Synopsis
Note 3,5/5. Un film à découvrir en famille. L’animation, bien faite, captera les enfants pas trop jeunes et les sensibilisera à la réalité des réfugiés, de Palestine et d’ailleurs.

Critique
En 1948 les palestiniens durent quitter leurs terre, chassés par les israéliens ; ce fut la nekba, la catastrophe ; ils sont maintenant souvent dans des camp de réfugiés. Wardi vit avec sa famille dans l’un de ces camps, celui de Bourjel el Barjane. Wardi est une petite palestinienne aux grands yeux ; elle porte un pull-over bleu au logo de l’ONU. Elle habite une maison inachevée. Des câbles élecriques tissent comme des toiles d’araignées désordonnées à travers le camp.
Wardi revient de l’école avec un carnet scolaire dont elle exhibe fièrement les très bonnes appréciations. Elle adore son arrière-grand-père Sidi, âgé et malade.
Elle est maintenant à l’âge où une passation de témoin est possible. C’est pour cela que Sidi entreprend de lui raconter le passé de la famille (« On n’est rien quand on ne connaît pas son passé » lui dit-il) et de lui remettre symboliquement la clé de son ancienne maison en Galilée. L’expulsion de 1948, les graves événements de 1969 et 1982, drames, morts, séparations, l’histoire de la famille est celle des palestiniens : celles de l’humiliation et de l’impossible paix.

Le réalisateur Mats Grorud a choisi plusieurs modes d’animation. Elle est en modelage pour le présent, en volume, ce qui donne aux visages des personnages une belle expression. Elle est en dessin pour tout ce qui concerne le passé évoqué par Sidi. Il y a aussi des images d’archives en noir et blanc.
Le film baigne dans une ambiance de nostalgie, de douleur, de renoncement pour ce qui concerne Sidi, mais aussi de chaleur et de bienveillance. On entend peu d’éclats de colère et, quand il y en a une, la fête dure peu.
On remarque que la religion est absente et que, le seul outil du film (une clé pour réparer une machine) est dans la main...d’une femme.
La fin du film est porteuse d’espoir : une femme médecin prédit à Wardi un bel avenir. Même si on ne voit comment elle peut faire cette prédiction, on a envie de la croire.
Mats Grorud : les thèmes du projet
Nous souhaitions faire un film sur le passage du temps : le passé, le présent et le futur. Montrer que des enfants sont nés dans ce camp, privés de droits, sous le statut de réfugiés. La citoyenneté libanaise ne leur est pas accordée ; ils ne peuvent donc rien posséder et sont exclus du marché du travail.
Ces personnes ont énormément souffert. Elles ont perdu des membres de leur famille ou les ont vus partir dans différents endroits du monde. Elles sont bloquées dans le camp, dans l’attente d’une solution politique. Elles se sentent oubliées. Elles sont réfugiées depuis 1948. La plupart ont encore les clés de leur maison et leur titre foncier. Une décision de l’ONU les autorise à retourner
chez elles, mais il leur est impossible de quitter le Liban, sauf si elles se marient avec un étranger ou immigrent illégalement en Europe.
Mais je tenais aussi absolument à dépeindre des personnes débordant d’humour, de chaleur et de bienveillance. Je voulais montrer leurs espoirs, qui contrastent avec tout ce qu’elles ont enduré.
La vie de ces gens est très dure mais j’ai profité de beaucoup de leur qualité, de leur accueil et de l’inventivité qu’ils déploient pour survivre. Il n’était pas question que ce ne soit pas dans le film !
Les voix françaises
Pauline Ziadé Wardi Aïssa Maïga Tante Hannan
Saïd Amadis Sidi
Slimane Dazi Pigeon Boy
Lina Soualem Yassar
Bouraouia Marzouk Rozette
Raymond Hosni Lutfi
Darina Al Joundi Lina
Omar Yami Oncle Yehia
Sortie le 27 février
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