# Cinéma Amin. Nouvelles variations de Philippe Faucon sur le thème de l'immigration


Emmanuelle Devos et Moustapha Mbengue Amin 


Film présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2018. Il avait reçu un accueil chaleureux.

Synopsis
Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a neuf ans. Il a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants. En France, Amin n’a d’autre vie que son travail, d’autres amis que les hommes qui résident au foyer.
Aïcha ne voit son mari qu’une à deux fois par an, pour une ou deux semaines, parfois un mois. Elle accepte cette situation comme une nécessité de fait : l’argent qu’Amin envoie au Sénégal fait vivre plusieurs personnes.
Un jour, en France, Amin rencontre Gabrielle et une liaison se noue. Au début, Amin est très retenu. Il y a le problème de la langue, de la pudeur. Jusque-là, séparé de sa femme, il menait une vie consacrée au devoir et savait qu’il fallait rester vigilant.

Note : 3,5/5. En suivant les tranches de vie de quatre personnages, 
Philippe Faucon traite de l'immigration, et plus généralement des solitudes. Le récit est simple, sans aspérités, et n'évite pas les clichés. L'émotion affleure parfois.





Critique
Après l'émouvant Fatima en 2015 (César du Meilleur film en 2016), Philippe Faucon parle à nouveau d'immigration. Il évoque le déracinement en articulant son récit sur deux géographies distinctes : le pays d’origine et le pays d’accueil. Philippe faucon : "Il m’a semblé qu’il n’avait pas été traité de cette façon alors que ces deux géographies fondent un parcours d’exil ou de migration. Le cinéma a cette capacité de mise en parallèle très forte entre les deux mondes. On passe directement d’une séquence dans le pays d’origine à une séquence dans le pays d’accueil, avec un effet de « cut », de confrontation immédiate de tout ce que contiennent les images : les conditions de vie, les préoccupations des personnages, les enjeux sociaux ou familiaux. 




Un film choral
Même si Amin est le rôle titre, le scénario est choral. La souffrance de l'éloignement est aussi ressentie par les autres protagonistes du film. Abdelaziz plus âgé qu’Amin a recommencé une vie en France et les enfants qu’il a eus d’une première union au Maroc lui renvoient qu’il n’a qu’à « rester en France avec ses enfants français ». Aïcha, la femme d'Amin, isolée, soumise à la belle-famille mais se rebellant. Philippe faucon donne d’elle une image forte et nuancée de la femme africaine obstinée et indépendante, loin des clichés.
La situation de Gabrielle, française est un peu le pendant de celle d’Aïcha : divorcée, son ex-mari la harcèle l’empêchant de s’épanouir dans sa nouvelle vie. 



Marème N’diaye
Réalisme, concision, épure  de l'écriture 
Amin, Aïcha Abdelaziz Gabrielle : quatre destins qui ont en commun un même isolement, une vie inaccomplie. Des êtres blessés par les accidents de la vie et la dureté du monde. Philippe Faucon décrit, avec réalisme et concision, épurant son écriture pour « éviter que ne s’insinue dans l’écriture ce qui est inutile ou redondant, ou ce qui finalement restreint ou appauvrit le personnage, à force de trop vouloir dire». 
Mais on n'évite pas certains clichés : la colère de la fille d'Abdelaziz quand elle découvre la petite retraite auquel sera condamné son père (scène surjouée, criarde), la scène inutile
au cours de laquelle une prostituée (immigrée) reçoit un travailleur (immigré lui aussi) qui se révèle impuissant, ou encore l'ex-mari de Gabrielle qui est la caricature d'un imbécile.


Liste artistique
Moustapha Mbengue Amin
Emmanuelle Devos Gabrielle
Marème N’diaye Aïcha
Noureddine Benallouche Abdelaziz


Sortie en salle le 3 octobre

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