La Fondation Gan pour le Cinéma dévoile ses lauréats et son Prix spécial

Guillaume Bonnier, Romain de Saint-Blanquat, Rachel Lang,Vincent Le Port et Patrick Imbert lauréats 2018 de la fondation Gan
Chaque année, la Fondation récompense des projets de premiers et seconds longs métrages de fiction et attribue un Prix spécial. Un trophée créé par le sculpteur Jean-Paul Douziech est remis à chaque lauréat. 

Cette année, le Jury de l’Aide à la Création est présidé par le cinéaste, dramaturge et romancier, Christophe Honoré, parrain 2018 et lauréat 2000 pour 17 FOIS CÉCILE CASSARD.
À ses côtés : Éric Lagesse (Président directeur général de Pyramide Films), Xavier Leherpeur (journaliste), Anne-Louise Trividic (scénariste), Sara Wikler (consultante en écriture et enseignante) et Dominique Hoff (Déléguée générale de la Fondation Gan).

Deux commissions ont été organisées en 2018. Sur les 114 scénarios étudiés (on compte 75% de premiers longs métrages, 25% de seconds et 40% de projets proposés par des réalisatrices).


Les prix ont été remis le 26 novembre à la Cinémathèque de Paris. 

Quatre réalisateurs ont été récompensés :

Guillaume Bonnier pour TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE ; premier long métrage
Produit par Cédric Walter Spectre Productions

Romain de Saint-Blanquat pour LA MORSURE ; premier long métrage 
Produit par Marc-Benoît Créancier  Easy Tiger
Rachel Lang pour MON LÉGIONNAIRE ; second long métrage
Produit par Jérémy Forni  Chevaldeuxtrois
Vincent Le Port pour BRUNO REIDAL; premier long métrage
Produit par Thierry Lounas Capricci Production


TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE 
Guillaume Bonnier TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE
«Ça faisait déjà un moment que nous pensions être prêts, des années que nous nous préparions.
Certes nous avions déjà engrangé quelques victoires, à l'arraché souvent, qui nous donnaient confiance que le bout du chemin n'était plus très loin. Le vent soufflait, le bateau tirait sur les amarres à tout rompre, il voulait partir… Et pourtant nous étions toujours là, coincés, inquiets. Et puis vous êtes venus avec votre beau jury, et d'un grand coup de main vous avez libéré le bateau en criant : Allez, va !»
Guillaume Bonnier

Synopsis
Ils sont trois. Thibault, Isabelle et son fils, Jérémie. À bord de leur voilier, loin de leur pays, ils se réinventent une vie. Ils sont heureux. Mais Thibault s’inquiète. Le golfe d’Aden est arpenté par des pirates somaliens et s’y engager seuls serait dangereux. À Djibouti, il rencontre Mike, un jeune homme dont il ne sait rien. Convaincu de pouvoir lui faire confiance, il l’invite à bord. Désormais, ils sont quatre.

Note d’intention du réalisateur
« TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE est un western : imaginez un couple et un enfant au moment de quitter la dernière ville pour traverser les grandes plaines remplies d’Indiens. Ils ont l’espoir de rejoindre sains et saufs la Californie rêvée et finissent par demander à un Indien de les aider… Le pas lent des mules, Mike assis à côté de Thibault, et autour, l’horizon angoissant. »

Parcours du réalisateur
Formé à l’université, Guillaume Bonnier étudie le cinéma au Centre d’arts plastiques de la Sorbonne où il entre dans l’atelier de Joseph Morder (dont il deviendra l’assistant réalisateur). Il y réalise ses premiers courts-métrages et vidéos. Parallèlement il commence à travailler sur des longs métrages, ce qui le conduit à devenir premier assistant sur les films de Xavier Beauvois, Philippe Garrel, Bruno Podalydès, Patrice Chéreau, Jean-Pierre Mocky, Romain Goupil, etc.
TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE est son premier long métrage.

LA MORSURE

Romain de Saint-Blanquat LA MORSURE
«Je suis très heureux d’être parmi les lauréats de la Fondation Gan. Ce soutien est une aide et un encouragement précieux qui vont nous donner l’impulsion nécessaire pour s’élancer avec courage et confiance dans ce premier long métrage, et traverser avec ses personnages leur dernière nuit. » Romain de Saint-Blanquat

Synopsis
1967, pendant le Mardi gras. Françoise, 15 ans, est pensionnaire d’un lycée catholique. Persuadée qu’il ne lui reste qu’une seule nuit avant sa mort, elle fait le mur avec son amie Delphine pour se rendre à une fête costumée et pouvoir vivre cette nuit comme la dernière.

