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Isabelle Carré, Jean-Christophe Folly |
Synopsis
Dominick Brassan a le pouvoir de se rendre invisible. Il ne s’en sert pas beaucoup. À quoi bon, d’ailleurs ? Il a fait de son pouvoir un secret vaguement honteux, qu’il dissimule même à sa fiancée, Viveka. Et puis vient un jour où le pouvoir se détraque et échappe à son contrôle en bouleversant sa vie, ses amitiés et ses amours.
Note 3/5. De la poésie, un peu de fantastique, un film agréable mais un peu lent. Golshifteh Farahani tout à fait crédible dans un rôle de non voyante. Belle bande son de Patrick Mario Bernard.
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Isabelle Carré |
Le film ouvre sur une séquence de mystère au cours de laquelle un bébé disparaît de son berceau puis réapparaît, sans explication rationnelle. 38 ans plus tard, l’enfant est devenu un homme, Dominick, qui vit une vie un peu bohème. Musicien, il travaille, sans ambition particulière, dans un magasin de guitare. Il a avec Viveka, une relation amoureuse qui semble ténue.
Sa vie serait ordinaire s’il n’avait pas un don naturel, inexpliqué : il peut se rendre invisible (voilà la scène du berceau expliquée). Il ne sait pas quoi faire de son pouvoir. Est-ce que c’est si enivrant que ça, de pouvoir se rendre invisible ? Il subit son don tout autant qu’il l’exploite. Il le subit d’autant plus qu’il est en train de se détraquer et que cela lui vaut quelques soucis.
Dominick n’est pas le seul à avoir ce pouvoir. Cela semble expliquer une vague d’accidents (ou de suicides ?).
Il est amené à rencontrer sa voisine Elham, qui est aveugle. Elle est son contraire, elle qui est visible et qui ne voit pas alors que Dominick peut voir en étant invisible. Mais cet arc narratif tourne court, et le thème de l'exclusion, que l'on devine en arrière-plan n'est pas très consistant.
Pierre Trividic et Patrick Mario Bernard ont réalisé un film qui joue sur l’opposition visible/invisible tout en diffusant un climat urbain, froid, nocturne, légèrement inquiétant. Ils font aussi discrètement référence aux “invisibles” de notre époque, les exclus de la société.
Pierre Trividic : « L’invisibilité, dans le film, est une métaphore évolutive, qui expose des questions variées. Il est question tour à tour de ce que l’on voit, de ce que l’on ne voit pas, de la façon dont on est vu. Et, parmi toutes ces choses, l’invisibilité est aussi une métaphore sociale, oui. L’invisibilité est une métaphore devenue habituelle dans le champ social. Tout le monde voit bien qui sont ces invisibles. Ce sont des gens qui subissent leur invisibilité. »
Paroles de cinéastes : Aurélia Barbet, Laure Vermeersch
Au début étaient l'enfant et son don d'invisibilité. L'incroyable séquence d'ouverture donne le La de la mise en scène : ample et virevoltante, précise et attentive.
Cinéastes trop rares dans le paysage cinématographique français, Pierre Trividic et Patrick-Mario Bernard nous offrent la réjouissance d'un film fantastique, un conte où les fées se penchent sur un berceau, catapulté dans une ville contemporaine de souterrains, de nuits illuminées et de jours trop crus. Ils convient les jeux d'esprit que les petits élaborent à coups de super-pouvoirs et de doux délires, mais filment alors que le délice de l'enfant est devenu la condition paradoxale de l'adulte.
Après Dancing et L'Autre, ils élaborent un nouvel espace intérieur et métaphysique où leur personnage principal, Dominick, s'abrite maladroitement de la violence du monde. Cette fois, ils lui confèrent une aura concrète, visible, dont l'explication surnaturelle ouvre à l'intime une brèche entre le réalisme politique et l'art de faire tourner devant la lanterne des images fortes et énigmatiques. Dominick est doué d'une force vitale qui ne va pas de soi. Corps nu, il incarne la violence d'être noir dans une société discriminante rappelant peut-être le Ralph Ellison de Invisible Man. Son cheminement ouvre pourtant à l'angoisse commune de vieillir, et celle diffuse et entêtante de ne vivre sa vie qu'à moitié.
Liste artistique
Jean-Christophe Folly Dominick Brassan
Isabelle Carré Viveka Behring
Golshifteh Farahani Elham
Sami Ameziane alias
le Comte de Bouderbala Richard Jaskowiak
Claudia Tagbo Cynthia Brassan
Tella Kpomahou Marlette Brassan
Peter Bonke Dany de Rovère
Pierre Trividic : « L’invisibilité, dans le film, est une métaphore évolutive, qui expose des questions variées. Il est question tour à tour de ce que l’on voit, de ce que l’on ne voit pas, de la façon dont on est vu. Et, parmi toutes ces choses, l’invisibilité est aussi une métaphore sociale, oui. L’invisibilité est une métaphore devenue habituelle dans le champ social. Tout le monde voit bien qui sont ces invisibles. Ce sont des gens qui subissent leur invisibilité. »
Paroles de cinéastes : Aurélia Barbet, Laure Vermeersch
Au début étaient l'enfant et son don d'invisibilité. L'incroyable séquence d'ouverture donne le La de la mise en scène : ample et virevoltante, précise et attentive.
Cinéastes trop rares dans le paysage cinématographique français, Pierre Trividic et Patrick-Mario Bernard nous offrent la réjouissance d'un film fantastique, un conte où les fées se penchent sur un berceau, catapulté dans une ville contemporaine de souterrains, de nuits illuminées et de jours trop crus. Ils convient les jeux d'esprit que les petits élaborent à coups de super-pouvoirs et de doux délires, mais filment alors que le délice de l'enfant est devenu la condition paradoxale de l'adulte.
Après Dancing et L'Autre, ils élaborent un nouvel espace intérieur et métaphysique où leur personnage principal, Dominick, s'abrite maladroitement de la violence du monde. Cette fois, ils lui confèrent une aura concrète, visible, dont l'explication surnaturelle ouvre à l'intime une brèche entre le réalisme politique et l'art de faire tourner devant la lanterne des images fortes et énigmatiques. Dominick est doué d'une force vitale qui ne va pas de soi. Corps nu, il incarne la violence d'être noir dans une société discriminante rappelant peut-être le Ralph Ellison de Invisible Man. Son cheminement ouvre pourtant à l'angoisse commune de vieillir, et celle diffuse et entêtante de ne vivre sa vie qu'à moitié.
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Jean-Christophe Folly |
Jean-Christophe Folly Dominick Brassan
Isabelle Carré Viveka Behring
Golshifteh Farahani Elham
Sami Ameziane alias
le Comte de Bouderbala Richard Jaskowiak
Claudia Tagbo Cynthia Brassan
Tella Kpomahou Marlette Brassan
Peter Bonke Dany de Rovère
Sortie le 16 octobre
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