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Don't Forget Me : Moon Shavit, Nitai Gvirtz |
Synopsis
Niel, jeune tubiste de 27 ans souffrant de troubles psychiques, est en phase de réadaptation. Lorsque son ami d’enfance lui propose de rejoindre son groupe de rock et de partir en tournée, Niel entre dans une phase de manie, quitte son foyer et le rejoint à Tel Aviv. Tom, 24 ans, est hospitalisée au service fermé des troubles de l’alimentation. Quand elle croise Niel à une soirée caritative, elle le séduit, et profite de son aide pour s’échapper de l’hôpital. Petit à petit, leur cavale nocturne révèle leur passion, et leur désir de redevenir ceux qu’ils étaient…
Note 3,5/5. Un film à la fois drôle, tragique, absurde avec des personnages attachants.
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Critique
Don’t forget me est un film israélien atypique. C’est un peu un film sur l’anorexie car il est question de nourriture à travers le comportement de plusieurs personnages. Il y a une jeune femme qui se fait vomir. L’héroïne du film, Tom, est anorexique, sa mère mange sa nourriture crue et déteste les allemands qui mangent des saucisses au petit déjeuner (elle les déteste aussi car « ils ont tué des bébés pendant la guerre). Dans le service fermé où Tom est hospitalisée, deux jeunes femmes sont obèses, et quelqu'un déclare : "Que le Dieu de la maigreur nous garde une bonne santé".
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Niel n’est pas hospitalisé, mais ses troubles psychiques le conduisent à un comportement absurde : il se persuade qu’il pourra compléter un orchestre avec son tuba, qu’il porte dans son dos en permanence comme une excroissance.
Ensemble Tom et Niel font face aux hôpitaux et aux centres de réadaptation, aux amis, aux parents et à la famille. En particulier à la famille de Tom qui ne tient pas à la revoir quand le couple vient chez elle. Le salon petit bourgeois des parents de Tom est alors secoué par une tempête de sentiments : inquiétude pour Tom, obsession du crudivorisme, souvenir de la Shoah, méfiance vis-à-vis de l’étrange.
Le film suit l’errance du couple ; situations parfois comiques, mais le plus souvent pathétiques. Leur vision du monde, leur naïveté, les fera rejeter ; ce sont des inadaptés sociaux.
Le réalisateur Ram Nehari traite avec sensibilité cette comédie noire, sans pathos, avec la légèreté qui sied parfois au tragique.
Verbatim de Ram Nehari
La maladie de Tom se reflète dans celle de ses parents et inversement. Nous voulons dépeindre une famille au sein de laquelle idéologies et maladies se confondent, se mêlent et s’alimentent mutuellement, jusqu'à atteindre le seuil critique de l’effondrement final, de l’angoisse et de la confusion totale.
Cependant, je refuse de glisser vers un sentimentalisme larmoyant, ou un romantisme à l’eau de rose. Je tiens à ce que ce film reste léger, drôle, grâce à un regard amusé porté sur ces personnages, à l’absurdité et au décalage de certaines situations
Tom et Niel ne guérissent pas à la fin du film. Ils resteront toujours aux prises avec leur maladie et leur vie sera faite de séjours en hôpital et en centres de réadaptation, de périodes d’amélioration, de sorties, de rechutes, d’équilibre retrouvé, puis perdu à nouveau. Et ça n’est pas grave. Car c’est leur vie, leur conscience. C’est leur plaisir et leur souffrance. Et finalement, il leur est arrivé quelque chose d’extraordinaire : ils se sont rencontrés.
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Verbatim de Véronique Zerdoun & Tonie Marshall (Tabo Tabo Films)
Tabo Tabo Films s’applique depuis longtemps à soutenir le jeune cinéma d’auteur. C’est donc avec bienveillance et intérêt que nous avons reçu le projet Don’t Forget Me.
Don’t Forget Me est le cinquième projet sur lequel notre coproductrice Yifat Prestelnik a travaillé avec le réalisateur Ram Nehari. Ensemble, ils avaient déjà créé la magnifique série Mekimi, qui a connu un grand succès en Israël.
Lorsque nous avons lu le scénario, nous avons tout de suite décelé quelque chose de différent, de singulier, quelque chose de percutant, de jeune et de rafraîchissant. Nous y avons vu un cinéma que nous avions envie de produire, même dans des conditions difficiles.
Sorte de dramédie romantique et excentrique, Don’t Forget Me est à la fois drôle, émouvant et brutal. Il touche à des sujets graves mais nécessaires, la maladie mentale et sa perception dans nos sociétés, la perméabilité de cette frontière qui aimerait séparer les gens normaux des anormaux, des déviants, la difficulté de (re)construire sa vie... mais toujours en pointillé, sans jamais tomber dans l’explicatif ou le larmoyant. Les dialogues acérés sont empreints d’une sincérité et d’une énergie rares. L’ensemble est porté par des personnages atypiques, des écorchés mus par une énergie sans bornes, avançant dans la vie comme sur un fil, au bord du vide. En filigrane, le film porte aussi un regard critique sur une jeunesse israélienne en souffrance, en errance.
Primé cinq fois à Turin, sélectionné dans plusieurs festivals prestigieux, le film a trouvé son public et a été salué pour la justesse avec laquelle il aborde le délicat sujet des pathologies mentales, se plaçant du point de vue des malades. Les retours extrêmement positifs des professionnels du secteur de la santé nous confortent dans l’envie de partager ce film avec un public plus large, au delà du circuit des festivals. Notre désir, depuis le début de cette aventure, est de faire sauter les tabous, d’ouvrir et de contribuer à un débat nécessaire pour mettre fin à la méconnaissance et la stigmatisation des troubles psychiques.
Liste artistique
Nils Nitai Gvirtz
Tom Moon Shavit
Alon Eilam Wolman
Mère Rona Lipaz Michael
Père Carmel Beto
Sortie le 30 janvier
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