En salles ce mercredi la comédie "Venise n'est pas en Italie"



Un film d'Ivan Calbérac, avec Benoît Poelvoorde, Valérie Bonneton et Helie Thonnat.


Note 2,5/5 : Road movie sympa avec une belle energie et de bons interprètes mais scénario paresseux. Réussiront-ils le passage en Italie ?

Emile a quinze ans. Il vit à Montargis, entre un père doux-dingue et une mère qui lui teint les cheveux en blond depuis toujours, parce que, paraît-il, il est plus beau comme ça. Quand la fille qui lui plaît plus que tout l’invite à Venise pour les vacances, il est fou de joie. Seul problème, ses parents décident de l’accompagner…

C’est l’histoire d’un adolescent né dans une famille inclassable, l’histoire d’un premier amour, miraculeux et fragile. C’est l’histoire d’un voyage initiatique et rocambolesque où la vie prend souvent au dépourvu, mais où Venise, elle, sera au rendez-vous.







Entretien avec Ivan Calbérac

À L’ORIGINE DU FILM, IL Y A UN LIVRE : VOTRE PREMIER ROMAN1, ENSUITE ADAPTÉ AU THÉÂTRE…

 j’ai en effet d’abord écrit un roman, Venise n’est pas en Italie (publié chez Flammarion en 2015), choisissant la forme du journal intime pour conter ce récit initiatique. C’est l’histoire d’Émile, 14 ans, qui traverse comme il peut son adolescence entre un père doux dingue qui le fait vivre en caravane, et une mère qui lui teint les cheveux en blond, parce que paraît-il, « il est plus beau comme ça ». J’avais dès le départ conscience que je développais une matière propice à une adaptation cinématographique. Je ne m’attendais pas en revanche à ce que le texte devienne aussi le support d’une pièce de théâtre, ce qui est pourtant arrivé après la prestation de Thomas Solivérès à la soirée de lancement du roman, où il avait lu des extraits du livre en incarnant tous les personnages. Un acteur venait de rencontrer un texte, et un spectacle s’imposait à nous. Ce passage par la scène s’est révélé aussi excitant que profitable : d’une part, il a démontré l’impact que l’histoire pouvait avoir sur un public, le spectacle ayant connu un franc succès, tant critique que public, d’abord au Festival d’Avignon, à Paris, puis en tournée dans toute le France, récompensé par une nomination aux Molières du Meilleur Seul en scène. Il m’a en outre permis d’éprouver les séquences obligatoires du récit, de tester aussi l’humour des situations, des répliques, une salle de théâtre qui rit ou ne rit pas se révélant un indicateur à la fois fiable et assez impitoyable… 





QUELS ONT ÉTÉ LES ENJEUX DE CETTE ADAPTATION ? D’abord, j’ai cherché à me dégager le plus possible de la forme littéraire initiale, du dialogue intérieur du héros, avec ce souci permanent de montrer plutôt que de dire, en limitant ainsi au maximum la voix off. Ensuite, j’ai rééquilibré le poids des personnages dans la narration, et glissé d’un récit centré sur un adolescent, à l’histoire d’une famille, les Chamodot - même si Émile en demeure le pivot. J’ai donc développé les personnages des parents, Bernard et Annie, parfois dans des séquences où Émile ne serait pas présent, afin de leur donner un éclairage supplémentaire, développer de l’ironie dramatique, et du conflit. Le personnage de Bernard, père fantasque et totalement imprévisible, oscille sans cesse entre adjuvant et opposant à son fils adolescent. Les autres membres de la famille, comme la mère, Annie, aimante mais sérieusement névrosée, et le grand frère, Fabrice, toujours prêt à en découdre, ont gagné en présence, pour compliquer la tâche du héros. J’ai aussi créé d’autres personnages, qui interagissent avec les parents, à travers de nouvelles séquences de comédie qui là encore contrarient les objectifs d’Émile et renforcent le décalage de cette famille avec le monde extérieur. Enfin, j’ai cherché à affirmer le mélange des genres intrinsèque au projet : comédie - parfois débridée - et récit initiatique. Les protagonistes vont en effet être confrontés à une série d’épreuves, qui vont les forcer à grandir, à se métamorphoser.

POURQUOI AVOIR CHOISI POUR TITRE « VENISE N’EST PAS EN ITALIE » ? Parce que les choses ne sont pas toujours là où on le croit. Parce que c’est une magnifique chanson de Serge Reggiani2 sur un couple qui n’a pas les moyens de partir en voyage : « Venise n’est pas là où tu crois… Venise aujourd’hui c’est chez toi, c’est où tu vas, c’est où tu veux… C’est l’endroit où tu es heureux… ». J’aime cette façon de signifier que le bonheur est en nous, et non à l’extérieur, comme on passe pourtant sa vie à le chercher. 

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