C'est quoi en fait, un film de femmes ?
Elles sont actrices, réalisatrices, ou encore scénaristes, et elles jouent les premiers rôles : Présidente de jury, ou réalisatrice présentant un film en compétition. Sabine Azéma, et Ronit Elkabetz dirigeront respectivement la « Caméra d’or » et les sélections de la « Semaine de la critique » du festival de Cannes. Loin d’être les seules, nombreuses sont les femmes cinéastes qui figurent sur les affiches de films cannoises : de Naomi Kawase à Maïwenn, en passant par la toute jeune Adèle Exarchopoulos… Arrêt sur image de quelques talents aperçus lors de cette 68ème édition du Festival.
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Sabine Azema |
Le regard certain d’Azéma et Elkabetz
Tandis que l’une s’est distinguée au théâtre, l’autre fait ses débuts au cinéma en tant que novice.
La première, Sabine Azéma nous envoûte depuis 1984 dans « Un dimanche à la campagne » présenté à Cannes la même année. Elle enchaîne par la suite les rôles notables dans des films tels que « L’Amour à mort» (1984), «Mélo » (1986) où elle obtient le César de la meilleure actrice, « Smoking/No Smoking » (1993). Quelques années plus tard, « Peindre ou faire l’amour » (2005), « Les herbes folles » (2009) et « Vous n’avez encore rien vu » (2012) seront sélectionnés à Cannes. Elle tourne actuellement sous la tutelle d’Andrzej Żuławski dans « Cosmos » (sortie prévue pour 2015).
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Ronit Elkebatz |
Actrice et cinéaste notoire en Israël puis en France où elle a déjà foulé le tapis rouge, Ronit Elkebetz revient cette année en tant que présidente du jury de la Semaine de la Critique. "Je sais ce qu'ils ressentent. Je suis solidaire de ces jeunes cinéastes qui vont montrer leurs premiers ou leurs deuxièmes films. Hier j'étais à leur place. " confie t elle à Télérama
Son rôle percutant dans "Mon trésor" (2004) lui aura valu le prix de la Caméra d'Or grâce à la Semaine de la Critique. On la retrouve en 2007 à Cannes, aux côtés de son frère (Shlomi) avec qui elle présente "Sept Jours", fruit de leur co-réalisation. Celle qui fut nommée à sept reprises "meilleure actrice" à l'occasion de plusieurs festivals internationaux (notamment pour son rôle intense dans "Mariage Tardif" en 2001) jugera à son tour des films en compétition. Outre les séances spéciales, sept longs et dix courts/moyens métrages seront présentés au jury.
Réalisatrices en Sélection Officielle : Maïwenn et Valérie Donzelli
Emmanuelle Bercot dans « Mon Roi »Quatre ans après avoir obtenu le Prix du Jury pour le puissant et époustouflant « Polisse », Maïwenn réitère pour présenter son nouveau long-métrage : « Mon Roi ». Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot y interprètent un couple d’amoureux passionnés et destructeurs, sur plusieurs années. Mais la jeune cinéaste n’en n’est pas à sa première réalisation poignante : « Pardonnez-moi », son premier long-métrage bouleversant (2006), hurle déjà à la vérité, suivi en 2009 par le vrai faux documentaire « Le Bal des actrices ».
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Mon roi |
Une toute autre réalisation sur le thème de la passion effrénée fait irruption dans la Sélection Officielle 2015. Deux jeunes frères et sœurs (Jérémie Elkaïm et Anaïs Demoustier) se retrouvent épris l’unde l’autre, envers la société du 17ème siècle qui les pourchasse jusqu’à ce qu’ils se retirent. Valérie Donzelli signe avec « Marguerite et Julien » son quatrième long-métrage. La réalisatrice de « La Guerre est déclarée » (film d’ouverture de La Semaine de la Critique en 2008) aborde le sujet délicat de l’inceste, bien que ce ne soit pas novateur à Cannes (« Volver », Pedro Almodovar en 2006).
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Adèle Exarchopoulos, Les Anarchistes |
La jeune Adèle Exarchopoulos, Palme d’Or 2013, fait elle aussi son retour à Cannes. Jeudi, « Les Anarchistes » ouvriront la 54ème Semaine de la critique sous la direction d’Elie Wajeman. Drame historique au sein duquel elle partagera l’affiche avec Tahar Rahim (révélé par « Un Prophète »).
L’originalité selon Naomi Kawase et Alice Winocour
Le Festival de Cannes n’est pas moins une première pour la japonaise Naomi Kawase. A seulement 27 ans, elle reçoit la Caméra d’Or que mérite son premier long-métrage dramatique, « Suzaku » (1997). Dix ans plus tard, elle obtient le Grand Prix tandis que son film « la Forêt de Mogari » émeut le jury de par son univers traditionnel japonais mêlé à une écriture immatérielle et poétique. Le Festival de Cannes l’a également accueillie en tant que membre du jury lors de la 66ème édition ainsi que l’année suivante avec son film « Still the water » en compétition. « An » sera présenté depuis la sélection Un Certain regard. En compétition figurera notamment la jeune réalisatrice française Alice Winocour (« Maryland »), déjà sélectionnée dans la même catégorie il y a dix ans pour son court-métrage «Kitchen » au synopsis atypique.
Y a t-il une écriture spécifique féminine au cinéma. C'est quoi un film de femme ?
L'année dernière, Julie Gayet demandait en effet à une assemblée de réalisatrice si il y avait une écriture spécifiquement féminine au cinéma. Retrouvez sa vidéo ci-dessous
Certes, des progrès ont été réalisés, Valérie Donzelli et Maïwenn sont en compétition, le film d’Emmanuelle Bercot fait l’ouverture. Selon Slate, seul 10,5 % de femmes réalisatrices sont en compétition en 2015. Un score légèrement supérieur à celui des quinze dernières années qui s’élève à 8,7 %, soit 28 femmes sur 323 cinéastes ayant prétendu à la Palme d’or.
et Du côté d’Un Certain Regard, sélection bis elle aussi menée par Frémaux, les chiffres sont bien évidemment loin de l’équilibre, mais néanmoins moins consternants. 17,5% de femmes sur les 15 dernières années, avec un pic à 44,4% en 2013. La barre des 50% n’a hélas jamais été atteinte.
Auteur : Ines Heddar
Auteur : Ines Heddar

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