Sauvages, au coeur des zoos humains
Et en replay jusqu’au 28 novembre 2018
Pendant plus d’un siècle, les grandes puissances colonisatrices ont exhibé comme des bêtes sauvages des êtres humains arrachés à leurs terres natales. Plus d’un milliard et demi de visiteurs ont découvert trente-cinq mille exhibés à travers l’Europe et dans le monde entier, lors d’Expositions universelles ou coloniales, dans des zoos, des cirques ou des villages indigènes reconstitués. Pour la première fois, un documentaire fait ressurgir ce pan oublié de l’histoire de l’humanité. Avec le concours des plus grands spécialistes internationaux, il retrace les destins de six exhibés, s’appuyant sur des archives inédites, des images exceptionnelles et les témoignages de leurs descendants.
Ils se nomment Petite Capeline, Fuégienne de Patagonie (Chili actuel), Tambo, Aborigène d’Australie, Moliko, Kali’na de Guyane, Ota Benga, Pygmée du Congo, Marius Kaloïe, Kanak de Nouvelle-Calédonie Jean Thiam, Wolof du Sénégal. Leur histoire a été sortie de l’oubli grâce au travail des historiens et grâce à la volonté de leurs descendants qui ont voulu leur rendre hommage en témoignant aujourd’hui de ce drame.
Les récits de leurs destins restituent le phénomène des exhibitions ethnographiques dans leur contexte historique : l’émergence et le développement des grands empires coloniaux. Grâce aux analyses et commentaires des meilleurs spécialistes de la question (Benjamin Stora, Lilian Thuram, John M. Mackenzie, Achille Mbembe, Nicolas Bancel, Nanette Jacomijn Snoep, Gilles Boëtsch, Robert Rydell...), ce documentaire propose de comprendre la façon dont nos sociétés se sont construites en fabriquant, lors de grandes fêtes populaires, une représentation stéréotypée de l’«Autre» pour légitimer la domination coloniale. Aussi, il décrypte comment on est passé d’un racisme scientifique (1850) à un racisme populaire (1930).
Ils se nomment Petite Capeline, Fuégienne de Patagonie (Chili actuel), Tambo, Aborigène d’Australie, Moliko, Kali’na de Guyane, Ota Benga, Pygmée du Congo, Marius Kaloïe, Kanak de Nouvelle-Calédonie Jean Thiam, Wolof du Sénégal. Leur histoire a été sortie de l’oubli grâce au travail des historiens et grâce à la volonté de leurs descendants qui ont voulu leur rendre hommage en témoignant aujourd’hui de ce drame.
Les récits de leurs destins restituent le phénomène des exhibitions ethnographiques dans leur contexte historique : l’émergence et le développement des grands empires coloniaux. Grâce aux analyses et commentaires des meilleurs spécialistes de la question (Benjamin Stora, Lilian Thuram, John M. Mackenzie, Achille Mbembe, Nicolas Bancel, Nanette Jacomijn Snoep, Gilles Boëtsch, Robert Rydell...), ce documentaire propose de comprendre la façon dont nos sociétés se sont construites en fabriquant, lors de grandes fêtes populaires, une représentation stéréotypée de l’«Autre» pour légitimer la domination coloniale. Aussi, il décrypte comment on est passé d’un racisme scientifique (1850) à un racisme populaire (1930).
C’est l’histoire de... Comme eux des milliers de personnes ont été exhibées. L’histoire a oublié leurs noms. Pour la première fois, leurs descendants ont voulu leur rendre hommage et témoigner.
Tambo, Aborigène d’Australie
En 1882, l’impresario irlandais Robert A. Cunningham
recrute une troupe de neuf Aborigènes: six hommes,
deux femmes et un petit garçon, pour une tournée
mondiale. Il leur donne des noms simples à retenir :
Billy, Tambo, Toby, sa femme Jenny, leur fils Toby
junior, Jimmy, Sussy, Bob et Johnny. Aux États-Unis, ils
rejoignent en 1883 le cirque Barnum. Les conditions
d’exhibitions sont terribles: la troupe est hébergée
dans des lieux sordides, ils tombent malades.
Tambo a la tuberculose. Les Aborigènes refusent les
médicaments. Un an après leur arrivée, Tambo décède,
son corps est embaumé et exposé dans le musée Drew
Dime. Par la suite, Cunningham se lance dans une
tournée européenne : Londres (1884), Berlin, SaintPétersbourg,
dans les zoos et les music-halls des
grandes villes européennes. Quand ils arrivent à Paris,
Jenny, Toby et Billy sont les seuls survivants. Partout
où ils passent, le succès est fulgurant. Ils n’ont pas de
papiers, pas de permis de circuler, pas le droit de briser
le contrat, et sans Cunningham, pas de possibilité de
rentrer chez eux. Après trois ans de tournée, on perd
leur trace. Seul, le corps embaumé de Tambo a été
rapatrié des États-Unis par ses descendants et enterré
le 23 février 1994 en Australie.
Petite Capeline, Fuégienne de Patagonie
À l’été 1881, Petite Capeline arrive en France avec 10
autres Fuégiens de Patagonie (Chili actuel) - quatre
hommes, quatre femmes et trois jeunes enfants -
pour débuter au Jardin d’Acclimatation de Paris une
tournée européenne d’exhibitions humaines. Dès les
premiers jours d’exhibition, les Fuégiens sont affaiblis
par les virus occidentaux et par les vaccins qu’on leur
fait. Petite Capeline meurt la première, emportée par
une bronchopneumonie. Elle est enterrée au cœur du
jardin d’Acclimatation. Malgré cela, Carl Hagenbeck,
l’impresario allemand qui les a fait venir en Europe,
emmène les Fuégiens en Allemagne, en Suisse et
en Belgique. Toujours malades, quatre d’entre eux
meurent à Zurich. En avril 1882, ils reprennent le
bateau pour rentrer chez eux ; il y aura seulement trois
survivants. Les Fuégiens ont rapporté une maladie
pulmonaire dans la région, qui va décimer leur peuple
en 1966. Oubliés depuis plus d’un siècle et après une
longue enquête, les corps des Fuégiens morts en
Suisse ont été restitués le 12 janvier 2010. Celui de
Petite Capeline est toujours au Jardin d’Acclimatation.
Sauvages, au coeur des zoos humains
DOCUMENTAIRE RÉALISÉ PAR PASCAL BLANCHARD ET BRUNO VICTOR-PUJEBET
CO-ÉCRIT AVEC CORALIE MILLER
RACONTÉ PAR ABD AL MALIK
(2018, 1H30)
CO-ÉCRIT AVEC CORALIE MILLER
RACONTÉ PAR ABD AL MALIK
(2018, 1H30)
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