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Elise Lucet enquête dans les eaux troubles du business de l'eau |
L’EAU : SCANDALE DANS NOS TUYAUX
Des marchés (truqués) explosifs !
L'eau, vous l’utilisez, la buvez tous les jours. Vous la payez sans y prêter attention. Un réflexe machinal, ouvrir le robinet. Pourtant, en France l’eau que vous consommez représente un énorme marché qui pèse 9 milliards d’euros par an. Un marché dominé par deux géants français Veolia et Suez.
Cette fois, Cash Investigation nous emmène dans le monde opaque du business de l’eau et plonge dans les eaux troubles des plus gros contrats de l'eau français …
A Nîmes, l’équipe d’Elise Lucet a eu un tuyau. Parmi les grandes villes françaises, la commune détient un record : celui des fuites d’eau. Près de 30% de l’eau que paient les habitants se perd avant d’arriver chez eux. Depuis près de 50 ans, les canalisations de Nîmes sont aux mains de la même entreprise: la SAUR
Nous vous révèlerons que le n°3 français de l’eau semble se préoccuper davantage de ses comptes plutôt que des canalisations. Au risque d’un énorme gaspillage. Ailleurs, en France, la même société n’hésiterait pas à refuser l’eau à des usagers en difficulté.
Cash lance la marque Cash à l'eau
La journaliste Marie Maurice a enquêté sur un dossier explosif où se mêlent lettres d’un mystérieux corbeau, information judiciaire pour corruption et plaintes d’entrepreneurs. Ce dossier, c’est celui des eaux usées en Ile-de-France : 9 millions d'usagers, et 1,2 milliard d'euros de budget annuel. Avec en toile de fond la plus grande usine d’épuration d’Europe.
Grâce à des témoignages inédits mais aussi à des documents exclusifs, nous allons vous révéler par exemple comment l’un des mastodontes français de l'eau aurait tenté d’écarter un concurrent étranger.
Après la diffusion du documentaire, Elise Lucet poursuit le débat sur le plateau de Cash avec ses invités, responsables politiques et spécialistes.
🔴 Rendez-vous mardi 13 mars à 20h55 sur @France2tv #cashinvestigation "L'eau : scandale dans nos tuyaux" un film de Marie Maurice, présenté par @EliseLucet pic.twitter.com/Frgs6pN5sP— CASH INVESTIGATION (@cashinvestigati) 9 mars 2018
Explications de la journaliste Marie Maurice
Le cas de la Saur
« La Saur occupe la troisième place dans l’Hexagone parmi ces délégataires (après Veolia et Suez). Et c’est à cette entreprise que nous nous sommes plus particulièrement intéressés, à travers l'un de ses plus anciens et plus gros contrats, celui de la commune de Nîmes qu’elle gère depuis près d'un demi-siècle. Nîmes est aujourd’hui dans le top 50 des villes françaises les plus peuplées et, parmi ces villes, la plus mal classée en rendement d’eau potable. Pour calculer ce rendement, il suffit de faire un ratio entre le volume d’eau prélevé dans les nappes phréatiques ou à la source et celui qui arrive chez les usagers. À Nîmes, près de 30 %* de l’eau disparaît dans les réseaux, dans les fuites. Nous nous sommes donc rendus sur place pour essayer de comprendre pourquoi, en près d’un demi-siècle de gestion, la Saur n’avait pas obtenu de meilleurs résultats. Sachant par ailleurs que ce contrat lui permet de dégager de confortables bénéfices, nous avons essayé de savoir si la marge de cette entreprise était finalement raisonnable par rapport au service rendu aux usagers et si cette marge officiellement déclarée était la marge réelle. Or, d’après plusieurs experts, dont celui avec lequel nous avons travaillé, la Saur gagnerait encore plus d’argent que ce qu’elle déclare sur le contrat qui la lie à Nîmes. Les grands perdants dans cette histoire sont les Nîmois. Ils payent une eau qui, a priori, est bien trop chère par rapport au service rendu. »
« La Saur occupe la troisième place dans l’Hexagone parmi ces délégataires (après Veolia et Suez). Et c’est à cette entreprise que nous nous sommes plus particulièrement intéressés, à travers l'un de ses plus anciens et plus gros contrats, celui de la commune de Nîmes qu’elle gère depuis près d'un demi-siècle. Nîmes est aujourd’hui dans le top 50 des villes françaises les plus peuplées et, parmi ces villes, la plus mal classée en rendement d’eau potable. Pour calculer ce rendement, il suffit de faire un ratio entre le volume d’eau prélevé dans les nappes phréatiques ou à la source et celui qui arrive chez les usagers. À Nîmes, près de 30 %* de l’eau disparaît dans les réseaux, dans les fuites. Nous nous sommes donc rendus sur place pour essayer de comprendre pourquoi, en près d’un demi-siècle de gestion, la Saur n’avait pas obtenu de meilleurs résultats. Sachant par ailleurs que ce contrat lui permet de dégager de confortables bénéfices, nous avons essayé de savoir si la marge de cette entreprise était finalement raisonnable par rapport au service rendu aux usagers et si cette marge officiellement déclarée était la marge réelle. Or, d’après plusieurs experts, dont celui avec lequel nous avons travaillé, la Saur gagnerait encore plus d’argent que ce qu’elle déclare sur le contrat qui la lie à Nîmes. Les grands perdants dans cette histoire sont les Nîmois. Ils payent une eau qui, a priori, est bien trop chère par rapport au service rendu. »
