernandez
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Le parcours de l’exposition apportera sur plus de 500 m2 un matériau visuel stimulant mettant en regard plus de 83 œuvres d’Henri Matisse avec des extraits de films des premiers temps des Frères Lumière ou de Jean Comandon ; la plasticité du cinéma muet le fascine, celui de Friedrich Wilhelm Murnau, Jean Epstein, Jean Mitry ou Germaine Dulac ; le cinéma classique sonore de Jean Renoir et de René Clair.
Quelques films montrant Matisse à l’œuvre, notamment celui de François Campaux (1946) ainsi que, retrouvé et restauré pour cette occasion, celui de Marcel Ophüls (1960) ou encore des images le montrant peignant et découpant (dans) la couleur. Des extraits ou des photogrammes, autant de pièces à conviction empruntées aux films de Jacques Demy, Agnès Varda, Éric Rohmer seront présentés.
L’art actuel ne s’est pas trompé : certains artistes contemporains ont déjà dévoilé ces liens profonds qui unissent le peintre passionné de séries graphiques et décoratives avec l’image-mouvement : Jean Michel Alberola, Pierre Buraglio, Henri Foucault, Madeleine Roger-Lacan qui propose ici un travail remarquable inspiré de ses rêveries, Raymond Hains, Jacques Villeglé, Ange Leccia, Alain Fleischer…
Raymond Hains et Jacques Villeglé se sont attachés aux variations, aux ondoiements d’aplats colorés qu’ils ont animés sur le papier et par le film, invitant ainsi à imaginer ce qu’aurait pu être la mise en mouvement des sinuosités océaniennes de Matisse. Ange Leccia renverse l’écran et l’écume du ressac dessine une arabesque ascendante qui se joue de la gravité. Alain Fleischer a filmé les vagues. L’une d’entre elles devenue immobilité gelée, et toujours ondoyante, inverse le mythe galatéen. Les chatoiements et les sinuosités d’Henri Foucault dialoguent avec le décoratif conceptuel de Matisse.
Madeleine Roger-Lacan, la plus jeune du groupe, a réussi le pari en une seule toile (sans d'ailleurs connaître le projet de l’exposition) d’en résumer les enjeux : odalisque, vague et défilement des photogrammes.
Elle nous livre ici les clés de son travail :
Cette peinture parle de la langueur amoureuse, l’obsession qu'on peut faire pour un visage, une personne qu’on connaît peu. Un sentiment que je lie à l’adolescence. Le fait de découper le visage du garçon pour le coller sur l’odalisque bleue esquissée qui se transforme en vague transpose cette langueur au fond d’une piscine psychique. Les carreaux de la piscine deviennent des photos déchirées de cette personne. Cette action de coller des photos du garçon qu’on aime et de le déchirer lorsque la peine amoureuse arrive vient sûrement du film « La boum » où Vic le personnage principal arrache toutes les photos de son petit copain dont elle a tapissé le mur de sa chambre car il drague une autre fille. Le contraste entre le visage du garçon peint par observation qui révèle le plaisir scopique du peintre, et les photos déchirées réactive la sensation d’une langueur amoureuse douce et douloureuse.
A côté, Jean Michel Alberola boucle et réfléchit le tourment exotique de Matisse : commencée avec Murnau et son Tabou, il est permis de rêver au terme de l’exposition à une salle de cinéma qui se serait nommée Cinéma-Tahiti comme les Cinéma Roxy, CinémaPetit Carnegie, Ciné-Raspail et encore le petit Cinéma des Champs-Elysées dans lesquels Matisse épanchait sa gourmandise cinéphile comme l’atteste son agenda.
L’exposition CINÉMATISSE sera accompagnée d’un catalogue illustré de 124 pages comprenant des contributions de Claudine Grammont, Dominique Païni, Alix Agret, Claude Arnaud et Isabelle Monod-Fontaine, aux éditions InFine, Paris.
CINÉMATISSE
11 OCT. > 20H / 13 OCT. > 17H
Projection du film Le Bonheur d'Agnès Varda, lauréat du
Prix Louis Delluc en 1964.
Séance proposée à l'occasion de l'exposition "Cinématisse"
jusqu'au 5 janvier 2020 au Musée Matisse, dans le cadre de "Nice
2019, l'Odyssée du cinéma".
