Les quatre sœurs, quatre films choc sur la Shoah de Claude Lanzmann sort en salles

Les quatre sœurs, films choc sur la Shoah de Claude Lanzmann 


La première diffusion sur ARTE fut programmée les 23 et 30 janvier 2018 à 20.50. A nouveau disponible 60 jours en replay sur ARTE


C’était il y a 76 ans, à Vannsee, près de Berlin : des dignitaires nazis décidaient du plus grand génocide du 20ème siècle. C’était en Allemagne, pays de Goethe et de Beethoven. C’était en Europe, terre des Lumières.
Il reste sans doute peu de survivants pour encore témoigner de l’extermination massive des juifs (et de tziganes). La mémoire écrite, ou enregistrée, doit prendre le relais. C’est ce qu’avait déjà fait Claude Lanzmann dans son film Shoah en 1985. Les quatre films que l’on verra sur Arte ont été tournés pendant la préparation de Shoah. Quatre films, quatre femmes rares survivantes de l’horreur nazie.


Il faut voir ces films, non par plaisir, mais par nécessité, par devoir de mémoire. Tout cela est filmé avec rigueur, presque avec la froideur du clinicien, exactement comme il convient quand il s’agit d’évoquer l’indicible. Mais, comme à chaque fois que l’on évoque cette époque terrible, on en ressort bouleversé.

Des témoignages bouleversants
Paula Biren, Ruth Elias, Ada Lichtman, Hanna Marton, quatre noms et prénoms de femmes juives, témoins et survivantes de la plus folle et de la plus impitoyable barbarie, la Shoah. Ce qu’elles ont en commun, outre l’horreur spécifique qu’elles ont vécues, c’est une intelligence tranchante, aiguë, charnelle, qui récuse tous les faux-semblants, les mauvaises raisons, en un mot l’idéalisme.
Filmées dans les années 70 par Claude Lanzmann pendant la préparation de ce qui deviendra Shoah, chacune de ces quatre femmes extraordinaires méritait un film en soi, prenant la mesure de leur trempe exceptionnelle, et révélant par leur récit saisissant quatre chapitres mal connus de l’extermination. 


« C’est absolument sublime. Ces quatre films sont absolument sublimes. Il me sera impossible ici de décrire la profondeur du choc. C’est trop tôt pour moi. Et il y a un paradoxe vertigineux entre l’apparente simplicité, ou frontalité de ces quatre portraits, qui vient me désarmer, et les complexités au cœur desquelles tu nous plonges quatre fois » Lettre d’Arnaud Desplechin à Claude Lanzmann



MARDI 23 JANVIER 2018 et en replay jusqu’au 22 mars 2018
À 20.50 Le Serment d’Hippocrate (1h29)
Ruth Elias avait 17 ans quand les nazis occupèrent la Tchécoslovaquie en mars 1939. Après 3 ans à se cacher dans une ferme, sa famille fut dénoncée et déportée au camp de Theresienstadt en avril 1942.Pendant l’hiver 1943, Ruth découvrit qu’elle était enceinte. Elle apprit alors qu’elle ferait partie d’un convoi pour Auschwitz. Lors d’une sélection en juin 1944, alors qu’elle était enceinte de 8 mois, elle réussit à entrer dans un groupe de 1000 femmes envoyées pour dégager les gravats d’une raffinerie qui avait été bombardée à Hambourg.

À 22.20 La Puce joyeuse (52mn)
Ada Lichtman fut frappée sans attendre par l’horreur absolue : le jour de l’invasion allemande de la Pologne, tous les hommes de Wieliczka, une petite ville proche de Cracovie, furent rassemblés et exécutés par les Allemands dans une forêt voisine. Les corps encore couverts de sang furent alors disposés en demi-cercle, pieds joints et têtes vers l’extérieur comme une représentation artistique de la part des bourreaux.
Dès lors, Ada n’avait plus qu’une question en tête : non pas «vais-je survivre ?» mais «quelle sera ma mort ?» Transportée à Sobibor, dernière étape de son voyage, où plus de 250.000 Juifs furent exterminés dans les chambres à gaz, ce questionnement prit fin avec la révolte du 14 octobre 1943. Elle fait partie des 50 personnes qui ont survécu.


MARDI 30 JANVIER 2018 et en replay jusqu’au 29 mars 2018
À 20.50 Baluty (1h04)
Il existe encore nombre d’archives, de journaux intimes et même quelques photos du ghetto de Lodz, mais très peu de témoignages de survivants. Celui de Paula Biren est d’autant plus exceptionnel qu’elle fit partie de la force de police féminine du ghetto à l’époque. Son œil acéré et son intelligence affutée donnent encore plus d’intensité à son récit.
Des centaines de ghettos qui parsèment la campagne polonaise, celui de Lodz fut le plus pérenne. Il était dirigé d’ une main de fer par le président du conseil des anciens, Chaim Mordechai Rumkowski, appelé le «Roi Chaim», un homme convaincu qu’il pouvait sauver une partie de la communauté en les transformant en main d’oeuvre au service des Allemands.

À 21.55 L’Arche de Noé (1h08)
En 1944, quand les nazis commencèrent à déporter les Juifs de Hongrie, Rudolf Kastner, qui présidait le comité de sauvetage, commença à négocier avec Eichmann une somme de deux mille dollars par Juif, montant les prix jusqu’à ce que Eichmann préfère l’argentà la mort. Il fut conclu qu’un transport spécial quitterait Budapest pour Bergen-Belsen, puis de Bergen-Belsen vers la Suisse. Hanna Marton fit partie de ce transport. Ce convoi constitué de 1684 Juifs échappa à une mort certaine tandis qu’au même moment 450.000 Juifs hongrois mouraient dans les chambres à gaz de Birkenau ou brûlaient vifs à l’air libre pour satisfaire la cadence imposée par les nazis.






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