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Centaure. Subtile fable tragi-comique réalisée et jouée par Aktan Arym Kubat (Le Voleur de lumière en 2010)
Synopsis
Note 3,5/5. Aktan Arym Kubat réalise un film beau et subtil sur l’évolution de la société rurale kirghise. Prix de la Confédération internationale des cinémas d'art et d'essai (CICAE)
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Centaure fait corps avec son cheval (Aktan Arym Kubat) |
Critique : Centaure, créature mi-homme mi-cheval
On l'appelle Centaure (Aktan Arym Kubat), il n’a pas d’autre nom. Il était projectionniste quand le Kirghizistan était soviétique. De cette époque, il conserve des affiches (La Pomme rouge de Tolomouch Okeev en particulier). Un peu marginal, «on» lui a trouvé une femme sourde et muette dont il a eu un fils. Il n’a pas les moyens d’avoir un cheval, alors l’occasion se présentant, il en «emprunte» un qu’il monte à cru pour une chevauchée en toute liberté. Il devient un homme ailé, il fait corps avec son cheval ; ne dit-on pas que les chevaux sont "les ailes des hommes" ? Mais de nos jours, un cheval a une valeur marchande ; Centaure n’a pas compris qu’on ne peut plus emprunter un cheval impunément. L’ancienne harmonie entre l’homme et le cheval a disparu, le capitalisme l’a rompue.
Centaure est déphasé (il se déplace avec une mallette en acier destinée au transport des bobines de film, maintenant inutile) dans une société qu’il ne reconnaît plus, en pleine mutation : perte des traditions, montées de l’individualisme et l’islamisme.
Centaure est déphasé (il se déplace avec une mallette en acier destinée au transport des bobines de film, maintenant inutile) dans une société qu’il ne reconnaît plus, en pleine mutation : perte des traditions, montées de l’individualisme et l’islamisme.
Après Le Voleur de lumière, Aktan Arym Kubat revient sur un thème qui lui est cher : le passage d’un monde de traditions à un monde moderne dans lequel égoïsme et individualisme semblent prédominer : « Je pense que Le Voleur de lumière, Centaure et, j’espère, mon prochain film formeront aussi une trilogie dont le thème est Je vis et j’ai mal. Ce que je vois dans mon pays me fait réagir et me fait mal ».
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Un film subtil
Ce que montre subtilement Centaure, à travers l’histoire de son héros, c’est que la société kirghize est à un tournant de son histoire, accrochée à sa mythologie et à ses croyances, mais déjà plongée dans les tourments de l’argent et de la corruption dans lesquels elle semble se déliter.
Centaure montre aussi, là encore par touches, comment l’islam prend de l’importance : la salle de cinéma est devenue une salle de prière, le capitaliste local est prêt à financer un pèlerinage à La Mecque. Seul Centaure semble réfractaire à l’imprégnation religieuse (la scène correspondante est pleine de malice) !
La fin est à la fois tragique et ouverte à l’optimisme incarné par les nouvelles générations ; Centaure confie sa mallette à un enfant et son fils jusqu'à présent muet prononce «papa».
En résumé, ce film délicat, visuellement beau, avec de l’humour, nous raconte l’histoire d’une sorte de Don Quichotte moderne.
FICHE ARTISTIQUE
Centaure.......……..Aktan Arym
KubatNurberdi......Nuraly Tursunkojoev
Maripa................... Zarema Asanalieva
Sharapat.................Taalaikan Abazova
Sadyr......................Ilim Kalmuratov
Karabay................. Bolot Tentimyshov
Teit.........................Maksat Mamyrkanov
sortie salles le 31 janvier
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