Retour de l'enfant prodigue de Youssef Chahine (1976) à l'IMA et en salles

Présenté à l’IMA (Institut du Monde Arabe) le 12 novembre, le film ressort en salles le 14 novembre 


Synopsis
Ali est attendu dans le village de Mitchaboura par les siens, les Madbouly, propriétaires d’une petite entreprise, et par les ouvriers pour qui il représente l’espoir. Pour Ibrahim, le fils de Tolba, le retour de Ali, son oncle, doit lui permettre d’aller étudier à l’étranger, ce à quoi s’oppose son père. Pour Fatma, qui a tout sacrifié au nom de l’amour qu’elle voue à Ali absent, c’est la grande désillusion. À son retour, elle se rendra compte qu’il n’est plus ce jeune passionné qui a quitté sa famille par révolte. Pour Hassouna, l’ouvrier, la déception sera d’autant plus grande que c’est lui qui l’avait aidé à partir pour le Caire.

Le spectateur rencontre tour à tour des personnages au destin digne d’une tragédie grecque, une esquisse de fresque sociale ou encore des fragments de « drame musical ». L’une des grandes forces du film réside aussi dans son jeu subtil avec les symboles, les croyances et même les mythes. (D’après Camille Lugan)


«Je pense qu’il n’y a pas de plus grand modèle des régimes politiques, de leurs structures, que celui de la famille. Aujourd’hui les liens familiaux ne sont plus ceux qui existaient il y a quelques décennies. Il y a une grande tendresse dans ce que je raconte, l’idée que deux frères peuvent emprunter des voies idéologiques différentes. Cela a commencé avec Le retour de l’enfant prodigue. C’était à l’époque lié à ma relation personnelle avec Nasser que je regardais comme un grand frère, avec la fierté de me trouver à ses côtés. Arriva le moment où je me suis trouvé opposé à ce qu’il faisait : Nasser voulait libérer le pays de la tutelle de l’étranger mais il s’y prenait comme un pied. Que faut-il penser de son programme de nationalisation qui a provoqué la fuite des étrangers, en particulier ceux d’Alexandrie ? Cela m’a touché personnellement car il s’agissait à 80 % de mes copains grecs, italiens, arméniens, français. Ce mélange d’origines était magnifique. Il n’y avait aucune raison de les faire fuir, mais ce fut la conséquence de la nationalisation brutale de pans entiers de l’économie. (...)
Ces départs ont correspondu pour moi à une rupture de la structure familiale car ces copains, c’était ma famille. Et tout d’un coup, résultat de cette politique, chacun a disparu de son côté. La nationali­sation du canal était un droit, mais la manière dont l’affaire fut conduite en a fait une catastrophe pour le multiculturalisme de l’Égypte. » 


Youssef Chahine, entretien avec Colette Milon et Jean-Philippe Renouard – Vacarme, automne 2001

Scénario et dialogues : Youssef Chahine, Salah Jahine, Farouk Beloufa
Image : Abdel Aziz Fahmi
Son et mixage : Nasri Abdel Nour
Montage : Rachida Abdel Salam
Costumes : Mohamed Ezzat
Décors : Magdy Nached
Chansons : Salah Jahine
Musique : Ali Ismaïl, Kamal Ettawil, Baligh Hamdi, Sayyed Mekkawi
Interprètes : Mahmoud el-Méligui, Magda el-Roumy, Soheir el-Morchidi, Ragaa Hussein, Hoda Soltane, Sid Ali Kouiret, Ahmed Mehrez, Hicham Selim, Choukry Sarhane


Pour en savoir plus :
programmation Chahine à la Cinémathèque française 

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