Note d’intention du réalisateur
« Le récit accompagne ces adolescents en quête d’expériences et d’absolu, d’amour et de reconnaissance, jusqu’au bout de leur échappée mortifère, en suivant une trajectoire en trois actes qui forme une boucle ; une révolution.
De la ville à la forêt, du rigorisme catholique au primitif, en passant par le modernisme pop, il emprunte aux contes et aux quêtes initiatiques l’universalité de certaines figures narratives. Il traverse plusieurs strates de croyances, du christianisme au païen, qui jalonnent la recherche d’une voie propre, singulière, et d’une réconciliation avec la vie. »

Parcours du réalisateur
Romain de Saint-Blanquat est diplômé des Universités Paris VIII et Paris X en réalisation et scénario. Il a travaillé comme décorateur, accessoiriste et assistant de production et a réalisé un court-métrage, PIN UPS, film de fin d’études autoproduit sélectionné dans plusieurs festivals. Il développe actuellement pour Son et Lumière, une série qu’il a co-écrite, CAROLUS MAGNUS, et prépare, avec Easy Tiger, son premier long métrage : LA MORSURE.

MON LÉGIONNAIRE
Rachel Lang MON LÉGIONNAIRE
« La Guerre est toujours la pire des solutions, l’ultime recours, souvent le résultat des errances de nos dirigeants ou de l’incurie de nos politiques étrangères. Le métier des armes n’est pas un métier comme les autres. Il n’y a rien d’anodin dans le fait de pouvoir sur ordre donner la mort ou à être prêt au sacrifice de sa propre existence. Des hommes et des femmes ont pourtant fait ce choix, des couples, des familles se sont construits dans ce contexte.
MON LÉGIONNAIRE n’est pas un film de guerre, ni l’hagiographie d’un héros bodybuildé, ni une glorification de l’institution, ni même une justification des interventions de la France en dehors de ses frontières. J’utilise une arène pour faire éclore des problématiques de couples tendues par l’absence, la guerre, la solitude et la mort qui rôde. Pour traiter de l’intime et de l’humain, l’arène militaire est un catalyseur. À ces couples qui se battent pour garder leur amour bien vivant, je veux rendre hommage.»
Rachel Lang

Synopsis
Ils viennent de partout, ils ont désormais une chose en commun, ils appartiennent à l’élite de l’armée française : la Légion Étrangère, leur nouvelle famille. MON LÉGIONNAIRE raconte leurs histoires : celle de ces couples qui se construisent en territoire hostile, celle de ces hommes qui se battent pour la France, celle de ces femmes qui luttent pour garder leur amour bien vivant.

Intentions de réalisation
« Je veux que les matières, les couleurs, les sensations, et les relations soient dégagées par des actions très concrètes. Ce n’est pas un film de parole mais un film de corps en mouvement. Et si l’action fait un break, personne n’osera parler pour combler le vide. Chaque phrase prononcée est utile à la survie, autant du côté des hommes que des femmes, il n’y a pas de bavardage. C’est un film de chair, de sueur, de sable et de larmes. Tout n’est que combat, lutte, et dépassement de soi. Même le futile et l’anecdotique sont de l’ordre de la survie.»

Parcours de la réalisatrice
Rachel Lang est née à Strasbourg en 1984. Après deux années de philosophie menées en parallèle avec le conservatoire d’art dramatique de Strasbourg, elle entre à l’IAD (Institut des Arts de Diffusion), en Belgique. Son film de fin d’étude POUR TOI JE FERAI BATAILLE est multi-primé en festivals, notamment du « Léopard d’Argent » à Locarno en 2010. LES NAVETS BLANCS EMPÊCHENT DE DORMIR (2011), son deuxième court métrage, a reçu le Prix « Ingmar Bergman » à Uppsala et le « Swann d’or » au Festival de Cabourg. BADEN BADEN, son premier long métrage, débute sa carrière à la Berlinale en 2016 (Forum). Il marque la fin de cette trilogie sur le thème du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Il a été projeté dans plus de 50 festivals internationaux et a été distribué dans 12 pays.

BRUNO REIDAL

Vincent Le Port BRUNO REIDAL
« Pour faire un long métrage de fiction, il faut beaucoup de choses. Il faut entre autres un peu d’argent (ou beaucoup, c’est selon), mais il faut surtout de la confiance, celle que vous accordent l’équipe du film, les comédiens, les différents collaborateurs, mais aussi celle d’institutions comme la Fondation Gan. À quelques mois du début de tournage, alors que l’excitation mais aussi les doutes s’accumulent, ce soutien est donc précieux, autant pour l’économie du film que pour cette confiance accordée par le jury. » Vincent Le Port

Synopsis
Cantal, 1er septembre 1905.
Dans la forêt entourant le petit village de Raulhac, un séminariste de 17 ans décapite un enfant de 13 ans avant de se livrer aux autorités. En prison, à la demande des médecins qui étudient son cas, Bruno Reidal rédige ses mémoires.
Nous les avons retrouvées, accompagnées du rapport des médecins, dans les Archives d’anthropologie criminelle de 1907.
« Quoique je fasse, les scènes de meurtre sont pour moi pleines de charme… »

