Los nadie (The Nobodys) art punk et rêves de voyage de la jeunesse perdue de Medellin

Los nadie (The Nobodys)
Los nadie (The Nobodys) 
Colombie, pays de la drogue, du crime et des Farcs, quel espoir pour la jeunesse ?

Synopsis

Amours, rage, promesses brisées et cinq frères de la rue qui se rencontrent au milieu d’une ville hostile. Los nadie, des jeunes unis par des envies de voyage, trouvent dans l’art urbain et la musique un refuge et une échappatoire.


Note 2,5/5
Film à petit budget, indépendant, à l’aspect quasi-documentaire sur la jeunesse punk et perdue de Medellin et qui se regarde avec empathie.

Critique
Pipa (Luis Felipe Alzate), Camilo (Alejandro Pérez Ceferino), Ana (Maria Angelica Puerta), Manu (Maria Camila Castrillón ) et El Mechas (Esteban Alcazar), un groupe d'adolescents, pratiquent les arts de la rue dans la périphérie de Medellin.
Le titre "Los nadie" est difficile à traduire en français. « Nadie » signifie « rien ». Les personnages du réalisateur Juan Sebastián Mesa ne sont rien pour la société colombienne, mais c’est leur choix. Travailler huit heures par jour, sept jours sur sept en échange d’un salaire destiné à rembourser d’interminables dettes ? Non. Le groupe a trouvé une autre façon de gagner de l’argent sans avoir de comptes à rendre : le jonglage dans la rue. Il maîtrise les figures basiques du jonglage avec des quilles ou des balles : colonnes synchroniques ou diachroniques, douche, cascade, fontaine…



Los nadie (The Nobodys) 

Mais d’abord ils appartiennent à l’univers punk ("no future"). Les tatouages, les coiffures et bien sûr la musique, sont autant de signes de reconnaissance. Écoutons Juan Sebastián Mesa : « À Medellin, le punk est un mouvement très solide, d’une longue tradition, qui a été présent depuis plusieurs décennies dans la vie de beaucoup de jeunes pour les aider à raconter leurs histoires et celles de la ville qu’ils habitent ».
Dans une ville à mauvaise réputation, Medellin, des manifestations artistiques tels que le cirque ou la musique permettent d’échapper à la violence.



Los nadie (The Nobodys) 

Ce qui lie aussi fortement le groupe c’est le désir de partir , « voyager pour ne pas mourir». Ce sera sans doute vers le sud...
C'est un film tourné avec un petit budget ; le scénario a pris forme quand Juan Sebastián Mesa a trouvé les acteurs et les lieux de tournage. Ce sont les acteurs, par leurs parcours personnels, qui font vivre le film. Premier long métrage de Juan Sebastián Mesa, il est en noir et blanc. Cela crée une distance et une atemporalité. Peu dramatisé, le film se déroule avec simplicité et se laisse regarder avec empathie.


Los Nadie de Juan Sebastián Mesa Bedoya
Compositeur: 
O.D.I.O
Directeur de la photographie: 
David Correa Franco
Acteurs:
Alejandro Pérez Ceferino (Camilo - la Rata, Esteban Alcaraz (Mechas), Maria Angélica Puerta (Ana - la Mona), Luis Felipe Álzate (Pipa), Maria Camila Castrillón (Manu)


En salle le 6 décembre



Juan Sebastián Mesa réalise en 2009 son premier court-métrage Maquillando el silencio, dans le cadre de ses études. Entre 2010 et 2011, il s’essait aux vidéos clips et vidéos expérimentales. Los Nadie, soutenu par Cinéma en Construction (Festival de San Sebastián et les Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse) est son premier long-métrage de fiction. Il a été sélectionné par la Semaine de la Critique au Festival de Venise en 2016.

Pour en savoir plus 

Festival France Colombie
sur ARTE +7  : Colombie, les Silence des Armes
Arte diffusait le mardi 28 novembre à 22 h 35 le documentaire Le Silence des armes. Durant quatre ans, la réalisatrice colombienne Natalia Orozco a suivi les négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des Farc. 
Elle a présenté El Silencio de los fusiles à Paris en octobre dernier, lors du Festival du cinéma colombien organisé par le collectif Le Chien qui aboie


El Silencio de los fusiles







Natalia Orozco confiait à Courier International

Votre film a-t-il été largement diffusé en Colombie ?

Il a été projeté un week-end de juillet 2017 dans quelques salles indépendantes du pays. Mais ma plus grande satisfaction a été de constater que 9 000 personnes étaient venues le voir : nous en attendions 2 000, et encore ! Cette audience inattendue a fait de El Silencio de los fusiles le documentaire le plus vu dans ce type de circuit alternatif de cinémas. Les gens m’ont écrit des e-mails, des messages sur Facebook, des tweets, me remerciant d’avoir fait un film que beaucoup ont qualifié d’“équilibré”. Depuis, je reçois de nombreuses sollicitations pour le projeter, de la part de lycées, de collectifs de victimes, d’universités…

 Natalia Orozco à Paris


Maintenant, ce dont je rêve, ce serait d’amener ce film au cœur du pays, dans les endroits les plus meurtris par la guerre, ou à l’inverse vers ceux qui, à l’abri du danger, ont nourri une telle indifférence. Ce serait une initiative forte et importante en cette période si délicate de l’après-conflit. Et ma plus grande réussite. 

Commentaires