Couper l’eau malgré l’interdiction
« Dans cette émission, il nous était impensable de ne pas évoquer le cas de ces usagers victimes de coupures d’eau, alors que cela est interdit depuis le décret de la loi Brottes en février 2014. Nous avons pris pour exemple l’histoire d’une femme résidant dans les Pyrénées-Orientales, pour montrer que les délégataires de service d’eau potable en France continuent à couper ou à réduire le débit de l’eau en cas d’impayé. La Saur, qui avait le monopole de la gestion de l’eau dans son village, lui refusait ce dû, malgré ses demandes, au motif qu’elle n’avait pas réglé une dette. En désespoir de cause, cette femme avait bricolé un branchement pour obtenir de l’eau chez elle et s’était retrouvée poursuivie par la Saur puis condamnée par la justice pour vol d’eau. Et c’est finalement l’association France Libertés qui, en se saisissant du cas de cette femme, a assigné la Saur au tribunal pour qu'elle lui remette l'eau. »
« Dans cette émission, il nous était impensable de ne pas évoquer le cas de ces usagers victimes de coupures d’eau, alors que cela est interdit depuis le décret de la loi Brottes en février 2014. Nous avons pris pour exemple l’histoire d’une femme résidant dans les Pyrénées-Orientales, pour montrer que les délégataires de service d’eau potable en France continuent à couper ou à réduire le débit de l’eau en cas d’impayé. La Saur, qui avait le monopole de la gestion de l’eau dans son village, lui refusait ce dû, malgré ses demandes, au motif qu’elle n’avait pas réglé une dette. En désespoir de cause, cette femme avait bricolé un branchement pour obtenir de l’eau chez elle et s’était retrouvée poursuivie par la Saur puis condamnée par la justice pour vol d’eau. Et c’est finalement l’association France Libertés qui, en se saisissant du cas de cette femme, a assigné la Saur au tribunal pour qu'elle lui remette l'eau. »
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Celia Blauel dans les entrailles de Eau de Paris |
Le SIAAP: eaux troubles en Ile de France
« Enfin, nous avons enquêté sur un syndicat public extrêmement opaque. Celui-ci fait l’objet, depuis plusieurs années, d’une information judiciaire du parquet national financier (PNF) et de dénonciations de la part d’un corbeau, qui rapporte que les marchés passés par cet établissement public seraient truqués et feraient l’objet d’ententes entre petits et gros industriels (comme Veolia ou Suez), c’est donc aux tribunaux qu’il appartiendra de trancher.Avec un budget annuel de fonctionnement et d’investissements estimé à 1,2 milliard d’euros, le syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) est le premier donneur d’ordre du secteur environnemental en France. Il gère l’assainissement des eaux usées, domestiques et industrielles de 9 millions d’usagers franciliens et celui des eaux pluviales. Nous avons donc enquêté sur cette entreprise publique, qui travaille avec l’argent des Franciliens, et sur son fonctionnement, et nous avons découvert des pratiques qui flirtent avec la ligne. »
pour en savoir plus voir l'article du journal LeMonde : soupçons de corruption sur le marché parisien de l'eau
Le Siaap
C’est le seul syndicat interdépartemental d’assainissement des eaux en Europe et la première entreprise publique à l'échelle de la première métropole européenne par la densité de sa population. Chaque jour, par temps sec, ses six usines d’épuration dépolluent près de 2,5 millions de m3 d’eaux usées (soit le volume de la pyramide de Khéops). Couvrant un territoire de 1 800 km2, son périmètre d'intervention englobe quatre départements (Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) et 180 communes réparties sur quatre autres départements.
Pour en savoir plus l'article de Eaux Glacées
Pour en savoir plus l'article de Eaux Glacées
et dans les entrailles de Eau de Paris
La gestion de l’eau du robinet, un marché de 5,2 milliards d’euros Entre 2009 et 2014 (derniers chiffres disponibles), le prix moyen du mètre cube a augmenté de 10 %, pour atteindre 3,98 euros (eau et assainissement collectif compris). Et la note moyenne frôle désormais les 500 euros par an (pour 120 mètres cubes consommés), quand elle n'était que de 430 il y a huit ans. En 2012, Veolia eau, Suez environnement et Saur se partageaient un marché de 5,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Sources : Capital, 12 novembre 2017, etL’Humanité, 10 mars 2015
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