Note d’intention du réalisateur
« La personnalité de Bruno est marquée par son caractère obsessionnel, et pour retranscrire cet aspect j’ai décidé de construire le film autour de la répétition, avec des variations autour de mêmes situations, de mêmes motifs et de mêmes émotions. Le début du film est volontairement peu romanesque, avec un aspect presque documentaire, pour que progressivement on glisse dans la psyché et les souvenirs de Bruno, et que ceux-ci petit à petit créent d’eux-mêmes une tension et une attente. Il s’agira en quelque sorte d’un film sériel, où les motifs répétitifs s’incrémenteront et s’accentueront jusqu’à l’absurde, le grotesque et l’épuisement, comme une spirale, afin que le spectateur partage le désir de Bruno de sortir de cette spirale, que comme lui on attende la délivrance, la jouissance, quand bien même elle doit s’incarner par un meurtre horrible. »

Parcours du réalisateur
Vincent Le Port est né en Bretagne en 1986. Il est diplômé de La Fémis en réalisation. En 2012, il cofonde la société de production Stank au sein de laquelle il accompagne d’autres cinéastes tout en développant ses propres projets.
Il a reçu le prix Jean Vigo du court-métrage en 2016 pour LE GOUFFRE.


Le Prix spécial, choix de la Fondation, a été attribué à :
Patrick Imbert pour LE SOMMET DES DIEUX ; premier long métrage d’animation
Produit par Jean-Charles Ostorero Julianne Films 
et Didier Brunner  Folivari 

LE SOMMET DES DIEUX
Patrick Imbert LE SOMMET DES DIEUX
«Si je n'avais pas peur des métaphores poussives, je dirais que la concrétisation de ce film est à l'image de ce qu'il raconte: gravir une montagne. On avance, on peine, on s'arrête, on se décourage, on y croit à nouveau, on repart, c'est passionnant, c'est long, c'est difficile, ça ne sert à rien, mais on se dit qu'une fois là-haut on sera content de l'avoir fait. Alors être épaulé dans cette aventure, avoir des gens qui croient en nous, ce n'est pas rien. Merci à la Fondation Gan pour son soutien! » Patrick Imbert

Synopsis
George Mallory a t-il atteint le sommet de l’Everest, ce 8 juin 1924 ? Son petit Kodak pourrait livrer la vérité !
70 ans plus tard à Katmandou, Fukamachi, reporter en mal de scoop, pense reconnaitre cet appareil entre les mains du mystérieux Habu, grimpeur proscrit que l'on pensait disparu depuis des années. Cette rencontre va conduire Fukamachi dans un monde d’alpinistes dévorés par la passion et l'attirer lui aussi vers le sommet des dieux. Espérant y trouver la réponse à l’énigme Mallory, il y affrontera ses propres démons.

Note d’intention du réalisateur
« J’aime que les scènes qui parlent des choses humaines soient montrées à échelle humaine, avec sobriété et simplicité, comme chez Claude Sautet (CÉSAR ET ROSALIE est un chef d’oeuvre du genre) ou chez Isao Takahata pour revenir aux références japonaises. Mais une ascension de l’Everest est une aventure palpitante qui requiert une mise en scène adaptée, rythmée, nerveuse, et la montagne est en soi un spectacle grandiose, que les effets de grand angle permettent de mettre en valeur, comme c'est le cas dans THE REVENANT d'Inarritu. C'est donc entre ces deux voies, intimiste et spectaculaire, que je voudrais emmener le spectateur. »

Parcours du réalisateur
Patrick Imbert est né en 1977. Après un passage à l'école des Gobelins, il devient animateur et pendant des années il affine son coup de crayon, à Paris comme à l'étranger, navigant du court au long métrage, de la pub au clip en passant par la série tv. Depuis 2010, il assure la supervision de l'animation sur différents longs métrages (ERNEST & CÉLESTINE, AVRIL ET LE MONDE TRUQUÉ). En 2017, il réalise LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES avec son complice Benjamin Renner.Recherchant plus de sens dans son travail, il délaisse progressivement l'animation proprement dite au profit de l'écriture et de la réalisation, afin de pouvoir raconter des histoires et toucher le public. LE SOMMET DES DIEUX est son premier long métrage en solo.




La Fondation Gan, une belle communauté de plus de 190 réalisateurs
Depuis son origine, il y a plus de 30 ans, la Fondation Gan n’a eu de cesse d’œuvrer avec constance à l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes, de défendre un cinéma de qualité et original, de l’écriture du scénario jusqu’à la diffusion des œuvres en salle, grâce à l’Aide à la Création et l’Aide à la Diffusion, ses principales missions.
C’est aujourd'hui une belle communauté de plus de 190 réalisateurs, riche de 500 œuvres.
Depuis sa création, on compte :
- Près de 5 000 scénarios lus, 90 % de films tournés, 1/3 de lauréats réalisant plus de 3 films, 1/4 de lauréats réalisatrices
- 35 César, 20 Prix à Cannes et plus de 450 Prix en France et à l’international


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