On peut remercier le Gaumont Opéra qui organisait ce WE le fantastique festival de Cannes à Paris et qui nous a permis de voir et revoir les films de la compétition dans des conditions idéales (belle salle, grand écran).
Note 4/5
Queer Palm (prix indépendant récompensant un film des sélections cannoises pour son traitement des thèmes altersexuels) et Caméra d'or récompensant un premier film, prix d'interprétation dans la section Un Certain Regard pour Victor Polster, 16 ans, qui interprète Lara, Girl marque l’entrée du réalisateur belge Lukas Dhont dans la cour des grands.
Lara a 15 ans et une obsession : devenir danseuse étoile. Mais alors qu’elle tente d’accomplir son rêve, la jeune fille doit se rendre à l’évidence que si son âme est habitée par la danse, son corps ne l’est pas. Car Lara est née dans le corps d’un garçon…
Sur un sujet sensible, peu connu, celui de la transsexualité, Lukas Dhont réalise un film tout en finesse, sur le parcours douloureux d’une adolescente, Lara, qui se sent femme dans un corps d’homme.
En attendant une opération, pour faire de la danse, elle doit contenir son sexe à l’aide de larges sparadraps qui lui abîment la peau. Pour faire des pointes, il lui faut souffrir et meurtrir ses pieds. On suit son combat intérieur, son impatience, et ses moments d’angoisse. Tout cela est filmé avec tact mais réalisme, souvent avec des gros plans qui révèlent l’extraordinaire talent de Victor Polster. Impressionnant !
Liste artistique : Victor Polster, Arieh Worthalter, Valentijn Dhaenens.
Capharnaüm de Nadine Labak
Note 4/5
« C'est qu'en effet qui n'a vu que la misère de l'homme n'a rien vu, il faut voir la misère de la femme ; qui n'a vu que la misère de la femme n'a rien vu, il faut voir la misère de l'enfant»
Victor Hugo, Les Contemplations
Prix du Jury, très applaudi au festival, l’univers du film évoque celui de la misère de l'enfance si bien décrit par Victor Hugo.
Le jeune Zaïn s’enfuit de chez ses parents pauvres et maltraitants. Il lui faut apprendre à survivre à Beyrouth.
Nadine Labak réussit à créer une tension en traitant le tragique de la misère des enfants des bas-fonds de Beyrouth. La misère y est partagée avec les adultes (et parfois les bébés) clandestins.
En suivant deux enfants qui jouent leurs propres rôles, Zaïn (Zain Alrafeea), 12ans, et Yonas (Boluwatife Treasure Bankole), petit réfugié éthopien de 2 ans, Nadine Labak aborde plusieurs problèmes : les sans papiers, les enfants maltraités, les migrants.
Mais il ne s’agit pas d’un documentaire : il y a bien un scénario, proche de la réalité vécue par les acteurs. Ce qui permet au film de se terminer, contre toute attente, en tout cas en dehors de la réalité, en « happy end » : le bébé vendu retrouve sa mère, et Zaïn devient une « personnalité » médiatique, tout cela dans une ambiance musicale qui force un peu trop l'émotion. C’est ce qui amoindrit la portée de ce film fort.
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