Grand Prix au Festival International du Film Policier de Beaune 2018
Synopsis
1997. À quelques mois de la rétrocession de Hong-Kong, la Chine va vivre de grands changements… Yu Guowei, le chef de la sécurité d’une vieille usine, dans le Sud du pays, enquête sur une série de meurtres commis sur des jeunes femmes. Alors que la police piétine, cette enquête va très vite devenir une véritable obsession pour Yu… puis sa raison de vivre.
Une Pluie sans fin
Note 4/5. Excellent premier film de Dong Yue, qui déroule son intrigue avec subtilité, sur fond de désindustrialisation en Chine. De belles images. Je recommande de bien suivre pour comprendre la fin !
Critique
Yu (Duan Yihong) n’est pas policier, il est seulement agent de sécurité dans une usine ce qui lui vaut d’être respecté et craint par les ouvriers. Yu aime ce travail, d’ailleurs il reçoit une récompense devant tout le personnel rassemblé en une cérémonie solennelle.
Mais Yu est méprisé par la police : il lui faut descendre d’une voiture pour la désembourber, alors que les policiers restent à l’intérieur, il doit allumer la cigarette de l’un d’entre eux... !
Quand survient un crime près de l’usine, Yu propose ses services à la police, puis mène son enquête tout seul, à sa manière.
La pluie battante est presque un personnage à elle seule ; elle est omniprésente, enveloppant les personnages, qui roulent parfois dans la boue.
L’ambiance grise et triste d’un complexe industriel est remarquablement mise en valeur par de belles images et une fantastique direction de la photo qui rappelle celle de Memories of Murder du coréen Joon-Ho Bong.
Entretien avec Dong Yue, le réalisateur
Comment est né le projet de PLUIE SANS FIN ? En 2013, je suis tombé sur un reportage sur Internet, mêlant textes et images, qui parlait d'une petite ville, au nord-ouest de la Chine, qui avait été laissée à l'abandon : ses ressources énergétiques étaient épuisées, ses usines étaient fermées et la plupart des habitants étaient partis. J'ai été frappé par la tristesse qui se dégageait de ces images où on ne voyait plus que des personnes âgées et des chiens traînant dans les rues désertes et des bâtiments menaçant de s'écrouler. On avait l'impression que cette région en pleine déliquescence était totalement oubliée et mise à l'écart par la Chine. Ébranlé, j'ai eu envie d'écrire une histoire témoignant de l'atmosphère qui régnait en Chine avant les réformes majeures de la fin des années 90. À partir de là, j'ai fait pas mal de recherches sur la Chine de cette époque. Puis, je me suis entretenu avec bon nombre d'ouvriers, d'agents de sécurité et de policiers qui avaient connu cette époque. Je me suis aussi inspiré d'affaires criminelles, de romans et de films.Parlez-moi de Yu, le protagoniste. Pourquoi s'implique-t-il autant dans l'enquête ? En apparence, Yu semble obnubilé par l'enquête criminelle et par la découverte de la vérité. En réalité, il s'interroge avec inquiétude sur son identité. Il vivait dans un système autoritaire, bâti sur les privilèges, auquel il était heureux d'appartenir. C'est comme cela qu'il se sentait en sécurité. Mais c'est aussi la source d'une véritable tragédie sociale. À travers ce personnage, je souhaitais parler des rapports entre le destin d'un homme et un système politique.
À votre avis, quel est l'objet de la quête de la jeune fille ? Elle a toujours vécu au bas de l'échelle sociale et elle souhaite quitter cette ville avec un homme sur lequel elle puisse compter. Mais dans la Chine communiste de cette époque, il n'y avait pas d'endroit idéal où s'installer et vivre. Pour certaines jeunes femmes issues des couches sociales les plus défavorisées, Hong Kong incarnait le rêve et l'espoir. Car jusqu'en 1997, Hong Kong, aux yeux des citoyens chinois les plus modestes, était un lieu prospère et représentait une forme d'avenir radieux – un vrai paradis. La jeune fille est représentative d'une classe sociale sacrifiée et marginalisée dans cette période de transition, qui pouvait être facilement meurtrie. Pendant longtemps, cette communauté n'a pas été acceptée par les classes dominantes. Ce n'est donc pas tant la relation amoureuse entre Yu et elle qui m'intéresse, mais ces couples fragiles et sans attaches qui vivaient à une époque sans avenir.
Parlez-moi de la partition. Elle a été composée par Ding Ke, jeune musicien chinois très doué qui vit à Paris depuis des années. Je ne l'ai pas encore rencontré et nous n'avons communiqué qu'à travers les réseaux sociaux. Il a collaboré avec des musiciens français et l'enregistrement et le mixage ont été réalisés à Paris. Je suis très heureux que des Chinois et des Français aient collaboré pour nous offrir cette magnifique musique.
Liste artistique
Duan Yihong
Jiang Yiyan
Yuan Du
Sortie le 25 juillet
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