Il était une seconde fois, fantastique mini-série avec avec Gaspard Ulliel et Freya Mavor


Gaspard Ulliel, Freya Mavor

Le jeudi 29 août 2019 à 20h55

En intégralité sur arte.tv du 22 août au 26 octobre 2019
Après une rupture douloureuse, Vincent a l’opportunité de reconquérir Louise, son amour perdu en retournant dans le passé.

Pour sa première série, Guillaume Nicloux (Thalasso, La Religieuse, L’enlèvement de Michel Houellebecq) s’approprie le motif du voyage dans le temps et raconte une quête amoureuse et existentielle, avec
 l'excellent Gaspard Ulliel (César du meilleur acteur en 2017) et Freya Mavor (Skins, La dame dans l’auto) la femme aux deux visages, 
à la fois aimable et détestable (dans la série) ! 

Gaspard Ulliel, Freya Mavor



Guillaume Nicloux (La Religieuse, L’enlèvement de Michel Houellebecq, Valley of Love) reste fidèle à son éclectisme. Après le long métrage Les confins du monde, qui se déroulait dans l’Indochine de 1945, il retrouve Gaspard Ulliel mais change totalement d’univers avec cette histoire d’amour contemporaine, qui réinvente le motif du voyage dans le temps. En plein désarroi sentimental après une rupture, un jeune homme a la possibilité de revenir dans le passé pour reconquérir sa belle. Privilégiant les questions plutôt que les réponses, Guillaume Nicloux construit un itinéraire dans des temps parallèles, donnant progressivement une dimension métaphysique à la quête amoureuse de Vincent. Entourés de seconds rôles qui participent à la savoureuse étrangeté de cet univers, Gaspard Ulliel et Freya Mavor forment un couple habité et donnent à leur histoire romantique et tragique un souvenir entêtant.





Entretien avec Guillaume Nicloux

À l’exception, d’une certaine manière, de Valley of Love, c’est la première fois que vous abordez frontalement une histoire d’amour… Oui, au départ de ce projet, il y a eu la tentation de s’emparer de ce genre-là, le film d’amour, et de le revisiter en le mêlant au fantastique. J’avais le désir d’aborder des sentiments moins mortifères que dans mon film précédent, Les confins du monde, où le personnage joué par Gaspard Ulliel choisissait la vengeance plutôt que de vivre un amour passionel. Ici, c’est le contraire : il ne veut pas renoncer à ses sentiments, au point de profiter d’un outil qui lui permet de remonter le temps pour tenter de corriger ses erreurs, comme s’il essayait de rattraper ce qu’il n’avait pas réussi à faire dans le film d’avant.

Il ne s’agit pas pour autant de l’histoire d’une reconquête… Derrière cette quête amoureuse se cache une quête existentielle, et peut-être aussi un désir de paternité, qui peut faire écho à un autre de mes films. Dans La clef, le personnage principal ne pouvait pas devenir père tant qu’il n’avait pas résolu le mystère de sa propre naissance. Les genres sont des alibis qui permettent de raconter des histoires. Je ne rationalise pas mon travail sur le moment, ce n’est que rétrospectivement que je prends conscience des liens qui se tissent entre les films. Ces dernières années, je vois revenir le motif de l’enfermement des personnages, dans un monastère, une maison, un désert californien, une forêt, la jungle indochinoise et, à présent, à l’intérieur de ce cube qui permet au personnage de Gaspard Ulliel de voyager à travers le temps… 

Le format de la série s’est-il imposé dès le départ ? Très tôt, nous avons trouvé que quatre épisodes constituaient la bonne durée pour raconter cette histoire. Mais il ne s’agit pas d’une série traditionnelle… Cela m’amusait d’y intégrer certains artifices propres à ce format, en les détournant : par exemple, installer de la tension en fin d’épisode, et, dans le suivant, ne pas reprendre le récit là où on l’attend… Il me semblait que cette façon différente de susciter du suspense pouvait nourrir l’histoire de manière stimulante. Je ne suis pas l’inventeur de ce procédé, présent dans certaines séries, mais d’une manière générale, j’essaye toujours de donner au spectateur la possibilité de se laisser mener par autre chose qu’une logique de résolution. Dans Il était une seconde fois, on trouve aussi bien des flash-back que des flash-forward, des rêves ou des fantasmes… Face à ce réseau complexe, le spectateur peut construire un puzzle ou se laisser guider de façon impressionniste par le voyage émotionnel du personnage. C’est une expérience ouverte, que j’espère jouissive… 

Au centre, il y a le couple que forment Gaspard Ulliel et Freya Mavor. Pourquoi eux ? Gaspard était là dès le départ. Les confins du monde ont suscité en nous une obligation tacite : se retrouver autour de ce nouveau personnage, pour prolonger l’expérience. Freya est arrivée au dernier moment. J’étais en repérages à Londres quand je l’ai rencontrée. J’ai vu son visage et je me suis dit que c’était elle. L’incarnation ne s’explique pas vraiment… Cela repose sur quelque chose d’invisible, une envie de capter chez une personne tout ce qui n’existe pas dans votre scénario. Quand vous trouvez quelqu’un qui semble endosser tous les espoirs que vous avez placés dans un personnage, c’est suffisant. C’est la différence entre un comédien et un acteur. Le premier s’empare d’une scène et en saisit les intentions par la maîtrise de son jeu. Le second véhicule une grâce qui vous permet de fantasmer votre récit, de vous y projeter. À partir de là, le travail consiste à capter les moments de vie, et ensuite à les recomposer pour inventer ensemble, le plus sincèrement possible. 

Il était une seconde fois
Une mini-série de Guillaume Nicloux et Nathalie Leuthreau
Réalisation : Guillaume Nicloux
Scénario et dialogues : Guillaume Nicloux et Nathalie Leuthreau
Avec Gaspard Ulliel, Freya Mavor, Steve Tran, Sylvain Creuzevault, Eva Ionesco
Coproduction : ARTE France, Unité de production (Bruno Nahon)
(France, 2018, 4x52mn)



Commentaires