Marvin ou la belle éducation, la promotion sociale grâce au théâtre d’un enfant issu d’un milieu défavorisé
Synopsis
Martin
Clément, né Marvin Bijou, a fui. Il a fui son petit village des Vosges. Il a
fui sa famille, la tyrannie de son père, la résignation de sa mère. Il a fui
l'intolérance et le rejet, les brimades auxquelles l'exposait tout ce qui
faisait de lui un garçon «différent». Envers et contre tout, il s'est quand
même trouvé des alliés. D'abord, Madeleine Clément, la principale du collège
qui lui a fait découvrir le théâtre, et dont il empruntera le nom pour symbole
de son salut. Et puis Abel Pinto, le modèle bienveillant qui l'encouragera à
raconter sur scène toute son histoire.
Marvin devenu Martin va prendre tous les risques pour créer ce spectacle qui, au-delà du succès, achèvera de le transformer.
Marvin devenu Martin va prendre tous les risques pour créer ce spectacle qui, au-delà du succès, achèvera de le transformer.
Note
2,5/5
Film
intéressant avec un excellent casting. Il faut lire le livre dont il
s’inspire.
Critique
À
l’origine de ce film, il y a un roman
autobiographique puissant : « En finir avec Eddy Bellegueule » d’Edouard
Louis. Mais il ne s’agit pas d’une adaptation. Anne Fontaine (Nettoyage à
sec, Gemma Bovery...) s’est emparée de l’histoire du héros du livre, lui
réinvente un destin, et « explore la manière dont il allait se construire après
un départ si difficile dans une famille socialement et culturellement
déshéritée ».
A
priori Marvin (le jeune Jules Poirier) n’est pas né sous une bonne
étoile . Il grandit dans une famille dont l’ordinaire est fait de jurons,
de télé omniprésente, où la culture est absente. Son père (Grégory Gadebois),
la plupart du temps en sous-vêtements, participe activement à l’écoulement de
la production vinicole, et a des avis bien tranchés : « les pédés, c’est
terrible… c’est une maladie ». Sa mère (Catherine Salée) raconte sans gêne son
premier accouchement « surprise » dans la cuvette des WC :
« C’était trop gros pour que ça parte en tirant la chasse ». Cette
famille est « même » capable de perdre le petit dernier pendant la
fête de village.
Anne
Fontaine force le trait comme si sa connaissance du prolétariat français venait
directement des bandes dessinées de Reiser.
En
plus, on dirait que Marvin sort d’une autre planète ; il est d’ailleurs un
peu «observateur» de sa propre famille. Il a un visage d’ange et comme si sa
beauté excitait leur cruauté, il est l’objet du sadisme de ses camarades de
collège, ce qu’il subit avec stoïcisme.
L’accomplissement
par le théâtre
C’est
le théâtre, mais c’est d’abord « l’école de la République », sous la
figure de la principale de son collège (Catherine Mouchet), qui arrache Marvin
(Finnegan Oldfield interprète Marvin adulte) à son milieu et le conduit sur les
scènes et dans le milieu théatral parisiens. Il peut aussi y assumer son
homosexualité.
Le
film fait des allers-retours entre l’univers d'enfance de Marvin et son univers
d’adulte ;de celui de la misère sociale et intellectuelle, de la laideur
physique, à celui de l’élite intellectuelle parisienne et du confort matériel.
Ce
sont les scènes de Marvin adulte qui sont les plus inspirées, la réalisatrice
connaissant sans doute bien mieux l’ambiance du milieu théatral. Très
esthétisante, Anne Fontaine filme avec art les corps nus des hommes
(remarquable plan d’un corps appuyé sur une échelle) et les scènes de théâtre.
On
est moins convaincus par la promenade en jaguar dans Paris, scène
« cliché », et les scènes dans lesquelles Marvin est sous l’emprise
d’un « protecteur » (Charles Berling).
Isabelle
Huppert (dans son propre rôle), Vincent Macaigne (rôle Abel Pinto), viennent
compléter une excellente distribution.
On
voit avec plaisir le film d’Anne Fontaine qui a inventé, avec talent, un destin
de comédien à Edouard Louis. Le vrai destin d’Edouard Louis, n’en est pas moins
intéressant et son livre est bouleversant.
Auteur Bernard Gendreau
"Marvin ou la belle éducation" Drame français d'Anne Fontaine – Avec Finnegan Oldfield, Jules Porier, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne, Catherine Salée, Catherine Mouchet, Isabelle Huppert et Charles Berling – Durée : 1h53 – sortie : 22 novembre 2017
Auteur Bernard Gendreau
"Marvin ou la belle éducation" Drame français d'Anne Fontaine – Avec Finnegan Oldfield, Jules Porier, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne, Catherine Salée, Catherine Mouchet, Isabelle Huppert et Charles Berling – Durée : 1h53 – sortie : 22 novembre 2017
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