Jusqu'à la Garde, drame tendu sur la violence conjugale au sein d'un couple


Lea Drucker 

Jusqu'à la Garde, drame familial sous tension permanente ... et aussi un film d'actualité sur les violences faites aux femmes au sein du couple 

Premier long métrage de Xavier Legrand
Prix du public - Longs métrages français au Festival Premiers plans d'Angers 2018
Chistera du meilleur film au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2017 

et couronné de deux Lions à Venise : Lions d'argent de la mise en scène et du meilleur premier film à la Mostra de Venise.

Synopsis
Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.


Note 3/5. Drame de la vie familiale tourné à la manière d’un thriller, bien conduit, mais sans surprise, avec parfois un certain malaise. Très bien joué.



Miriam (Léa Drucker ) et Antoine (Denis Ménochet) devant la juge
Critique
Le film ouvre sur une audience presque documentaire chez une juge des affaires familiales, mettant les protagonistes en place : Antoine (Denis Ménochet) et Miriam (Léa Drucker ) se séparent.  l’un de leurs enfants, 
Julien (Thomas Giora) a fait part de sa peur de retrouver son père. On est en fait placé dans le regard du juge ! 
De manière étonnante, la juge décide d’une garde partagée sans plus d’investigations, en particulier entendre Julien hors la présence de son père. Assez vite on comprend que l’issue de la séparation sera dramatique. Antoine est un homme violent, primaire, assez « brut de décoffrage », d’ailleurs il utilisera à la fin un instrument qui va bien avec ce caractère ! Sans dévoiler cette fin, on dira qu’il y a une référence à Shining, qui fait son effet. La violence conjugale peut mener à l'épouvante.
Antoine est une menace permanente pour ses proches. Il met son entourage sous tension et avec lui le spectateur. il est prêt à manipuler quiconque, y compris ses enfants, pour garder son pouvoir sur son ex-femme. Miriam semble impuissante, comme tétanisée. Le drame est en place ; il se déroule inexorablement, lentement, sans surprise avec un certain malaise (la scène au cours de laquelle il impose à son fils de lui dire où son ex-femme habite).
On retiendra qu’un juge aux affaires familiales peut passer à côté de la violence d’un homme (manque de temps ?) et prendre une mauvaise décision, que les services d’assistance téléphoniques de la police sont parfaits, et que son intervention est efficace. 

Au delà du thriller dont le ressort est simple et attendu, l'intérêt de ce film, c'est de montrer comment, par une mécanique simple et implacable, l'extrême violence peut s'installer quand un couple se défait ; bien sûr, c'est toujours la femme qui en est la victime. 
Xavier Legrand

Xavier Legrand, réalisateur
"Trois films m'ont guidé dans l'écriture : Kramer contre Kramer, La Nuit du Chasseur et Shining."
En parallèle d’une carrière de comédien au théâtre, à la télévision et au cinéma, c’est en 2013 que Xavier Legrand tourne son premier court métrage Avant que de tout perdre, qui est sélectionné dans une centaine de festivals à travers le monde. Nommé aux Oscars en 2014, le film a obtenu de nombreuses récompenses, notamment quatre Prix (dont le Grand Prix du Jury) au Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand en 2013 et le César du Meilleur Court Métrage en 2014.
Il confie "En France, une femme meurt tous les deux jours et demi des suites de ces violences, et même si les médias en parlent, le sujet reste tabou. Les victimes ont peur de se confier, les voisins et les proches ne disent rien, ils ne veulent pas s'immiscer dans un couple, une histoire privée. Le secret reste lourd. "

Xavier Legrand nous parle de ses acteurs 

Denis Ménochet 
Denis Ménochet sert le rôle à merveille. Il porte en lui cet alliage de virilité robuste et de blessure enfantine qu'on retrouve souvent chez les hommes qui violentent leur femme.
Avec Denis, j'ai beaucoup travaillé sur le plateau. Nous avons discuté des moindres détails. C'est un rôle dur où il doit aborder de front la violence, la manipulation, la noirceur sans qu'on perde son
personnage, sans qu'on le rejette et qu'on refuse de le comprendre. Il doit se glisser dans la peau d'un homme malheureux, en butte à lui-même, qui essaye de se faire aimer, mais vit dans le déni.


Léa Drucker
J'ai écrit avec Léa Drucker en tête. Pour moi, elle se confond avec le personnage de Miriam, par son mélange de force et de fragilité, une femme très concrète qui ne s'abandonne jamais au pathos. Une femme sur laquelle la tempête est passée et qui doit se reconstruire dans la fuite. Léa a beaucoup travaillé son rôle seule avant le tournage, et je ne lui ai donné que peu d'indications psychologiques. J’ai simplement insisté sur le fait qu'à aucun moment, elle ne devait jouer la victime.
Je l'avais vue dans un court métrage où elle forme un couple très amoureux avec Denis Ménochet et, comme je le trouve excellent comédien, j'avais envie de le retrouver avec elle dans une autre situation, un autre temps de l'amour.


Jusqu'à la GardeSortie le 7 février
LISTE ARTISTIQUE
Antoine        Denis MÉNOCHET
Miriam        Léa DRUCKER
Julien          Thomas GIORIA
Joséphine    Mathilde AUNEVEUX
Samuel        Mathieu SAÏKALY
Sylvia          Florence JANAS
La juge        Saadia BENTAÏEB




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