Pororoca, un drame poignant remarquablement traité, avec force et réalisme


Bogdan Dumitrache prix du meilleur acteur au Festival International du film de San Sebastian 2017

Synopsis
Cristina (Iulia Lumanare) et Tudor (Bogdan Dumitrache) Ionescu forment une famille heureuse avec leurs deux enfants, Maria (5 ans et demi) et Ilie (sept ans). Ils ont la trentaine, vivent dans une ville roumaine, dans un joli appartement. Il travaille dans une entreprise de téléphonie, elle est comptable. Leur vie ressemble à la vie ordinaire d’un couple avec enfants. Un dimanche matin, alors que Tudor se trouve avec les enfants au parc, Maria disparaît. Un événement qui va brusquement et définitivement bouleverser leur vie.

Note 4/5. Constantin Popescu traite un sujet difficile : l’enlèvement d’un enfant et le drame familial qui en résulte. Il traduit la souffrance des parents en s’adressant toujours à l’intelligence du spectateur. Remarquablement interprété. Un plan séquence fascinant : on se surprend à scruter l’image pour y trouver peut-être un élément éclairant, la clé du film.



Critique
Le titre, à priori mystérieux, résume tout le film. Le Pororoca est un mascaret, ensemble de vagues dû à la marée, pouvant atteindre les 4 mètres de haut et qui parcourt 800 km sur la rivière Amazone et ses affluents. Son nom provient du dialecte Tupi, signifiant « le grand rugissement » ou « ce qui détruit tout sur son passage avec grand fracas ». C’est ce qui se passe dans le film : un événement brutal détruit une famille avec violence. 



Un film inspiré de faits réels, vécus par le réalisateur Constantin Popescu
«Un deuil qui m’a transformé en profondeur. Cette transformation a été un long périple qui m’a permis de me débarrasser de mes regrets et de mes peurs, et qui m’a obligé à répondre à quelques
questions douloureuses sur moi. Ce film a été la première étape importante de ce périple ».




Se mettre à nu devant le spectateur
CP : « Je devais constamment me mettre à la place du spectateur : celui-ci n’aime pas les œuvres didactiques, et encore moins celles qui adoptent un ton pontifiant s’agissant de souffrance. Par ailleurs, je ne voulais surtout pas verser dans le chantage à l’émotion. C’était très difficile d’écrire sur un tel sujet : il s’agit d’un défi qu’un auteur ne peut relever qu’à condition d’avoir la plus grande honnêteté intellectuelle sur l’histoire qu’il raconte afin d’être honnête avec le public. Face à un tel sujet, il faut se mettre à nu devant le spectateur pour que le récit résonne chez lui et pour être
crédible, car le moindre mensonge risque de détourner l’attention du spectateur ». 


Le plan séquence au parc est fascinant 
CP : « Je voulais qu’on sente progressivement qu’un événement se prépare. Le plan qui le précède immédiatement pousse le spectateur à remarquer quelque chose de caché. Jusqu’à ce moment-là du film, les plans sont de plus en plus longs, comme si le temps se dilatait peu à peu. Ce changement de rythme intervient en raison de la tension que la simplicité apparente des premières scènes du film impose au spectateur – un rythme qui pourrait même être considéré comme un peu ennuyeux. Et pourtant, il existe pas mal de détails dissimulés au premier plan aussi bien qu’en arrière-plan, ou encore à travers les sons, dans toutes les directions : tandis que la caméra se déplace librement quasiment à 360°, on perçoit des sons qui proviennent de partout, et même les sons les plus faibles sont importants. Ce plan contient la clé du film : des détails cachés, et donc des informations cachées. Il n’y a qu’avec de la patience et de l’attention aux détails qu’on peut trouver une réponse à la fin du film…si tant est qu’on en cherche une ! »

Liste artistique
Bogdan Dumitrache Tudor
Iulia Lumânare Cristina
Constantin Dogioiu Pricop
Stefan Raus Ilie
Adela Marghidan Maria




Constantin Popescu Réalisateur et scénariste 
Né à Bucarest, Constantin Popescu a notamment collaboré avec Christian Mungiu sur plusieurs film, dont 4 mois, 3 semaines et 2 jours. Il fut l’un des réalisateurs choisis par Christian Mungiu pour le film à sketches Contes de l’âge d’or. 

Filmographie 
Pororoca – 2017
Festival de San Sebastian – Prix du Meilleur Acteur 2017
Festival de cinéma Européen des Arcs – Sélection Officielle 2017
Festival International du Film de Rotterdam – Sélection Officielle 2017


Principles of life – 2010
Festival de San Sebastian – Compétition Officielle 2010
Festival International du Film de Göteborg – Compétition Officielle 2010
Festival International du Film de Montréal – Compétition Officielle 2011
Festival International du Film de Transylvanie – Prix du Meilleur Réalisateur 2011

The Portrait of the Fighter as a Young Man – 2010
Festival International du Film de Berlin – Forum 2010
Festival International du Film de Turin – Sélection Officielle 2010
Festival International du Film de Leuwarden – Sélection Officielle 2010
Festival International du Film de Bratislava – Prix du Meilleur Réalisateur 2010
GOPO Awards – Prix du Meilleur Acteur dans un Rôle Secondaire pour Bogdan Dumitrache et Prix de la Meilleure Photographie pour Liviu Marghidan 2011
Contes de l’âge d’or – 2009
Festival de Cannes – Sélection Un Certain Regard 2009
Festival International du Film de Toronto – Prix du Public 2009
Festival International du Film de Bucarest – Prix du Public 2010

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