Los silencios. Un film onirique qui témoigne du drame de réfugiés colombiens



Entre réalité et surnaturel 



Film présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2018 

Synopsis
Nuria, 12 ans, Fabio, 9 ans, et leur mère Amparo arrivent dans une petite île au milieu de l’Amazonie, à la frontière du Brésil, de la Colombie et du Pérou. Ils ont fui le conflit armé colombien, dans lequel leur père a disparu. Un jour, celui-ci réapparait dans leur nouvelle maison. La famille est hantée par cet étrange secret et découvre que l’île est peuplée de fantômes.

Note 3,5/5. Un film étonnant qui crée une atmosphère étrange en mélangeant une tradition amazonienne du surnaturel et le drame des réfugiés colombiens. De très belles images !



Critique
Une barque glisse dans la nuit le long d’une berge ; à bord plusieurs personnes. Au loin, sur la rive, une lumière blanche, la barque s’en approche. Nuria, Fabio et Amparo, leur mère,en descendent. Traînant leurs valises, elles rejoingnent un village à quelques dizaines de mètres ; les baskets fluo de Nuria marquent leur chemin. Cette scène d’ouvertureporte ne elle un aspect mystérieux, spectral qui ne se démentira pas tout au long du film.

Nuria, Fabio et Amparo sont trois réfugiés qui ont fui la longue guerre civile entre les farcs et le pouvoir colombien. Le père a disparu pendant le conflit.
Ils vont maintenant vivre sur une petite île, «la isla de la fantasia ». Cette île est envahie par les eaux quatre mois par an et refait surface comme par magie le reste du temps. C’est pour cela que les maisons, en bois, sont montées sur pilotis et que leur accès se fait sur des chemins de planches, au-dessus de l‘eau.

Amparo est une femme courageuse. Elle accepte un travail difficile de portage de sacs, en principe réservé aux hommes. Très vite elle inscrit ses enfants à l’école. Elle taille elle-même l’uniforme scolaire de sa fille.
Dans le village, qui est comme suspendu entre ciel et eau, la tradition dit qu’il y a des fantômes qui évoluent parmi les vivants et que parfois ils entrent dans leur corps pour les amener à faire de mauvaises choses.



Le père apparaît, mystérieusement ; sa mitraillette est dans le grenier de la maison. Il se mêle à la famille mais semble absent...un fantôme ? 

Avec de belles images aux couleurs magnifiées par le soleil des tropiques, un fond sonore typique (oiseaux, grenouilles…), Beatriz Seigner réalise un film sensible, entre réalité et fantastique, où des éléments surnaturels infusent dans la réalité et la nature…
La réalité, c’est la dimension politique. Le récit se situe au moment des accords de paix en Colombie. Avec ces accords, Amparo peut espérer une indemnisation. Mais elle est à la merci d’avocats qui flairent la bonne affaire. La réalité, c’est aussi l’assemblée des villageois soumis à la pression immobilière pour les faire partir de leur île. 




Le fantastique, c’est ce père dont on se demande s’il est une projection de l’imaginaire d’Amparo (elle semble dialoguer avec lui, mais n’est-ce pas plutôt un monologue ?). C’est aussi l’assemblée des morts.
Le mélange des deux, réalité et surnaturel, atteint un sommet dans la scène finale, remarquable. C’est une procession nautique, nocturne, qui mélange harmonieusement modernité, rites ancestraux (avec des couleurs fluorescentes typiques de l’Amazonie) et chants.

Liste artistique
Marleyda Soto Amparo
Enrique Diaz Adam
Maria Paula Tabares Peña Nuria
Adolfo Savilvino Fabio

Sortie le 3 avril


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