Chien, beau film, teinté d'humour noir, sur la déchéance, la dépression. Vincent Macaigne magnifique

Vincent Macaigne dans CHIEN

Synopsis 

Jacques Blanchot perd tout : sa femme, son travail, son logement. Il devient peu à peu étranger au monde qui l’entoure, jusqu’à ce que le patron d’une animalerie le recueille.

Note 3,5/5. Vincent Macaigne interprète magnifiquement un personnage qui renonce à la société en choisissant la soumission. Bouli Lanners remarquable. Vanessa Paradis complète un trio de qualité.


Vanessa Paradis dans CHIEN

Critique

Il y a deux types de vie possibles pour un chien. La noire, celle dont rendent compte d
es expressions populaires :  une vie de chien, être traité comme un chien, donner aux chiens, un temps de chien, mourir comme un chien, avoir un mal de chien...
La radieuse, celle d'animal de compagnie auprès d'une famille aimante. Jacques Blanchot (Vincent Macaigne) connaîtra les deux types de vie passant de l'une à l'autre.





L'abandon de l'humanité
La lente descente de l’humanité vers l'animalité subie sans résistance. Elle commence dès le début du film puisque Jacques Blanchot provoque des allergies chez sa femme obligée de sa gratter ; elle lui dit qu’elle est affectée par une maladie rare, la « blanchoïte ». Alors Jacques Blanchot dit qu’il comprend et part comme le lui demande sa femme. Il lui faut aussi quitter son travail, parce qu’il n’est plus utile au magasin ; là encore il comprend, il ne se défend pas. Sur un parking de banlieue, son fils est victime d’un racket ; il ne réagit pas, Blanchot ne voit rien.   

Une vie de chien 
Bafoué, humilié, craintif, sans doute dépressif, Blanchot trouvera en Max (Bouli Lanners) vendeur et dresseur de chiens, le maître qu’il lui faut pour se transformer en un chien obéissant, dépendant. Il devient pitoyable dans la cage qu’il accepte de partager avec un grand chien destiné aux combats. Étonnamment, c’est par « solidarité canine » qu’il se révolte et tue son maître. 



Chien est un beau film sur la déchéance, la dépression, le décrochement d’une société qui demande toujours plus. Samuel Benchetrit, le réalisateur explique : « Un homme qui devient un chien n’a pas de problème d’argent et on ne lui demande pas d’avoir de l’humour, de la conversation ou de la répartie… » 

             

L’origine du film
Avant d’être un film, Chien a été un livre publié en 2015 dans lequel Samuel Benchetrit évoque ce problème de la dépression : « Je sortais alors d’une période assez difficile de ma vie, une dépression. J’avais alors le sentiment de ne plus faire partie de la société à laquelle j’appartiens depuis toujours. Et même une fois sorti de l'œil du cyclone, je voyais le monde comme un immense mécanisme, dont je n’étais qu’une pièce éjectée qui ne servait plus à rien » 






Une ambiance dystopique
L'univers du film est glauque, avec une lumière blafarde.
« On a tourné dans des endroits très différents pour créer une dystopie : une succession de lieux de béton, de maisons carrées comme des boîtes, de cages, de grilles…Ce n’est en tout cas ni une ville définie, ni une ville chaleureuse. Dans Chien, les décors chutent avec les personnages. Il ne fallait pas que le soleil soit trop
chaleureux. Je recherchais un effondrement de la nature dans ce monde de béton» nous dit le réalisateur de Asphalte

Chien, un film politique ?
« Oui car il parle à sa manière de fascisme, d’autorité et de pouvoir. Vincent Macaigne y voit même un rapport au djihadisme. Comme dans tous les films qui sont des abstractions ou des dystopies, chacun peut en fait y mettre ce qu’il ressent. J’aime que l’on me parle d’une réalité sans ne jamais perdre le rêve. C’est ce que sont les hommes, je crois. Je veux être proche de mon personnage, ne pas non plus chercher à forcer le spectateur à une idée ou une pensée unique. Aussi, pour moi, Chien est un film sur des gens en colère, à bout, à bout de force au cœur d’un monde qui s’effondre. Des populations de plus en plus nombreuses que l’on sollicite chaque jour davantage, ce qui les conduit à une plus grande crise identitaire et à une solitude. »









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