Quelques films montrant Matisse à l’œuvre, notamment celui de François Campaux (1946) ainsi que, retrouvé et restauré pour cette occasion, celui de Marcel Ophüls (1960) ou encore des images le montrant peignant et découpant (dans) la couleur. Des extraits ou des photogrammes, autant de pièces à conviction empruntées aux films de Jacques Demy, Agnès Varda, Éric Rohmer seront présentés.
L’art actuel ne s’est pas trompé : certains artistes contemporains ont déjà dévoilé ces liens profonds qui unissent le peintre passionné de séries graphiques et décoratives avec l’image-mouvement : Jean Michel Alberola, Pierre Buraglio, Henri Foucault, Madeleine Roger-Lacan qui propose ici un travail remarquable inspiré de ses rêveries, Raymond Hains, Jacques Villeglé, Ange Leccia, Alain Fleischer…
Raymond Hains et Jacques Villeglé se sont attachés aux variations, aux ondoiements d’aplats colorés qu’ils ont animés sur le papier et par le film, invitant ainsi à imaginer ce qu’aurait pu être la mise en mouvement des sinuosités océaniennes de Matisse. Ange Leccia renverse l’écran et l’écume du ressac dessine une arabesque ascendante qui se joue de la gravité. Alain Fleischer a filmé les vagues. L’une d’entre elles devenue immobilité gelée, et toujours ondoyante, inverse le mythe galatéen. Les chatoiements et les sinuosités d’Henri Foucault dialoguent avec le décoratif conceptuel de Matisse.
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Underwater Teenage Crush, 73cmx150cm, huile, collage, acrylique, 2018 Madeleine Roger-Lacan |
Madeleine Roger-Lacan, la plus jeune du groupe, a réussi le pari en une seule toile (sans d'ailleurs connaître le projet de l’exposition) d’en résumer les enjeux : odalisque, vague et défilement des photogrammes.
Elle nous livre ici les clés de son travail :
Cette peinture parle de la langueur amoureuse, l’obsession qu'on peut faire pour un visage, une personne qu’on connaît peu. Un sentiment que je lie à l’adolescence. Le fait de découper le visage du garçon pour le coller sur l’odalisque bleue esquissée qui se transforme en vague transpose cette langueur au fond d’une piscine psychique. Les carreaux de la piscine deviennent des photos déchirées de cette personne. Cette action de coller des photos du garçon qu’on aime et de le déchirer lorsque la peine amoureuse arrive vient sûrement du film « La boum » où Vic le personnage principal arrache toutes les photos de son petit copain dont elle a tapissé le mur de sa chambre car il drague une autre fille. Le contraste entre le visage du garçon peint par observation qui révèle le plaisir scopique du peintre, et les photos déchirées réactive la sensation d’une langueur amoureuse douce et douloureuse.
Il y a aussi un un mouvement entre réalité, le visage peint par observation et les photos, et les sensations invisibles qui sont signifiés par: l’esquisse, le collage et le découpage. Un aller retour qui est très important pour moi.
A côté, Jean Michel Alberola boucle et réfléchit le tourment exotique de Matisse : commencée avec Murnau et son Tabou, il est permis de rêver au terme de l’exposition à une salle de cinéma qui se serait nommée Cinéma-Tahiti comme les Cinéma Roxy, CinémaPetit Carnegie, Ciné-Raspail et encore le petit Cinéma des Champs-Elysées dans lesquels Matisse épanchait sa gourmandise cinéphile comme l’atteste son agenda.
L’exposition CINÉMATISSE sera accompagnée d’un catalogue illustré de 124 pages comprenant des contributions de Claudine Grammont, Dominique Païni, Alix Agret, Claude Arnaud et Isabelle Monod-Fontaine, aux éditions InFine, Paris.
CINÉMATISSE
11 OCT. > 20H / 13 OCT. > 17H
Projection du film Le Bonheur d'Agnès Varda, lauréat du
Prix Louis Delluc en 1964.
Séance proposée à l'occasion de l'exposition "Cinématisse"
jusqu'au 5 janvier 2020 au Musée Matisse, dans le cadre de "Nice
2019, l'Odyssée du cinéma".
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