Romero, maître des zombies à la Cinémathèque française


George A. Romero est le père du zombie moderne. Son cinéma populaire porte en lui une critique de la société américaine, dans une contestation souvent visionnaire, entre ironie et humour noir
La nuit des morts Vivants

Le film fondateur 

Révélé en 1968 par un film d'horreur à petit budget, La Nuit des morts-vivants, qui bouleversa les règles du genre, George A. Romero est l'auteur d'une œuvre très personnelle, essentielle dans l'histoire du cinéma américain moderne. Avec ses figures de zombies, déclinées dans plusieurs titres tout au long de sa carrière et devenues des silhouettes familières de la pop culture contemporaine, il a énoncé une critique politique radicale de la société américaine, de son goût pour la violence et de son aliénation.

Romero avec ses acteurs 

Romero
a inventé l'une des grandes figures cinématographiques de la terreur contemporaine, une figure qui aura depuis quarante ans innervé et contaminé la culture industrielle dans ses diverses manifestations (séries télévisées, jeux vidéo, romans populaires, etc.). Le zombie du cinéma de George A. Romero représente la négation de toute une vision romantique de l'inhumain et de la monstruosité qui a longtemps marqué le cinéma d'épouvante. On le sait, tout a commencé en 1968 lorsqu'une poignée d'étudiants de Pittsburgh décide de s'attacher à la réalisation d'un petit film d'horreur en noir et blanc. 
La Nuit des morts-vivants jouira longtemps d'un statut ambigu. Le film bouscule, en tout cas, les conventions avec son postulat : pour une raison mystérieuse, les morts se remettent à marcher et deviennent des créatures anthropophages quasi invulnérables, propageant la maladie qui les a ressuscités. Certes, on n'était rarement allé aussi loin au cinéma dans l'horreur graphique, et le film suscitera les réticences de ceux qui s'attachaient à l'époque, peut-être fallacieusement, à ennoblir le genre. 



La série des « Zombies » continuée ensuite avec quatre autres titres : Dawn of the Dead / Zombie (1978), Day of the Dead (1985), Land of the Dead (2005), Diary of the Dead (2007) et enfin Survival of the Dead (2009), traçant un fil rouge qui traverse l'entière filmographie du cinéaste, sera le terrain propice à une réflexion politique. Car le zombie est l'image d'une humanité renvoyée à une aliénation réduite à une pure pulsion cannibale, un appétit primitif. L'hypermarché, qui sera le théâtre du second film de la série, Dawn of the Dead / Zombie, symbolisera idéalement l'existence d'individus qui, avant d'être des morts encore vivants étaient, peut-être, des vivants déjà morts. La critique sociale se poursuit dans la désignation de la violence comme qualité profondément américaine, rappelée par ces images récurrentes, comme des pastiches de plans documentaires, de rednecks chasseurs de zombies, forme dégradée du vigilante de western. Brûlots antiracistes, dénonciations de l'armée (Day of the Dead), des structures sociales inégalitaires (Land of the Dead), d'une société de surveillance totale, celle des réseaux sociaux (Diary of the Dead) caractérisent les titres de cette saga. 

Incident de parcours 1988


Mais cette dimension subversive est aussi la marque de films qui ne relèvent pas directement de la mythologie du zombie. Martin (1978), par exemple, constitue une vision originale du thème du vampirisme, renvoyé à la névrose adolescente. Sans doute une telle volonté critique provient-elle d'une idéologie directement héritée de la contre-culture, alliée ici à l'aura pop d'un cinéma relevant d'un vulgaire désir d'assouvissement. Un film comme Knightriders, réalisé en 1981, décrivant une troupe de motards ambulants qui pratiquent des joutes médiévales, témoigne sans doute bien de cette quête d'une utopie ou de cette nostalgie d'un paradis perdu, produits d'une époque de contestation du système.

D'après l'introduction de Jean-François Rauger

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AUTOUR DE GEORGE A. ROMERO

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